LE SEXE EN NOS CAMPAGNES, SUITE ET FIN

Après avoir étudié les interdits, voyons un peu ce qui pouvait se passer dans les alcôves, les tas de paille ou les pâtis.

Les périodes

Tout d’abord étudions les périodes ou nos paysans sans encourir les foudres pouvaient faire l’amour.

Au départ l’église fut très stricte et nos pauvres ancêtres ne pouvaient faire l’amour pendant les jours saints, à savoir, l’avent, carême, pâques, rameau, dimanche, etc et évidement les périodes d’impureté de la femme, menstruations, allaitement, en gros quand la femme n’était pas enceinte vous pouviez faire l’amour une centaine de jours par an. Heureusement, peu à peu l’église fut contrainte d’assouplir ses commandements, car à vouloir interdire on produit l’effet inverse, ouf.

Les positions

Pour ce qui était des positions, c’était fort simple la femme devait être passive et ne point chevaucher. Cette position fort néfaste rendait folle la femme et était mauvaise pour la procréation, eh oui le sperme redescendait.

Faire l’amour debout altérait aux dires des médecins, gravement la santé

On conseillait aux hommes qui voulaient tempérer l’ardeur de leur femme de la prendre sur le coté ( la fameuse cuillère ).

La position pore canino ou levrette était considérée comme bestiale et humiliante pour la femme et mal vue de l église.

Mais la femme qui ne portait pas de sous vêtements pouvait facilement retrousser cotillons et s’offrir en cette position , dans nos chaudes étables ou nos odorantes meules de foin.  je suis sur que cette pose qui même si elle rappelle les étreintes animales devait quand même être fort utilisée.

Les médecins par contre trouvait en cette position quelques avantages, la matrice plus basse que l’organe reproducteur de l’homme, le sperme pouvait plus facilement l’atteindre.

De plus si la femme avait un ventre en  » pointe  » ou si l’homme était trop gros, la position pouvait se révéler judicieuse.

Il m’est d’avis que les paysans voyant plus les curés que les médecins, l’influence penchait certainement en la balance de nos saints hommes qui en terme de sexualité devaient en connaître un rayon.

Il restait donc la position du missionnaire qui de toute façon s’accordait le mieux au manque d’intimité de nos ancêtres et qui répondait aux exigences des hommes de foi et des hommes du serment d’Hippocrate.

Bon qu’on se rassure toutes les positions étaient connues et représentées et sûrement pratiquées, mais la norme était le missionnaire .

Quand

Nos doctes médecins préconisaient de faire l’amour le matin au réveil, frais et disponible, l’estomac libéré, par contre mesdames vous deviez rester au lit bien allongée pour que vous ne perdiez pas cette précieuse semence et qu’elle puisse vous faire de jolis marmots. Je ne sais pas si nos ancêtres écoutaient ces préceptes et si ils étaient transmis de génération en génération mais en tous cas nos savants y croyaient fermement.

Évidemment nos ancêtres devaient tenter de déjouer le manque d’intimité et gageons que chaque moment ou le couple se retrouvait seul était  propice à un rapprochement coquin.

Nudité

 Si au moyen age nos ancêtres dormaient nus, ils s’étaient rhabillés pour les périodes suivantes.

Il semblerait que nos paysans ne se dévoilaient guère, ils gardaient leur chemise, ils étaient plus troussage qu’effeuillage.

Jouissance

Si la jouissance de l’homme semble une évidence en était il de même pour la femme.

Tout bien considérer cette dernière a bénéficié de bonnes périodes et de très mauvaises.

On a longtemps cru que pour pouvoir procréer la femme devait parvenir à la jouissance, tout allait donc pour le mieux.

Les médecins et les curé préconisaient donc de faire jouir les femmes.

Mais une découverte médicale vint changer la donne. Des doctes savants découvrirent donc  l’ovulation, c’en était fini, nul n’avait besoin de se soucier de la jouissance de sa compagne. Cette trouvaille ajoutée à la pudibonderie bourgeoise Louis Philiparde fit que les mentalités changèrent et que nos paysans se préoccupèrent moins de leur compagne.

