Le premier soir de notre vie commune avec cette famille qui m’était somme toute un peu étrangère me fut pénible. Le repas du soir nous vit manger les restes de la noce, mais il nous fallut nous mettre au lit, comment faire, dans ma grange je tombais mon pantalon facilement mais là , il y avait la belle mère.
Elle me mit à l’aise en me disant mon garçon j’en ai vu d’autres. Moi je pris l’alternative de me déshabiller derrière les rideaux du lit. C’est exactement ce que faisait Justine car elle ne se montrait pas en déshabillé à son père ni à son frère. Cela nous fit rire.
Moi dans la verdeur de mes 25 ans j’eus envie de ma jeune épouse, il nous fallut attendre le silence le plus complet. Augustin se mit à ronfler et les parents après avoir jacassé un temps que je trouvais exagérément long se turent également.
Bien sur nos rapports cette première nuit furent emprunt de douceur, je découvrais à ta-ton le corps de ma femme et pour la première fois timidement elle découvrait le mien. Je lui fis l’amour deux fois et après le sommeil nous gagna.
Dans la nuit je fut réveillé en sursaut par belle maman qui allait au pot de chambre, une telle cascade réveilla Justine qui sans manière sortit également du rideau protecteur pour se soulager de la même manière.
Imaginer quand même le spectacle, moi cela me redonna de la vigueur, Justine ne se laissa point faire car sa mère était réveillée.
Le lendemain matin, le coq donna le branle à toute la maisonnée, je pris une soupe, puis je sortis me puiser de l’eau au puits . Je me mouillais le visage et les mains, ensuite dans un coin du jardin je baissais mes chausses.
J’étais fin près et je partis pour la ferme du Moulin, ma Justine alla prendre place derrière son métier ainsi que son père et sa mère.
Pour ma part je me voyais mal rester enfermé ainsi toute la journée. Mon beau frère l’Augustin était aussi un cul terreux, il se louait dans les fermes des environs. Point trop courageux avec une faible réputation il trouvait quand même à s’embaucher car comme je vous l’ai déjà dit la main d’œuvre agricole manquait en pays de Caux. Nous étions quand même à un carrefour car les métiers à domicile commençaient à se regrouper dans d’ immenses filatures dans les grandes villes. C’est pour cela qu’il ne travaillait pas avec son père.
La vie m’était belle malgré ses contingences, tous les jours je m’échappais et libre comme l’air je besognais la terre. Au vrai il y avait une belle continuité, je cultivais le lin que Justine tissait, nous étions en quelques sortes complémentaires.
Le soir je n’étais vraiment pas chez moi, ma belle mère ne m’aimait guère. Le dimanche journée de repos les femmes allaient à la messe moi au cabaret avec Florentin et Augustin, nous revenions souvent bien gais, le soir en rentrant du village avec une sorte de connivence, avec Justine nous ne rentrions pas directement. Florentin profitait pour soulever le cotillon de Madeleine, elle était bien un peu sèche mais n’oublions pas le Florentin avait presque 20 ans de moins. Elle se prêtait au jeu par obligation le beau père qui n’était pas un tendre l’exigeait. Quand il était saoul , il racontait tout au grand désespoir de sa femme et de sa fille.
Pour rigoler, je menaçais Justine de faire de même quand elle ne voulait pas me laisser la prendre.
Tout le monde en ces temps était pudique, mais tous vivaient l’un sur l’autre, alors évidement il y eut des moments embarrassants, un jour ou normalement je me trouvais au champs non loin de la maison je décidais de surprendre Justine. Je pénétrais gaiement dans la longère en faisant le moins de bruit possible et je tombais sur la belle mère en pleine toilette, les seins à l’air et le jupon retroussé pour une toilette qu’elle ne pratiquait que de loin en loin. Autant vous dire que je fus accueilli comme il se doit . Avec Justine nous en rigolerons bien longtemps. Une autre fois ce fut moi qui fit les frais de la cohabitation. Comme il n’était pas très pratique de faire l’amour dans une pièce commune avec Justine nous faisions comme tout le monde et cherchions des opportunités.
Un jour que nous pensions être seuls, nous avons fait l’amour dans la réserve de lin, tout ce passait bien j’avais même convaincu Justine que la position » more canino » était fort agréable. Le moment paraissait donc idyllique et nous en éprouvions une grande jouissance, quand l’Augustin entra avec une petite dans la pièce pour y faire sans doute la même chose que nous. Cela nous coupa dans notre effet.
Malgré tous ces inconvénients nous faisions l’amour très souvent et comme il se doit, un jour Justine n’eut plus ses menstrues. La Madeleine donna son avis ainsi que la sage femme du village, il fallut en convenir ma femme était bien pleine. Moi je craquais définitivement sur sa poitrine qui s’arrondissait comme son ventre.
Mais il fallut se rendre à l’évidence je n’eus bientôt plus loisir de toucher à ce fruit suave.
