LES SAUNIERS DE L’ILE BLANCHE, Épisode 6, Notre sel

 

 

Les marais ne nous appartenaient pas, ceux que nous exploitions avec bien d’autres appartenaient à un négociant huguenot de La Rochelle.

Bien sur nous ne traitions pas avec lui mais avec avec son représentant, une sorte de gros fermier qui avait la main mise sur de nombreuses prises et qui par ailleurs s’occupait de plusieurs possédants du continent. Je n’ai jamais su le nom de mon propriétaire et je crois que ce dernier n’est jamais venu dans l’île.

Moi qui avait toujours pensé que mon marais appartenait à une abbaye de Vendée nommée Saint Michel en L’Herm, j’en suis tombé du cul.

Bon quoi qu’il en soit avant de vous parler du cour de ma vie il faut bien que je vous explique un peu ce qu’est notre or blanc.

Tout d’abord et il faut bien le dire notre île est l’endroit idéal, ensoleillement, aucun dénivelé, vent favorable et température estival des hautes de la cote océane.

De plus avec la protection des Îles la navigation dans les pertuis y est très favorable. Le curé Le Massonnet nous a expliqué qu’à l’origine c’est les moines de l’abbaye vendéenne qui ont envoyés les sauniers de leur domaine pour maramer et endiguer. Quand à la date le bon père n’est pas très sur et j’apprendrais aussi que ces premières implantations ne sont que supposition car les papiers de la dite abbaye sont allégrement partis en fumé pendant les troubles religieux. Mais enfin comme ces moines sont les premiers possesseur de notre belle île, accordons leurs ces premiers ouvrages.

Nous les sauniers le sel nous l’appelions le sau et celui de notre île n’avait pas son pareil pour la conservation du poisson, d’expérience c’est dû à la nature du sol et donc aux suspensions terreuses qui se mélangent au sel proprement dit.

Quand on le tire il est un peu rosé, mais cela varie en fonction de l’endroit et des pluies, cette couleur est provoquée par des petites algues en suspension.

Après s’être égoutté il redevient blanc. En fait moi je dis qu’il est plutôt gris vert tirant plus ou moins sur le blanc. Celui qui est le plus vert est parfait pour la conservation de la morue et le marchand le vend pour les terres neuvas , si il est un peu plus blanc il sert pour les salaison de viande.

Par contre si le sel virait sur le rouge le négociant le vendait au flamand comme sel de chaudière, ce n’était guère avantageux car le prix était assez bas

Vous voyez c’est très compliqué différends sels, différentes qualités et différents prix.

Le 15 décembre 1716 je suis allé à l’enterrement de christophe Lagord, je l’aimais bien il nous avais rendu service et était très lié avec mon père, tout de même nous ne vivions guère vieux dans nos salines.

Le début janvier un événement nous a ravi dans le village, le vieux Laurent Reton c’est remarié avec la veuve de Jean Rocheteau lui il avait 61 ans et elle 48 ans. Pour nous amuser nous les jeunes on leur a fait un joli charivari, au rien de méchant juste du bruit, quelques allusions libidineuses. Le Laurent nous a payé un coup et nous sommes allés rigoler ailleurs. Les deux mariés se voyaient tout deux en chemise sur un âne et promenés dans le village, ils ont eu peur, mais nous n’étions pas méchant et il ne s’agissait que de deux veufs et non pas d’un vieux gâteux avec un jeune tendron.

Au niveau mariage nous avons eut de la chance en février de la même année, la fille de l’ancien commandant de la milice maria sa fille avec le fils d’un négociant. Je vous dis pas, rien que du beau monde, des notaires, des négociants, le sénéchal de la seigneurie , le nouveau commandant des milices des Portes et même l’archiprêtre de l’île de ré, chanoine de La Rochelle et curé d’Ars.

Nous étions nombreux sur le bords des chemins à regarder ces beaux messieurs et ces belles dames, le Jean Lemée le marié fier comme un coq nous toisait de sa superbe.

Par contre la mariée était superbe et moi du haut de mes 17 ans je l’aurais bien prise dans mes bras.

Bon je n’étais pas encore bon à marier et loin de là, par contre j’avais quelques envies inassouvies.

Les mariages dans un village étaient des vrais divertissements, un long cortège avec des gens en beaux habits et des violoneux. Nous n’étions pas invités mais cela ne faisait rien cela donnait un air de gaîté au village.

Hormis les messes du dimanche qui me barbait au plus haut point,il y a avait d’autres petites cérémonies auxquelles nous étions nous les manants conviés pour notre édification.

En Avril le Pierre Gaillard , vous savez l’archiprêtre et bien il est venu bénir une cloche dans la chapelle de la maison de la grenouillère. Dans tout son discours en latin j’ai juste compris qu’il représentait l’illustrissime et révérendissime évêque de la Rochelle monseigneur Chamfloux.

Je n’avais pas spécialement envie d’être là car j’avais une autre occupation. Il faut que je vous explique lors d’une messe j’avais remarqué une petite drollière qui m’avait bien plus et qui m’avait fait un beau sourire. Elle s’appelait Marie Anne.

Je voulais tenter de l’aborder et lui conter fleurette. Bon ma mère eut gain de cause et on a regardé bénir la cloche.

Un autre jour j’étais avec mon cheval, nous peinions tous les deux lui à la charge et moi face au vent qui était en train de forcir, je l’ai vu qui venait face à moi, le chemin était petit nous ne pouvions nous manquer. Seulement elle était accompagnée de toute une petite troupe de fille, je les saluais et le Marie Anne me répondit bonjour anguille au cul, je devins rouge comme un coquelicot. Elle me dit également, ma mère m’a  raconté comment elle t’a attrapé avec la mère Relet et que la Sejourné t’a fourré cette anguille dans ta culotte. L’une des cruelles rajouta même, il paraît que ton anguille à toi elle était bien petite.

Je m’enfuis penaud et couvert de honte, il s’avéra que Marie Anne devint ma femme et que la deuxième langue de serpent le serait aussi. Je saurais leur rappeler en temps voulu mais je vous le conterais plus tard.

Les années passèrent je travaillais comme un forcené comme tous les sauniers du village, ma mère commençait à peiner.

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