Bien sur je connaissais cette famille, tout le monde se connaissait aux Portes en ré, petit village éloigné de tout relié au reste du monde par de vagues chemins
La famille Guilbaud était implantée depuis des temps immémoriaux dans notre marais, elle était liée par le sang à la quasi totalité des familles de sauniers. Alors oui je la connaissais, certainement dure au mal et au travail, pleine d’abnégation comme toutes ces commensales……
Mais était elle joliette et bien faite ? Car figurez vous malgré mon désir de ventre je n’allais pas me jeter dans les bras de n’importe quelle laideronne. Je voulais réunir l’utile à l’agréable et voyez vous pour les autres familles de sauniers j’étais un bon parti. De beaux marais, bien situé au départ des chenaux, une surface en théorie suffisante pour pouvoir en vivre vous donnaient une valeur marchande indéniable sur le marché des hommes à marier. Ma réputation de travailleur n’était plus à faire, j’étais jeune encore. Bien sur il y avait cette histoire avec la Catherine que j’aurais faussement déflorée, cela ressortait de temps en temps dans les conversations, mais quelle importance que les dires d’une foutue drollière.
Je n’avais fait aucune démarche ni tenter quoi que se soit lorsque j’ai croisé Marie Marguerite elle montait son petit cheval et se rendait trottinant pour aller chercher du sel sur un tasselier de son oncle.
Son visage était emprunt d’une sérénité contagieuse, on avait envie en la voyant de lui parler, de lui sourire, elle était avenante. On apercevait sous sa coiffe ses cheveux, coiffés en arrière à la mode d’alors ils étaient de la couleur des blés. Dans cet univers de brune je me rêvais à dénouer cette longue crinière pleine de soleil, de jouer avec ces boucles d’or comme le vent joue avec les brins d’orge sur les bossis.
Bien sur cette fois je ne fis que la croiser, elle ne devait pas traîner en chemin, j’eus droit tout de fois à un sourire.
Subjuguer par son visage le reste du corps avait échappé à mon regard.
Le dimanche suivant à la messe je m’efforçais de l’observer. Grande, la poitrine forte faisant présumer d’un futur lait nourricier abondant. Ses hanches larges semblaient faites pour la maternité et l’amour. Une femme qui pouvait être sa sœur lui fit remarquer que je l’observais, sa tête se tourna vers moi et elle me sourit.
Voila qui était prometteur mais je me demandais quel age elle pouvait bien avoir, ce n’était plus une jeunette, pourquoi n’était elle pas déjà mariée ?
A l’auberge je me renseignais sur la Guilbaud on m’apprit qu ‘elle avait 32 ans. Sans être un age avancé car on se mariait assez tard par chez nous, le passage de la trentaine pouvait être rédhibitoire.
Moi ce que je voulais c’était un enfant, si la femme était belle et si elle avait une belle dot c’était tant mieux mais j’aurais facilement pris une laideronne sans le sou si elle m’avait donné toute une nichée de drôles.
Il fallait que je m’assure que la Marie Marguerite ne présenta de vis cachés où un défaut de moralité quelconque. Pour cela je fis appel à une de mes cousines Gauthier qui la connaissait bien.
Ce qu’elle me conta me rassura, la belle était de forte complexion et d’après la cousine je n’aurais pas à me plaindre d’un si joli appât, elle n’avait simplement pas eut la chance d’être demandée, peut être plus de femmes que d’hommes dans le village.
Restait quand même le problème de la dot, si je pouvais faire une bonne affaire en plus ce n’était pas à dédaigner.
Je fis prendre contact par l’intermédiaire d’un mariou avec Jacques Guilbaud le père autant s’entendre avec le père avant que de faire des accordailles avec la fille.
Nous nous entendîmes à merveille, Jacques heureux de cette dernière chance de marier sa vieille fille me concéda même un bout de vigne en plus des objets usuels et du trousseau.
Il fit venir sa fille qui se doutait d’ailleurs du pourquoi de ma visite et nous fîmes connaissance.
La consentement de toutes les parties étant acquit je pus voir Marie Marguerite en toute liberté sans que la communauté n’en prenne ombrage.
La noce fut décidée pour le lundi 8 juin 1733, juste avant le début de la saunaison. Contrairement à la Suzanne qui volontiers m’avait ouvert les portes de son paradis, Marie Marguerite resta sourde à toutes mes sollicitations. Vierge elle arriverait devant le curé, nous ne sommes pas des animaux pour faire cela sans bénédiction me disait elle.
Je n’avais pas vraiment ce sentiment mais bon une femme se respectait et je n’allais point la forcer.
Ce fut une noce pleine de gaîté, ma mariée était très belle, sublimée par le bonheur, sa beauté de femme faisait irradier la nef de Saint Eutrope des Portes en ré.
Ses sœurs, Marie et Anne lui avaient servi de mère et lui avaient confectionné une jolie robe et une superbe coiffe. Ses épaules couvertes d’un joli châle de couleur lui donnait un port de reine.
Moi j’avais remis les mêmes habits que pour mes noces précédentes, mais j’étais élégant quand même.
La famille et les amis faisaient cortège et la petite place face à l’église était envahie d’une multitude de sauniers ravis de ce spectacle renouvelé de noces paysannes.
Ma mère et le père de Marie Marguerite étaient fiers comme si nous fussions un couple princier.
Une réputation à tenir m’obligeait à ce que le repas fut le plus réussi possible, abondance des mets et des vins et joueurs de viole à la hauteur des danseurs.
De fait tout le monde s’amusa et lorsque vint le moment de nous sauver la fête battait toujours son plein.
C’était la deuxième fois que j’allais déflorer une femme, la première fois j’étais moi même ignorant des choses de l’amour. Maintenant j’étais plus confiant et je savais un peu m’y prendre. La Suzanne m’avait de ce coté là appris beaucoup de choses.
Le hasard de la vie m’avait conduit à épouser trois femmes alors que la plus part des sauniers du village mangeaient au même pot toute leur vie. J’étais donc un peu fier même si je n’y étais pas pour grand chose.
Marie n’en menait pas large, elle était je dois le dire un peu ignare en la matière, oh bien sur elle avait vu des animaux s’accoupler et je pense qu’elle avait vu ses frères tout nus. Mais bon cela ne faisait guère.
J’ai donc joué le viel habitué. Doucement je l’ai déshabillée en commençant par sa coiffe et en libérant son opulente crinière. Puis chaque bouton de son corsage fut prémisse. Lorsque sa robe glissa au pied du lit, seule sa longue chemise formait barrage à sa nudité. Je la sentais prête à s’offrir et je me mis nu lui dévoilant ma flamme impétueuse.
Sur notre couche d’amour sa chemise de lin enfin retirée me livra la splendeur de son corps vierge.
Ses seins blancs durs et ronds pointaient au firmament du désir. Sa toison aussi blonde que ses cheveux laissait luire quelques perles de fraîche rosée.
Liés comme le ciel et la mer , comme le soleil et la lune nous nous possédâmes en des assauts plusieurs fois renouvelés. Lorsque les forces nous manquèrent elle s’endormit sur mon épaule ses longues jambes enroulées sur les miennes. Vaincue elle ne cacha point sa nudité et à la lueur de notre chandelle je rejoignis les bras de Morphée
La fête se poursuivit le lendemain et nous entamâmes notre vie commune.
J’avais oublié de vous dire mes belles filles était parties vivre chez leur oncle, la décence et la haine m’empêchait de les garder.