La sexualité de la femme eut beaucoup de mal à se remettre de cette découverte et jusqu’à une période récente l’homme ne s’en préoccupait guère.

Hors donc nos paysans frustres en  beaucoup de points de vue connaissaient l’existence du plaisir féminin et savait fort bien à quoi servait le clitoris que l’on nommait barbideau.

Pour terminer évoquons quelques recommandations médicales :

On pouvait  caresser une femme mais sans y mettre trop de volupté, sic !

La danse était préconisée car les femmes en s’agitant perdaient une partie de leur  » excrémens  »et la chaleur provoquée par la danse desséchait les parties souvent trop humides de la femme ce qui nuisait à la génération. ( vous voilà prévenue ).

Je ne traiterai pas du viol, mais il faut quand même savoir que celui ci était plus considéré comme un préjudice moral qu’un préjudice physique. Rappelons qu’en France le viol n’est puni que depuis 1810 et qu’il est devenu un crime qu’en 1980.

Pour en finir avec le sujet et si vous voulez approfondir :

Amour et sexualité en occident (collectif )

 » Secret d’alcôve  » de Laure Adler

 » Les amours paysannes  » de Jean Louis Flandrin

 » Ethnologie de la chambre à coucher  » de Pascal Dibie

 » Histoire des populations françaises   »de Philippe Ariès

 » Tableau de l’amour conjugal  » par Nicolas Venette

Voir Premier épisode les interdits

LE SEXE EN NOS CAMPAGNES

LE SEXE EN NOS CAMPAGNES

 

De tout temps, la sexualité a tenu une place considérable dans la vie humaine. Depuis que j’ai commencé mes recherches généalogiques, la question me taraude. Le sexe régissait-il les comportements de nos ancêtres paysans ou les comportement de nos ancêtres régissaient-ils leur sexualité ?

Comment nos ancêtres faisaient-ils l’amour, les interdits, les périodes, la virginité, la masturbation, les positions, autant de thèmes, autant de questions.

Avant de poursuivre, plantons le décor traditionnel, une ferme tenue par une communauté familiale, parents, grand-parents, enfants et parfois une parentelle élargie, frères ou sœurs avec leur propre famille. En général, la place accordée à l’intimité est fort réduite, les pièces sont petites, encombrées de lit ou de paillasse. Les lits sont parfois clos en certaine région mais la plupart du temps sont fermés par des rideaux. Les lits sont toujours occupés par plusieurs personnes, même celui des parents qui accueille souvent les plus petits.

Les granges, écuries ou étables sont également occupées par des dormeurs, fils aînés, valets, domestiques. Les femmes de la domesticité dormant avec les maîtres dans la maison principale et occupant le moindre recoin d’une paillasse souvent escamotable.

Au niveau donc de l’intimité nous étions  proche du zéro, et faire des galipettes en ces conditions demandait des techniques discrétionnaires bien rodées.

Le domicile n’était donc guère un endroit propice pour exalter ses ardeurs sexuelles.

Chaque communauté familiale dépendait d’un communauté villageoise et le poids de celle ci dans les comportements n’était pas petit. Vous y rencontriez, la famille élargie, vos parrains et marraines et leur lignée, vos oncles et tantes, vos cousins et cousines dans un enchevêtrement que même Beaucarnot ne saurait démêler. En bref vous ne pouviez faire un pas sans rencontrer quelqu’un qui vous connaisse. Il fallait donc jouer de subtilité pour y rencontrer une ou un partenaire sexuel sans que la communauté ne s’affole.

Rajoutons à cela, Monsieur le curé avec ses sermons sur la sexualité et la confession des péchés qui était obligatoire. Imaginer la confusion de votre arrière arrière grand mère en train de confesser au bon curé qu’elle s’est faite trousser le vendredi saint ou qu’un de vos arrière arrière grand- père ne soit obligé de réciter un chapelet de prière parce qu’il a osé se prêter au jeu d’Onan.

Convenons avec tout cela que rien ne devait être simple, mais que tous s’évertuaient certainement à contourner le poids sociétal.

