D’autres au contraire se donnèrent à ces beaux soldats à la langue bizarre et certains ventres s’arrondirent honteusement des enfants de l’occupant.
Ne croyez pas que je ne sois plus en centre de l’intérêt, des mégères me provoquaient encore en me disant » il y a des cosaques tu vas pouvoir ouvrir les cuisses, il y a des uhlans tu vas pouvoir te coucher ». La méchanceté n’a pas de limite, moi si je supportais les insinuations, ce que je ne supportais pas c’est qu’on prononce le mot bâtard en présence de mon fils. Une journalière du village c’est un jour pris une gifle sur la place et une autre bah ma foi je l’ai poussée dans le lavoir.
Donc j’étais fille mère à dix huit ans, je vivais avec mes parents et un petit être babillant me serrait de près. Tout de suite il y a eu conflit avec ma mère sur la façon d’élever le petit,tout d’abord elle à l’ancienne emmaillotait le petit en lui bloquant les bras moi je voulait qu’il puisse les bouger. Ensuite elle voulait que j’arrête de le nourrir au sein et que je lui donne du lait de vache, il n’en était pas question je ne voulais pas le tuer.
Pour sortir de cette situation je décidais qu’il me fallait un mari, seulement voilà personne ne s’intéressait à moi, je n’étais pas invitée aux danses, personne ne m’approchait réellement. Ce n’était pas tout à fait vrai on m’aurait bien approchée mais mais pas pour le mariage plutôt pour la bagatelle. Mais comme je ne réagissais pas les jeunes du village cessèrent de me tourner autour.
Ma première maternité m’avait embellie, je n’étais plus la boulotte d’autrefois mais une longue femme à la cambrure ferme et musclée, et à la poitrine altière. Je suscitais bien plus l’envie que la pitié.
On me laissa finalement tranquille avec les quolibets et mon petit pût s’ébattre bientôt au milieu des autres morveux.
C’était plutôt ma mère qui l’élevait ce qui faisait gueuler le père surtout quand il retrouvait le marmot entre lui et sa femme dans leur grand lit.
Mais ce qu’il n’aurait jamais cédé aux autres surtout sa place et bien il le laissait à Louis.
A l’automne 1816, les charrons et les maréchaux ferrant, donnèrent un repas pour fêter leur rentrée d’argent, car voyez vous nous autres les paysans on ne payait pas au fur et à mesure. En général tout le monde payait, bien que parfois plusieurs relances fussent nécessaires.
Mon père fut donc inviter et la soirée se prolongeant ma mère inquiète de le voir rentrer saoul me demanda d’aller le chercher. Cela ne m’amusait guère de me frotter à l’ébriété de la gente masculine.
A l’auberge où j’entrais subrepticement je me fis crûment recevoir, mon père en colère me vira sèchement et les autres convives entonnèrent une romance égrillarde qui me fit venir le rouge au visage.
Je repartis sur Liéchène, plus rapidement que j’étais venue, mais un jeune charron que je ne connaissais pas me rattrapa et me proposa de me ramener, vous comprenez les dangers des chemins, les maraudeurs russes. Le galant était prolixe en parole et me noya de verbiage, en une demi lieue, il m’avait volé un baisser, prise par la taille et donné un rendez vous. Je rentrais à la maison chamboulée, comme envoûtée. Après avoir endormi Louis je me couchais, mais je ne trouvais pas le sommeil, des pensées non chrétiennes me vinrent, mais je me refusais à toutes recherches de plaisir. Je me voyais mal cacher un tel péché au curé et je me voyais mal lui confier. Mon sommeil fut peuplé de rêves, je me voyais lentement dévêtue par mon charron, caressée, allant avec lui vers les chemins de l’extase, cela ne durait pas l’instant, d’après je me voyais prise de force par un régiment entier, nue exposée sur la place publique la tête bloquée par un carcan le cul offert au tout venant, du soldat en sabot au colonel en bottes cirées. Je me réveillais en hurlant, couverte de sueur.
