LES LETTRES A NINI, les combats de l’Argonne 1916, épisode 3

Ma chère et tendre Lucie

Ce que je vis ici est indescriptible, la mort , la désolation, nous nous battons pour quelques mètres de terrain et des milliers de gars tombent . Je n’ai pas le droit de te dire où je suis et d’ailleurs je ne suis pas sensé le savoir.

Ma santé est malgré tout très bonne ne t’inquiète pas pour cela , ton bonhomme est solide, j’ai bien reçu ton colis et le tricot de corps me réchauffe efficacement. Je sais tous les sacrifices que tu t’infliges pour me fournir quelques douceurs.

Je ne sais si un jour j’aurai une permission mais de ce coté là il paraît que cela se met en place.

Le temps me dure et ta présence me manque, parfois je crois percevoir ton odeur, vaine idiotie car parmi la puanteur de nos cagnas ton divin parfum n’aurait pas sa place.

Je pense que nous allons resté quelques jours au cantonnement pour panser nos plaies.

Je t’embrasse tendrement toi et les enfants

Ton Daniel

Nous avons repris nos petites habitudes, mais je me doute que nous n’allons pas en rester là, nos généraux, généreux de notre sang à grand coup de plume d’encre montaient de belles attaques que nous devions réaliser.

Le cinq avril on nous fournit des munitions supplémentaires, le pinard coule à flot et l’eau de vie nous abrutit encore un peu plus.

Nous sommes groupés derrière nos parapets, à trembler de peur, mon voisin blanc comme un linceul dégueule son quart de vin, quel gâchis. Nous attendons que le bombardement des lignes allemandes par notre artillerie cesse, toujours le même schéma tactique d’un coté comme de l’autre.

Clairons , sifflets, nous nous élançons, un véritable massacre peu de nous arrive aux lignes boches, on nous aligne comme des lapins, il faut dire qu’avec nos pantalons rouges le tir est facile. Faute de combattants l’entreprise hardie s’épuise. On retourne comme on peut vers notre tranchée protectrice.

Tout le monde redoute une contre attaque mais les teutons sans doute aussi épuisés ne bougent pas .

Malgrè la fatigue peu dorme sereinement, mon tour de garde passé je me retourne sur ma paillasse en pensant que demain on repartira à l’attaque.

Dès l’aube alors que les évanescence de la brume nocturne peine à se déliter nous remettons cela, le son du clairon me glace le sang, le massacre est pire que la veille car nous ne pouvons même pas sortir de notre trou.

Ma compagnie est décimée peut être que mon tour viendra.

Le lendemain on s’obstine, le régiment s’élance dans une nouvelle et cruelle chevauchée, massacre, je tombe , je me relève les mitrailleuses nous fauchent, notre artillerie à visiblement été déficiente. Nous n’arrivons à rien les morts s’amoncellent et les blessés hurlent de douleur face à une mort qu’ils voient venir.

On abandonne et on rentre comme on peut en se jetant dans nos trous. J’espère qu’enfin ils vont comprendre que nous ne passerons pas. Mais nos galonnés point avares de notre sang remontent une attaque en soirée. Vain massacre que ces attaques de la  » haute chevauchée  ».

Le régiment est exsangue il devra pour repartir à l’assaut se parer des nouvelles couleurs de jeunes conscrits.

LES LETTRES A NINI, 1914 les débuts de la guerre, épisode 1

LES LETTRE A NINI, L’affectation au 4ème régiment d’infanterie,

épisode 2

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