L’étude porte évidement sur ce que pouvait être la sexualité dans nos campagnes, loin des turpitudes de la noblesse de cour ou des salons à la mode des grandes villes. Pas d’extravagance à la Marquis de Sade ou à la Mirabeau, pas d’orgie à la Philippe d’Orléans, pas d’homosexualité affichée, non une sexualité ou chacun essayait sans doute de composer avec les poids des coutumes, avec l’église, avec son environnement et peut être aussi avec sa sensibilité.

 

LES INTERDITS

Tout d’abord, il faut poser comme constat que la population était régie dans ses moindres comportements par l’église catholique et que l’amour physique ne servait qu’à la reproduction, tout le reste était au mieux futilité et au pire très grand péché.

L’amour hors mariage

Il était bien entendu interdit, la virginité ( féminine ) était de mise lors de la nuit de noces. Mythe de la pureté originel de Marie ou marchandise intacte la virginité était en théorie obligatoire. La perte de l’hymen lors de la nuit de noce prouvait que la jeune fille était pure et qu’il n’y avait pas tromperie sur la marchandise. J’insiste sur le mot mais je rappelle que le mariage était avant tout un contrat entre deux parties et qu’une des clauses tacites de ce dernier fut que la  » dame du milieu  » ne fut point déchirée.

Il y avait risque de répudiation et la renommée de la famille s’en trouvait pour le moins atteinte.

Certes quelques bizarreries se greffaient de ci de la, une jeunes fille qui s’était masturbée et avait brisé son hymen n’était plus vierge, alors qu’une jeune fille qui s’était faite sodomiser l’était encore.

Les jeunes filles qui avaient goûté aux joies de l’amour avaient recours à des subterfuges pour égarer leur mari sur la perte de leur anneau, petite poche de sang placée dans le vagin ou même utilisation de sangsue.

Bien sur tout cela était bien théorique et les curés fulminaient en chaire pour tous les égarement des paroissiens. En effet il n’était pas rare que des mariages s’effectuent à l’essai en une sorte de concubinage. En certaines régions des soupirants passaient la nuit avec leur promise ( en gardant leur chemise bien entendu ) et en Vendée les rites de séduction allaient fort loin.

Les exceptions ne font point la règle et la majorité des jeunes filles arrivaient vierges au mariage.

Laissons notre imagination de coté, ces jeunes femmes avaient certainement des pulsions qu’elles ne pouvaient pas toujours refréner.

Chez les hommes la difficulté était tout autre, la virginité au mariage n’était pas requise par la société, mais ou trouver des femmes consentantes au fin fond de nos campagnes . Les bordels ou Château Gaillard existaient certes en ville mais en dehors de cela quelle alternative se présentait à nos ancêtres ?

Pour l’église les hommes ne devaient pas avoir de rapport non plus, car je le répète en dehors de la procréation point de salut.

Pour sur l’église n’était point dupe et certains de ses membres succombaient aussi au démon de la chair.

Bien évidement il existait de nombreux rapports consentis, mais la normalité revenait au galop et on mariait rapidement les jeunes amants. Par contre les imprudentes au gros ventre, pouvaient être chassées de chez elle et une vie d’errance ou même de prostitution pouvait suivre ce moment d’ égarement .

L’onanisme

L’église considérant que tout émission de semence en dehors de la procréation est péché, cet acte qu’il soit masculin ou féminin était bien évidement proscrit.

La masturbation ou vice solitaire déjà formellement condamné par la transgression de la chasteté avant le mariage l’est encore une fois par l’excitation des organes sexuels et la pollution qui peut s’en suivre.

A l’intérieur du couple l’onanisme conjugal était aussi considéré comme péché véniel ( lorsqu’il n’y avait pas émission de semence ) et l église nommait ainsi tout acte qui stérilisait l’acte sexuel. C’est un acte contre nature disait elle .

Nos bons curés nommaient onanisme conjugal ou masturbation tous les actes qui ne tendaient pas à la procréation, comme le coït interruptus, l’utilisation de capotes, d’éponges utérines et évidement l’utilisation des mains et de la bouche. Le sens en était donc très large.

