DE QUOI MOURAIT-ON DANS LES CAMPAGNES D’AUTREFOIS

 

Tous les généalogistes se sont évidement posés la question, de quoi nos ancêtres sont ils morts ? La plupart du temps la question reste sans réponse car sauf exception le curé ne mentionnait rien dans les registres paroissiaux. Quelques femmes mortes en couche, quelques morts suspectes ou des épidémies sont parfois signalées et nous apportent un éclairage sur la vie d’autrefois mais rien de bien général.

Alors quand on a la chance de pouvoir étudier sur plusieurs années les causes des décès d’une paroisse autant ne pas s’en priver.

Dans une petite paroisse de l’actuelle Mayenne nommée Saint-Martin-De-Connée le curé qui sans doute avait quelques connaissances marqua les causes de décès à partir de l’année 1772 jusqu’à celle de 1786.

Notre curé érudit et féru de médecine se nommait François Le conte de Souvré né à Alençon le 30 décembre 1722, prêtre de l’oratoire il prit la cure de Connée en octobre 1772 et y resta jusqu’à sa mort le 31 décembre 1786.

J’ai choisi pour l’étude les 5 années placées au milieu de son apostolat à Connée.

Avant d’étudier ces décès faisons un petit tour dans le village.

Ce petit bourg a comme voisin immédiat Saint pierre sur Orthe et Vimarcé, il est traversé part la rivière Orthe, quelques ruisseaux et un étang viennent compléter le paysage hydrographique.

Le point culminant de la commune se trouve sur une colline se nommant le Rochereau. La population était assez importante car en 1793, il y avait 1693 habitants de recensés .

Le climat est de type continental pas de chaleur ni de froid extrême et une pluviométrie somme toute normale.

L’ensemble de la population est répartie entre le bourg et de nombreux hameaux et fermes isolées.

C’est un village classique d’ancien régime sans histoire notable ni catastrophe particulière, il représentera en somme un bon exemple d’analyse.

Bien sur et avant toutes choses il faut préciser que le diagnostique médical du décès émane d’un curé de campagne avec les connaissances forcement limitées de l’époque et que quelques causes ne sont pas notées vraisemblablement parce que le curé ne les a pas connues lui même.

Il faut en outre signaler que les causes des décès d’enfants en dehors des épidémies ne sont que rarement notées.

De plus je ne suis pas médecin moi même donc je me garderais bien d’une analyse scientifique quelconque. Je vais donc voir cela comme un généalogiste et je vais tenter d’être le plus clair possible.

1776 A 1780

Répartition des décès par tranche d’age

255 décès pour ces  5 années,  ( nota le nombre des naissances se porte à 274 )

de 0 à 1 ans : 51 soit 19 %

1 ans à 5 ans : 53 soit 19 %

5 à 13 ans : 15 soit 5,41 %

13 et 20 ans : 8 soit 3,3 %

20 et 30 ans : 8 soit 3,3 %

30 et 40 ans : 12 soit 4,5 %

40 et 50 ans : 23 soit 9,1 %

50 et 60 ans : 20 soit 9,1 %

60 et 70 ans : 27 soit 11,25 %

70 et 80 ans : 22 soit 9,1 %

80 et plus : 14 soit 5,8 %

2 cas âge ignoré

Ce qui frappe en premier lieu c’est le taux de mortalité élevé chez les enfants.

127 décès sur 253 ( âge connu ) ont lieu avant l’age adulte soit 50,19 %

Les personnes décédées après 70 ans représentent quand même le fort pourcentage de 14,22 %

Pour la répartition des décès sur l’année : 26,27 % en hiver, 29,41 % au printemps, 16 % en été et 28,23 % en automne

Commençons d’abord par référencer les différentes causes listées par notre curé.

LES FIÈVRES

Il apparaît qu’un nombre important de décès soit dû à des fièvres ou qu’une maladie est occasionnée de fortes fièvres.

Ils sont nommés de différentes façons.

Fièvre maligne ( le sens en est maintenant perdu, mais autrefois était synonyme de fièvre grave ) il pourrait s agir de typhoïde

Il est tout aussi difficile de déterminer à quoi correspondent les fièvres continues, les fièvres convulsives, les fièvres dégénérant en hydropisie, les fièvres pleurésiques, fièvre millière ( peut être la tuberculose ), fièvres longues, fièvres lentes, fièvre putride, fièvres constantes, fièvres automnales, fièvres épidémiques, fièvre avec transport et pour terminer la fièvre chaude.

En somme, 13 sortes de fièvre bien distinctes dans le diagnostic du curé.

MALADIES ÉPIDÉMIQUES

La variole appelée petite vérole ( rien à voir avec la vérole )

Rougeole et rougeole rentrée et un cas de jaunisse

MALADIES PULMONAIRES

Fluxion de poitrine

Asthme qui est invétéré ou convulsif

Pleurésie

Fausse pleurésie

Pneumonie

MALADIES VENTRE

Dysenterie

Violente coliqueS ( avec humeur et fièvre continue )

DIVERS

Mal d’élan ( malgré mes recherches j’ignore qu’elle est cette maladie )

Assoupissement léthargique suivi de paralysie

Humeur attirée par un emplâtre et tombée sur la poitrine

Langueur suivit d ‘ hydropisie

Mal de gorge suivit de fièvre millière ( tuberculose )

Douleur consumée avec fièvre lente

Mal caduc (épilepsie )

Rhumatisme ( tombé dans l’estomac avec 3 jours de vomissement )

Grabataire couvert d’ulcère

Dépérissement universel

Hydropisie seule ou fièvre suivie d’hydropisie

Terminons cet inventaire par quelques morts accidentelles et un assassinat et bien entendu par quelques femmes mortes en couche.