Elle devint énorme et le travail sur le métier l’exténuait, mais le labeur n’attendait pas, la rémunération se faisant aux pièces. D’autant qu’en plus du tissage, il fallait effectuer les tâches ménagères, l’eau était la plus dure des corvées car sortir les seaux du puits demandait un rude effort. Moi je me sauvais à la ferme, de toutes façons ce n’était pas à moi de faire le travail dévolu au femme.
Un matin de mai alors que je commençais une coupe de foin assez précocement en cette année, Louise une petite souillon de la ferme vint me prévenir que ma femme était en train d’accoucher.
J’abandonnais mon labeur et en courant je retournais chez moi.
Je n’eus pas le droit d’entrer, l’accouchement était affaire de femmes. Mon beau père et Augustin continuaient leur labeur comme si de rien n’était.
Justine avait perdu les eaux assise sur son banc de labeur, sa mère expérimentée sut que le moment était venu. Augustin fut envoyé quérir la sage femme du village.
Heureusement elle travaillait sur un métier non loin de là. En arrivant elle prit les choses en main, Justine docile attendait dans la douleur sur la couche familiale. La matrone se lava les mains et sans plus de façon souleva la robe de la parturiente pour s’assurer que le col était bien dilaté et que le travail se faisait normalement.
Moi dehors j’attendais comme un couillon quand j’entendis hurler ma femme puis crier un bébé.
La vieille pointa son museau de fouine et pour une fois souriante me déclara » nous avons un garçon », je ne relevais pas le nous et je me précipitais pour voir mon fils.
Il était magnifique et il fut rapidement convenu qu’il se prénommerait comme moi et sous l’insistance de Madeleine on lui ajouta le prénom Émery.
Edouard Émery fut donc déclaré en mairie le 25 mai 1849, je ne savais pas qu’il serait le premier d’une longue série.
Il fallut baptisé le petit et le lendemain avec la famille on le conduisit à l’église, Justine n’était pas conviée car impure. Vous parlez d’une engeance et d’une impureté qui n’était pas souillure ni péché, moi les subtilités des curailloux je n’y comprenais pas grand chose.
Quoi qu’il en soit le petit fut aspergé d’eau bénite, il était maintenant un membre de la communauté chrétienne et il pouvait mourir tranquille. On se fit un petit repas et avec le grand père, les oncles et le parrain nous avions le parler fort. Le soir la solive du plafond semblait bouger.
Justine avait du lait et le goulu lui dévora les mamelles à pleine bouche. Nous avions récupéré un petit berceau d’osier et l’enfant semblait s’y complaire.
Au bout de huit jours, ma femme accompagnée de la sage femme et d’Édouard se rendit à l’église, elle avait confectionné un gâteau qu’elle avait pris avec elle.
La sage femme pénétra en premier dans l’église prit de l’eau bénite qu’elle tendit à Justine, elles se signèrent et se rendirent dans une petite chapelle ou le curé et son enfant de cœur les attendaient
Justine avec un cierge allumé se mit à genoux, le prêtre la bénit ainsi que le gâteau qu’elle avait apporté.
Ma Justine qui avait fait ses relevailles n’était plus impure, elle pourrait de nouveau se rendre à l’église, au lavoir et enfin baratter le beurre sans que ce dernier ne tourne.
Le repas suivant le pain gâteau fut mangé, le Florentin se fit reprendre de volée par la Madeleine quand en rigolant il affirma que cette pâtisserie avait le même goût, béni ou non béni. Je ne fus pas solidaire et j’eus du mal à cacher un fou rire.
Le Florentin aurait droit à l’auberge du cul tourné ce soir, cela me fit intérieurement rire, mais moi aussi je n’y aurais pas droit, car ma Justine devait se remettre de son accouchement.
Cet intermède terminé chacun repris son labeur y compris Justine, une commande de siamoiserie avait été passée et l’ensemble du village qui travaillait pour le même collecteur s’affairait.
Les écheveaux de fils avaient été livrés à la maison au grand dame de Madeleine qui se plaignait que plus rien n’était filé à domicile. Les siamoiseries étaient en vogue, une trame en coton et la chaîne en lin. Le lin était produit localement, mais évidemment le coton arrivait au port de Rouen ou du Havre.
Justine installa le marmot à proximité pour avoir un œil dessus, la grand mère ironisait qu’il n’y avait pas besoin, de le surveiller, qu’il n’allait pas se sauver emmailloté comme il était. Elle était épuisée par son accouchement mais crève, le labeur n’attend pas.
Moi je m’occupais des moutons et des autres tâches, mais il est clair que bientôt j’exercerais le métier de berger car le vieux commençait doucement à partir et la place m’était promise.
Il m’avait tout appris et je commençais à soigner quelques petits maux; une verrue, une épaule déboîtée, furent mes premières interventions de soigneur.
J’ai eu plaisir à retrouver les moments de la journée du teltemps passé, cela devait être difficile, les mots d’autrefois,les coutumes, merci Monsieur, j’aime
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Je raffole de vos histoires !
Merci !
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