Au niveau médical, l’interdiction apparaît surtout à partir du 18ème siècle pour culminer fin 19ème. L’acte rendait débile  et amenait  les femmes à la stérilité .

Notons que la masturbation mutuelle était considérée comme plus grave que la masturbation solitaire car il émanait des pratiquants une pensée mauvaise et pernicieuse.

Bon d’accord tout le monde a compris, mais quand était il vraiment, le bas peuple ne lisait pas de livre et le tableau conjugal de Nicolas Venettes ne risquait pas de leur tomber entre les mains. Ces êtres frustres et dénoués de moralité écoutaient ils les sermons de nos bons prêtres, cela reste un mystère, mais gageons tout de même que nos ancêtres savaient parfois désobéir.

Sodomie

Nous passons maintenant dans une autre catégorie qui entrait dans la catégorie des péchés mortels

Il existait deux types de sodomie, celle que l’on nommait  » parfaite  »et que l’on pratiquait entre gens de même sexe et la sodomie imparfaite qui se pratiquait avec un partenaire de sexe différent.

Bon il faut être clair, la sodomie parfaite pouvait se terminer sur le bûcher et les condamnations furent nombreuses au cours des siècles. L’égalité n’existait pas en se sujet, lorsqu’on voulait pratiquer ce genre d’activité mieux valait être noble que journalier.

L’homosexualité était chassée et proscrite.

La sodomie imparfaite était bien moins grave, bien que proscrite, certains jeunes couples la pratiquaient pour patienter et des couples mariés comme contraception.

Notons qu’au Moyen age, la fellation et le cunnilingus étaient rangés dans les pratiques sodomites.

Fellation et cunnilingus

Là encore il y a condamnation avec évidement des nuances. Cette pratique entre gens du même sexe pouvait finir très mal, bûcher, bannissement exposition au carcan, fouet, enfin rien de bien réjouissant.

A l’intérieur du couple, l’église était un peu plus souple, l’acte commencé avec la bouche mais terminé dans les organes génitaux pouvait passer comme acceptable.

Mais soyons un peu terre à terre, nos ancêtres ne se lavaient guère, alors !!!!

Inceste

Bien sur interdit, cette relation sexuelle entre parents proches est pourchassée par l’église qui rappelons le exige pour le mariage des dispenses de consanguinité en cas de cousinage même très lointain.

Cette pratique est  d’ailleurs interdite par toutes les sociétés connues.

L’église allant très loin dans cette interdiction, de nombreuses personnes restaient célibataires car elles ne pouvaient trouver de compagnon ou compagne en dehors de la parentelle.

Adultère

Bien évidement l’adultère n’était pas toléré surtout du coté de la femme qui pouvait être passible d’une peine d’emprisonnement, alors que l’homme n’était qu’amendable, l’adultère ne sera dépénalisé qu’en 1975. De plus la société paysanne ne faisait guère de cadeau et les couples adultérins pouvaient être objet de vindicte  populaire.

Bien terminons pour les interdits et résumons.

Aucune sexualité féminine avant le mariage virginité oblige, pour les hommes ma foi le bordel était toléré.

L’homosexualité était un crime avec toutes les pratiques sexuelles qui allaient  avec.

La masturbation était un péché mortel

La sodomie imparfaite ou sodomie familiale donc sur une femme était tolérée de fait mais restait péché mortel.

La sexualité était encore à caractère reproductif ( du moins au yeux de l’église )

Dans le prochain article nous étudierons ce qui était licite et ce que nous savons des us et coutumes sexuelles de nos aïeux.

LE BERCEAU DE LA PETITE MORTE

 

En ce 18 mars 1755 un feu crépite dans la cheminée de la petite maison de François Sulpice Cordelier, une pièce unique, un lit entouré de rideaux, une table, deux bancs et un petit berceau en osier. Du sol de terre battu une humidité malsaine remonte et pénètre les êtres comme les choses.

François est manouvrier et sabotier à Jouy sur le Morin dans la province de Brie, les temps sont durs, peu d’ouvrages et beaucoup de bras font baisser les salaires, ce n’est pas la misère absolue car les ventres sont malgré tout remplis mais cette sourde malnutrition est source de nombreuses maladies.