Je le rappelle les causes de mortalité infantile et juvénile ne sont pas notées.

Voilà pour l’ensemble des causes de décès, beaucoup de fièvres qui recoupent peut être des causes identiques et des cas d’hydropisie qui ne déterminent pas une maladie très particulière.

Examinons maintenant combien de personnes sont mortes pour chaque maladie listée.

Commençons d’abord pour tordre le cou à une opinion bien ancrée par les mortes en couche.

Sur 255 décès, 3 sont imputables à un accouchement, on est loin de l’hécatombe, par contre si on examine le nombre de bébé qui décède dans les quelques jours il est nettement plus impressionnant car 28 enfants ne passent pas le premier mois.

On constate très peu d’accident, un décès par chute, un autre par une plaie infectée et un assassinat.

La vie semblait donc tranquille dans ce coin de France.

Passons maintenant aux innombrables fièvres

Fièvre maligne et fièvre maligne putride : 32

Fièvre continue ou longue : 13

Fièvre d’automne : 1

Fièvre épidémique : 1

Fièvre et langueur suivies d’hydropisie : 11

Fièvre convulsive : 1

Fièvre pleurésique : 2

Fièvre coma : 2

Fièvre millière : 9

Fièvre lente : 1

Fièvre putride avec fluxion de poitrine : 1

Fièvre avec transport : 1

Fièvre chaude et maligne : 2

Soit environ 77 cas sur 255 ce qui représente 30% des cas et qui regroupe de nombreuses causes et de nombreux symptômes .

Épidémie de variole ou petite vérole : 24 cas sur l’année 1779

Mal d’élan : 6

Fluxion de poitrine : 17

Grabataire depuis naissance : 1

Langueur depuis naissance : 1

Pleurésie, pneumonie et fausse pleurésie : 7

Hydropisie : 9 cas mais de nombreuses fièvres se terminent en hydropisie.

Asthme : 5

Rougeole 2, jaunisse 1, mal caduc ( épilepsie ) 1

et pour terminer l’hécatombe des enfants dont les causes ne sont que rarement notées

127.

J’ai constaté une épidémie de variole qui s’étend de février 1779 et qui se termine en décembre de la même année.

La fièvre Millière avec forte toux commence en novembre 1776 et semble s’éteindre en avril 1777.

Une fièvre maligne semble également frapper la population à partir de juillet 1777 pour se poursuivre jusqu’en janvier 1778.

Le reste des causes semble assez partagé sur l’année. Il faut en outre signaler que l’année 1780 fut particulièrement meurtrière avec 61 décès et la disparition prématurée de beaucoup d’enfants alors que celle de 1778 fut plus clémente avec 37 décès.

Je termine en espérant avoir été le plus exhaustif possible sans charger le texte d’une liste de chiffres.

Les enfants étaient donc la cible favorite de la grande faucheuse et il était délicat d’arriver à l’age adulte.

Une note d’optimisme tout de même car sur cette période il y eut un centenaire dans le village. L’homme devait être particulièrement solide ou particulièrement chanceux.

7 réflexions au sujet de « DE QUOI MOURAIT-ON DANS LES CAMPAGNES D’AUTREFOIS »

  1. Hello Pascal, Toujours « en campagne » pour les meilleurs reportages?!!
    les moines étaient un peu pharmaciens avec « leurs potions magiques »
    Citons : Jouvence de L’Abbé Soury – -Méthode Curative De Toutes Les Maladies Intérieures De La Femme, Retour D’âge.
    Les contre-coups de l’Abbé PERDIGEON – très efficace pour l’utiliser moi-même: Usage interne & externe – « Contre-coup » liquide conditionné dans une petite bouteille dans un étui cartonné jaune à passer immédiatement sur la partie traumatisée et l’on administrait en plus par une cuillère à boire pour les traumas (ex : chutes et chocs à la mâchoire ou dents de devant, fallait administrer comme pour se rincer la bouche et l’avaler)
    composition : encens, myrrhe,éthanol, eau purifiée. se sont aperçus que l’éthanol pour la voie interne était pas très bon… Actuellement il existe toujours le « Contre-coups » MAIS UNIQUEMENT VOIE EXTERNES – Par contre on créé ‘L’ELIXIR » pour les voies internes.
    composition : Aloès du Cap, Myrrhe, encens Alcool à 30%. Ce dernier est déconseillé pour les enfants de moins de 15 ans et les femmes enceintes.
    Bonne continuation et excellent week-end de Pentecôte

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  3. Ping : Entre choir et gésir, il faut choisir. – Ils étaient une fois…bienvenue chez mes ancêtres.

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