N’ayant pu exorciser mon traumatisme je me disais que peut être soigner le mal par le mal .
Le lendemain avec ma mère nous devions aller avec d’autres biner une pièce de betteraves, on en faisait du sucre de cette grosse plante, depuis que Bonaparte c’était fâché avec les anglais. Nous on en achetait rarement car beaucoup trop cher. Par contre ce travail était harassant et nous revenions le dos brisé. Ma mère quand elle avait fini sa journée n’arrivait que très difficilement à se relever.
Le soir il me fut difficile de trouver un prétexte à ressortir mais mes parents s’endormirent après la tablée, mon fils babillant sagement sur sa paillasse.
Nourrir les bêtes était un bon alibi et Jean m’attendait au coin de l’étable. Ce que nous nous apprêtions à faire s’appelait la vie mais restait tout de même une sacrée source de problèmes. Bien que quelque peu dépréciée sur la marché des femmes et mon capital obéré par mon viol et la naissance de mon bâtard j’étais encore une fille sous tutelle parentale et mon père aurait certainement enfourché celui qu’il aurait surpris avec moi.
Tout concourait à ce que je me donne à lui, la douce moiteur animale, l’odeur acre des bêtes. Même le ciel étoilé que l’on voyait à travers la vilaine lucarne semblait nous convier à un banquet d’amour.
Nous échangeâmes aucune parole, mes lèvres rejoignirent les siennes, son odeur faite de sueur, de tabac, de bois et de boue m’envoûta, je ne fus plus qu’un pantin dans ses bras. Il me couvrit de baisers, pas un morceaux de mon corps n’y échappa, tranquillement il me dévêtit, comme on effeuille une marguerite. Je me retrouvais nue sous la lumière lunaire, rien n’échappait à son doux regard, ma poitrine, mon ventre, ma toison, mes lèvres tout était à lui.
J’aperçus à la lumière blafarde de la lune son corps musclé, son sexe érigé me fit un peu peur, mais mon envies balaya ma terreur et lorsqu’il se coula en moi j’atteignis rapidement une extase que jamais je n’avais atteinte. Nos sens bientôt repus, nous dûmes céder à la réalité, mon fils m’attendait et il n’aurait pas été raisonnable de recommencer cette douce joute.
Nous nous quittâmes, je me couchais pleine de rêves gardant en moi comme un cadeau la semence de mon charron. Pleine de certitude je me promettais de prendre en main mon destin de femme, et de jouir de mon corps. Le lendemain seule à la maison car mes parents étaient partis au marché de la Ferté Gaucher je fus prise de terreur, qu’allais je devenir si de nouveau mon ventre grossissait ?
Irraisonnablement je me dis que je devais me débarrasser du don de mon amoureux, je fis une toilette frénétique comme si l’eau allait me purifier. Tête folle, bête comme une oie, j’avais la peur au ventre.
Longtemps je guettais ces foutues menstrues, m’inspectant, me touchant, souffrant en silence d’un indicible angoisse. Un dimanche ce fut la délivrance, elles vinrent, furent abondantes et même douloureuses je les bénissais.
J’avais revu mon galant mais il ne m’avait pas touchée, d’ailleurs cet idiot avait décidé que le monde était meilleur dans la grande ville et était parti à Paris
J’aime beaucoup vos récits qui décrivent si bien, les us et coutumes de nos ancêtres.
Merci de nous en faire profiter.
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Votre récit est prenant, le contexte historique et socio-culturel convaincant. Je trouve cependant que le narrateur s exprime plus en homme qu en femme… mais ce n edt su un ressenti personnel
Merci
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Bonjour
Vous savez il est très difficile pour un homme de se mettre à la place d’une femme, alors j’essaye de fémininer mon récit du mieux que je peux. Mais il se peut que le côté masculin ressorte de temps à autre. En tout cas merci pour vos remarques pertinentes et merci de me lire.
Amicalement Pascal
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J’ai découvert votre blog par Facebook et vos récits sont vraiment bien écrits, j’adore.
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