Dehors souffle un vent froid qui apporte des pluies, de grosses gouttes viennent s’écraser sur la seule fenêtre de la pièce. Dans ces conditions le jour ne délivre qu’une faible lueur dans la demeure .

Marie Angélique Legay, 37 ans sa femme est grosse pour la cinquième fois, elle est proche du terme, énorme elle ne peut plus guère se déplacer et ses sorties se résument à se soulager car le bébé comprime sa vessie. Elle a depuis longtemps abandonné les tâches domestiques et agricoles, incapable qu’elle est de se mouvoir sans douleur et grande fatigue.

Son petit garçon Pierre âgé de 6 ans l’aide comme il peut, mais irait bien gambader en extérieur mais sentant confusément que sa présence soulage sa mère, il ne la quitte pas d’une semelle. Les deux premières petites du couple ont étés placées momentanément en nourrice chez une tante.

Les adultes sont aux champs et seule la matrone du village passe de temps en temps, elle l’ a déjà accouché de ses deux premiers. Guérisseuse, sage femme, elle est là aussi lors des décès, fait la toilette des morts et participe aux veillées, tout le monde lui fait confiance.

Marie Angélique sent que le bébé peut venir à tout moment, elle a mal, s’essouffle et ses jambes sont gonflées.

Mais ce qui la préoccupe le plus c’est le petit être de chair et d’os qui semble dormir dans le panier d’osier sis à coté de son lit de parturiente.

Sa petite fille de 27 mois a de la fièvre, tousse et sécrète une morve épaisse qui l’empêche de respirer. L’intervention de la matrone guérisseuse n’a rien changé à l’affaire. La maman est inquiète.

Magdeleine a pleuré toute la nuit, ou plutôt gémit toute la nuit. Ce matin son visage est détendu, un petit sourire lui donne un air mutin, Marie en sourit d’aise, le mal s’est’ il extirpé du corps de la petite?

Elle s’approche du berceau, le bébé immobile la regarde, elle entonne une comptine et bouge un peu la nacelle d’osier.

 » Fait dodo colin mon p’tit frère , fait dodo, t’auras du lolo  »

Impavide la petite regarde sa mère.

 » Fait dodo colin mon p’tit frère , fait dodo, t’auras du lolo  »

L’inquiétude puis la panique s’empare soudain de la maman. Elle touche sa petite, qui n’émet aucun son.

Marie Angélique hurle de toute son âme, froide et raide comme une bûche , sa fille  est morte.

Marie Angélique s’effondre aux pieds du petit corps, Pierre comprend immédiatement et s’en va prévenir son père qui travaille à confectionner des sabots non loin de là.

Tout le monde rapplique et s’occupe de la maman éplorée, pour la petite rien à faire François prend un drap dans le buffet et en forme un linceul. Il est déjà trop tard pour l’inhumer,on attendra le lendemain.

La soirée fut sinistre, à la seule lueur du feu de cheminée quelques femmes du voisinage veillent  sur le corps de la petite défunte et sur la future parturiente.

François prit un peu de repos en s’allongeant avec son fils.

Le lendemain, on enterra la petite, un trou, quelques pelletées de terre recouvrant le linceul de drap blanc et la cérémonie fut achevée, le curé Corbie avait fait son office.

En soirée, Marie Angélique perdit les eaux, le travail commença, assistée de la sage femme et des voisines. Ce fut long et douloureux, la nuit fut nécessaire. Au matin une petite poupée de chiffon déchira les entrailles de sa mère et vint rejoindre la communauté. Marie Angélique était exsangue, une hémorragie se déclara , les traits tirés, le teint livide et blafard, les yeux cernés d’un bleu d’insomniaque. Elle s’endormit vaincue par une lutte par trop inégale contre dame nature.

La petite fut menée derechef à l’église par la marraine Marguerite Dorges qui lui donna son prénom et le parrain Nicolas Mullot, François resta au chevet de sa femme. Le vicaire Le François fit entrer le bébé dans la communauté catholique, on pouvait être tranquille si elle trépassait, elle n’irait pas rejoindre les limbes.

