Tout le long de la route ce fut baisers langoureux mais malheureusement le chemin n’est point long et nous décidâmes de prendre des chemins détournés et de pousser jusqu’au bois de Toulotte.
Je savais que j’allais me mettre en mauvaise position, les risques étaient grands, on ne devait pas se livrer. Mais voyez vous l’envie me tenaillait le ventre, ce paysan était beau, entreprenant et semblait savoir où mener une jeune vierge.
Le petit bois de la Piquetterie, nous servit d’alcôve, la mousse tiède de l’été commençant nous accueillit sur sa douce couche. Le temps s’arrêta, suspendu aux caresses de mon initiateur, il œuvra lentement et je me languissais qu’en fin sa main découvre mon jardin nacré. Les étoiles maintenant me souriaient, formant un dais de lumière qu’en il me déflora. Surprise, un peu endolorie je lui murmurais un je t’aime. Courte joute, il se rhabilla me laissant un peu sur ma faim j’eusse aimé poursuivre le repas.
A la maison j’étais attendue de pieds fermes, mon frère qui ne m’avait évidemment pas trouvée parlait à voix basse avec ma mère. Mon père ivre de vin dormait heureusement comme une souche. Je n’eus donc qu’à essuyer une seule paire de gifles. Le traître ne m’avait soutenue en aucune façon et se garda de dévoiler qu’il lutinait avec une petite cousine de sa mère.
Pendant quelques semaines ma mère me servit de cerbère, puis son attention passa à autres choses.
Moi j’observais mon ventre et un éventuel grossissement de ma poitrine, je tremblais chaque jour, mon amant qui avait tiré le mauvais numéro était parti mourir à Leipzig. Puis vint la délivrance mensuelle et mauvaise promesse je me dis que j’attendrais le mariage pour de nouveau me donner.
La belle situation de la France due au génie de notre empereur ne dura pas, finalement vaincu par les démons de la grandeur, par la cavalerie de Saint Georges et par l’Europe coalisée. Les résidus de notre grandeur armée firent des miracles non loin de Sancy et parfois nous entendions les grondements des canons. Le passage des soldats montant au front puis le retour des blessés fuyant les hordes ennemies apportaient du mouvement sur nos routes et chemins. Puis tout craqua et nous fumes envahis, empereur de l’Europe le grand régna sur une île minuscule et de la perfide Albion nous revint un gros roi complètement inconnu. L’occupation de notre sol était total les prussiens nous volaient tout, grains, bétails et vertu des femmes.
Je n’en menais pas large et ma mère non plus car on racontait que les hussard ivres ne se souciaient guère de l’age de leurs victimes. Je n’eus pas à subir d’outrage de nos ennemis pourtant je ressortais meurtrie au plus profond de moi de cette période.
Un jour que je rentrais de mon labeur sur le chemin près de la croix de Savigny, j’entrevis deux soldats que je reconnaissais pour être des Français, sûrement licenciés ils devaient rentrer chez eux.
Ne me méfiant pas j’approchais d’eux, ils me bloquèrent le passage et exigèrent un octroi, je pris immédiatement peur des deux soudards. Devant mon refus, un coup de poing me fit chuter, du sang coulait de ma bouche et j’étais sonnée, je tentais d’ hurler mais la route peu fréquentée à cette heure.
L’un des soldats se jeta sur moi pendant que l’autre me maintenait les bras. Ils n’eurent aucun mal à m’arracher mes vêtements. J’étais nue, déjà souillée, humiliée lorsque s’étant déculotté le plus vieux tenta de me prendre, je serais les jambes mais une paires de gifles m’assomma à moitié. Il eut raison de moi et en un long calvaire il profita de mon ventre. S’étant soulager la brute se retira mais son compère excité par la scène voulut également son dû. Ivre de violence il me fit mettre à quatre pattes en me tirant par les cheveux, en œuvre pour me forcer lui aussi. Heureusement un peu saoul il n’était guère virulent. Des coups s’abattirent sur moi mais des bruits au loin les firent arrêter et les mettre en fuite.
J’étais là recroquevillé sur moi même, mes vêtement épars, battue, souillée, je n’arrivais pas à me remettre sur pieds, mon ventre lâcha et continuant le cycle des souillures je me faisais dessus.
Pourtant à l’évidence il fallait bien que je rentre, mais comment, ma chemise était déchirée et ma robe souillée. J’étais sale de la semence de mon violeur et sale de mes excréments, qu’allais je faire car pour sur je ne voulais rien dire et assumer seule ma honte.
De l’herbe me permis d’enlever le plus gros et je me frottais à m’arracher la peau, je me rhabillais et comme si de rien n’était je rentrais à la maison, heureusement j’étais la première et je pus aller au puits pour chercher de l’eau et me nettoyer. Jamais je ne fis une toilette aussi soignée, il fallait que je retrouve une pureté avec l’eau comme Saint Jean dans le Jourdain. Maman m’avait inculqué la couture et je reparais ma chemise. Par contre ce que je ne pouvais cacher c’ était ma lèvre fendue et mes joues tuméfiées, jamais on ne croirait à une chute. Ma mère ne fut guère compatissante quand je lui expliquais que je m étais battue avec une domestique de ferme et je faillis bien recevoir une autre paire de claques.
Je fis des cauchemars et chaque nuit , j’étais comme au fond d’un gouffre avec l’impossibilité de remonter tant les parois étaient glissantes. Plus rien ne m’amusait, ni bal, ni repas ni veillée.
Heureusement les préparatifs de la noce de mon frère battaient leur plein, j’aidais comme je pouvais en une sorte de dérivatif. Je ne pris guère attention à la rondeur de mon ventre et à l’absence de mes règles.
Ma mère s’en aperçut avant moi tellement je rejetais cette possibilité, elle me questionna et je niais. Comme je n’étais pas la sainte vierge il me fut difficile de nier que dans mon cas un Joseph n’avait pas été virtuel ni vertueux. Deux possibilités, avouer un amour de passage ou mon viol. Pensant que la deuxième solution serait la meilleure je fus surprise de me voir jetée dehors à coups de canne par mon père.