Mes parents et ma sœur sont partis au théâtre, moi je suis souffrante et le docteur qui me suit, a déconseillé toutes sorties. Ce n’est pas grave je n’aime pas le théâtre, je n’aime pas m’habiller pour la circonstance. Mais le fait est, je suis toujours malade.
Cela remonte à loin cette langueur, j’étais en vacances chez mes grands parents Boisson au Gué d’Alleré. Ils sont agriculteurs. C’est d’ailleurs la bas que je suis née, Madame Giraud la sage femme m’a mise au monde sans difficulté bien que papa eût été un peu inquiet de l’absence d’un médecin.
Hors donc à traîner avec les gamins du village, à faire les quatre cents coups sur les bords du ruisseau de l’abbaye, à baisser culotte dans la cabane au fond du jardin, j’ai attrapé froid. Une toux m’est venue et une fièvre tenace m’a clouée au lit. Maman est venue me chercher mais depuis la toux est restée. Il n’y a rien à y faire, même si les séjour en sanatorium me font un bien fou.
J’ai grandi avec cela, mais mes perspectives à longs termes sont un peu engagées. Mes espoirs d’avoir un mari et des bébés sont bien envolés. Comme dit papa c’est la faute à ce maudit village. Les paysans y sont bêtes comme des serfs au moyen âge et crasseux comme des cochons. C’est évidement exagéré, mais la colère fait dire beaucoup de bêtises.
J’ai donc vingt un ans et je tousse , tousse et tousse encore. Parfois mon mouchoir en ressort teinté de sang. J’en ai pris mon parti, j’attends.
Je serais bien seule si elle n’était pas là.
Je décide avant le retour de ma famille de faire un brin de toilette, je vais chercher de l’eau chaude sur le poêle à charbon , puis je la verse dans la cuvette de ma table de toilette.
Papa veut faire installer l’eau courante mais en attendant nous faisons comme nos grands mères faisaient, enfin quoi que pour la toilette ma grand mère Boisson ne soit pas très forte.
Je dépose mes lunettes et je me mets nue, je suis frêle de nature et la maladie a marqué de son empreinte mon corps. Je suis maigre, ma peau est diaphane, je regarde avec stupéfaction mes veines bleues qui serpentent semblant vouloir sortir de leur lit comme des rivières en crues.
Je n’ai guère de poitrine, pas plus en fait qu’un garçon, Andrée dit que je suis un être androgyne. C’est pure méchanceté car je me sens femme.
J’entends la femme rigoler derrière moi, elle est forte, âgée d’une quarantaine d’années, se moquerait elle de moi?
Le gant d’où dégouline une eau chaude me procure du bien être, le savon sent bon et me recouvre comme un écrin. Un doux bien être m’envahit, ma main s’attarde sur des régions qu’aucun garçon n’a frôlées. Je suis vierge, mais je ne serai jamais vieille fille, la mort sans doute m’emportera avant. En tous cas c’est ce que me dit Marie Anne Ruffié ma cousine, oui c’est elle qui m’observe et qui parfois pénètre dans ma tête.
Je me rince puis comme si j’utilisais un cilice je me frotte le corps au gant de crin. C’est un travail de mortification que je m’inflige, pour avoir eu de mauvaises pensées.
Elle, quand elle est dans ma tête ,me dit que je ne devrais pas abîmer mon corps mais plutôt que je devrais l’ouvrir à un homme. Mais ce n’est pas possible jamais un garçon ne prendrait une tuberculeuse. Elle me dit que cela ne se voit pas, mais elle a tort je le porte en moi, je le porte sur moi.
J’ai fini et je me couche, je n’ai rien écris alors je vais lire un roman d’Émile Zola, » une page d’amour ».
Je me plonge dans le récit mais les lignes sautent et les lettres se mélangent.
Je ne suis plus seule dans la pièce, mais l’ai je été?
Vous vous étonnez mais c’est que vous ne savez pas. Je vais vous raconter cela.
J’étais pas bien grande , en tous cas bien avant ma maladie et avec Andrée on s’ennuyaient à mourir alors que nous marchions le long de la Sèvre.
Mon père vêtu avec élégance saluait ses connaissances, ma mère qui avait depuis son mariage revêtu l’habit de bourgeoise en abandonnant ses défroques de paysanne se pavanait comme si la ville entière lui appartenait. Papa était certes directeur des contributions indirectes mais ce n’était pas non plus un grand seigneur.
Il croisa un homme et lui serra la main. Sans nous présenter il nous expliqua que la personne que nous venions de croiser s’appelait comme nous et venait du même village que mon père.
Devant notre étonnement il décida de nous raconter sa jeunesse et son village. Il se révéla un fort bon conteur et son récit transforma ma vie.
Trop court, vivement la suite.
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Ca alors, s’il s’agit bien de Marie Renée Raymonde Ruffié, déclarée le 21 septembre 1908 au Gué d’Alleré, je découvre qu’il s’agit d’une mes cousines , descendante des mes ancêtres Pierre-Jacques Pinet et Jeanne Catherine Massal propriétaires du domaine de la Brande à Bouhet, plus d’autres cousinages par ses ascendants Favreau et Turgnier. Vivement la suite !
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Bonsoir
C’est en effet cette Raymonde Ruffié
cordialement
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