De retour de l’église, on mit la petite aux seins, cela ne fit qu’accentuer la fatigue de la mère, le bébé s’accrochant aux mamelles nourricières avec une avidité gloutonne sentant peut être confusément que cette substance maternelle allait bientôt se tarir à tout jamais.

De fait la situation s’aggrava rapidement, Marie Angélique ne se remettait pas de son accouchement difficile, la fièvre survint.

 » Fait dodo colin mon ptit frère , fait dodo, t’auras du lolo  »

 » Fait dodo colin mon ptit frère , fait dodo, t’auras du lolo  »

On dut rapidement trouver une solution pour la petite et une nourrice aux seins généreux lui fut trouvée dans le village.

Il n’y avait guère de remède que le temps, tout le monde retourna au labeur, il fallait bien nourrir son monde.

Marie Angélique alterna les périodes de lucidité et d’inconscience. Mélangeant le jour et la nuit, elle confondait les gens, François devenait son père, son petit Pierre devenait son frère.

Le délire l’amenait aussi à entonner une comptine en berçant la nacelle d’osier, inlassablement elle chantait pour sa petite fille et berçait avec amour l’enfant pour qu’il s’endorme. Souriant et chantant face au berceau vide, elle confondait sa chère Magdeleine avec la petite Marguerite. Hélas sa douce mélopée n’arrivait pas jusqu’au tertre de terre fraîche ou gisait sa petite. La fièvre empira et les moments de lucidité disparurent.

 » Fait dodo colin mon ptit frère , fait dodo, t’auras du lolo  »

 » Fait dodo colin mon ptit frère , fait dodo, t’auras du lolo  »

Le 26 mars 1755, une dernière fois sa main se posa sur le berceau et un dernier filet de voix entonna la complainte pour un enfant mort.

 » Fait dodo colin mon ptit frère , fait dodo, t’auras du lolo  »

Elle s’éteignit en souriant, ses petites dormaient enfin.

Comme de coutume, elle fut porter en terre le lendemain, 37 ans de labeur et d’amour.

François Sulpice Cordelier se remaria en Novembre de la même année et eut 3 autres enfants.

Mais la malédiction continua, le 2 janvier 1757, la petite Marguerite âgée de 21 mois rendit aussi son âme à Dieu et fut ensevelie à coté de sa mère et de sa sœur.

Aujourd’hui sur la place désertée par les tombes , on peut entendre certains jours un doux chant s’élever, presque une prière, un léger murmure. C’est  la berceuse lancinante d’une maman à ses enfants morts.

 » Fait dodo colin mon ptit frère , fait dodo, t’auras du lolo  »

 

Source : registre paroissiaux de Jouy sur le Morin

Madeleine Denise :  Née le 03/12/1752, morte le 18 mars  1755.

Marguerite Cécile : Née le  20 mars  1755, morte le  02 Janvier  1757

Marie Angélique Legay, née en 1718, morte le  27  mars 1755

 

DE QUOI MOURAIT-ON DANS LES CAMPAGNES D’AUTREFOIS

 

Tous les généalogistes se sont évidement posés la question, de quoi nos ancêtres sont ils morts ? La plupart du temps la question reste sans réponse car sauf exception le curé ne mentionnait rien dans les registres paroissiaux. Quelques femmes mortes en couche, quelques morts suspectes ou des épidémies sont parfois signalées et nous apportent un éclairage sur la vie d’autrefois mais rien de bien général.

Alors quand on a la chance de pouvoir étudier sur plusieurs années les causes des décès d’une paroisse autant ne pas s’en priver.

Dans une petite paroisse de l’actuelle Mayenne nommée Saint-Martin-De-Connée le curé qui sans doute avait quelques connaissances marqua les causes de décès à partir de l’année 1772 jusqu’à celle de 1786.

Notre curé érudit et féru de médecine se nommait François Le conte de Souvré né à Alençon le 30 décembre 1722, prêtre de l’oratoire il prit la cure de Connée en octobre 1772 et y resta jusqu’à sa mort le 31 décembre 1786.

J’ai choisi pour l’étude les 5 années placées au milieu de son apostolat à Connée.

Avant d’étudier ces décès faisons un petit tour dans le village.

Ce petit bourg a comme voisin immédiat Saint pierre sur Orthe et Vimarcé, il est traversé part la rivière Orthe, quelques ruisseaux et un étang viennent compléter le paysage hydrographique.

Le point culminant de la commune se trouve sur une colline se nommant le Rochereau. La population était assez importante car en 1793, il y avait 1693 habitants de recensés .

Le climat est de type continental pas de chaleur ni de froid extrême et une pluviométrie somme toute normale.

L’ensemble de la population est répartie entre le bourg et de nombreux hameaux et fermes isolées.

C’est un village classique d’ancien régime sans histoire notable ni catastrophe particulière, il représentera en somme un bon exemple d’analyse.

Bien sur et avant toutes choses il faut préciser que le diagnostique médical du décès émane d’un curé de campagne avec les connaissances forcement limitées de l’époque et que quelques causes ne sont pas notées vraisemblablement parce que le curé ne les a pas connues lui même.

Il faut en outre signaler que les causes des décès d’enfants en dehors des épidémies ne sont que rarement notées.

De plus je ne suis pas médecin moi même donc je me garderais bien d’une analyse scientifique quelconque. Je vais donc voir cela comme un généalogiste et je vais tenter d’être le plus clair possible.

1776 A 1780

Répartition des décès par tranche d’age

255 décès pour ces  5 années,  ( nota le nombre des naissances se porte à 274 )

de 0 à 1 ans : 51 soit 19 %

1 ans à 5 ans : 53 soit 19 %

5 à 13 ans : 15 soit 5,41 %

13 et 20 ans : 8 soit 3,3 %

20 et 30 ans : 8 soit 3,3 %

30 et 40 ans : 12 soit 4,5 %

40 et 50 ans : 23 soit 9,1 %

50 et 60 ans : 20 soit 9,1 %

60 et 70 ans : 27 soit 11,25 %

70 et 80 ans : 22 soit 9,1 %

80 et plus : 14 soit 5,8 %

2 cas âge ignoré

Ce qui frappe en premier lieu c’est le taux de mortalité élevé chez les enfants.

127 décès sur 253 ( âge connu ) ont lieu avant l’age adulte soit 50,19 %

Les personnes décédées après 70 ans représentent quand même le fort pourcentage de 14,22 %

Pour la répartition des décès sur l’année : 26,27 % en hiver, 29,41 % au printemps, 16 % en été et 28,23 % en automne

Commençons d’abord par référencer les différentes causes listées par notre curé.

LES FIÈVRES

Il apparaît qu’un nombre important de décès soit dû à des fièvres ou qu’une maladie est occasionnée de fortes fièvres.

Ils sont nommés de différentes façons.

Fièvre maligne ( le sens en est maintenant perdu, mais autrefois était synonyme de fièvre grave ) il pourrait s agir de typhoïde

Il est tout aussi difficile de déterminer à quoi correspondent les fièvres continues, les fièvres convulsives, les fièvres dégénérant en hydropisie, les fièvres pleurésiques, fièvre millière ( peut être la tuberculose ), fièvres longues, fièvres lentes, fièvre putride, fièvres constantes, fièvres automnales, fièvres épidémiques, fièvre avec transport et pour terminer la fièvre chaude.

En somme, 13 sortes de fièvre bien distinctes dans le diagnostic du curé.

MALADIES ÉPIDÉMIQUES

La variole appelée petite vérole ( rien à voir avec la vérole )

Rougeole et rougeole rentrée et un cas de jaunisse

MALADIES PULMONAIRES

Fluxion de poitrine

Asthme qui est invétéré ou convulsif

Pleurésie

Fausse pleurésie

Pneumonie

MALADIES VENTRE

Dysenterie

Violente coliqueS ( avec humeur et fièvre continue )

DIVERS

Mal d’élan ( malgré mes recherches j’ignore qu’elle est cette maladie )

Assoupissement léthargique suivi de paralysie

Humeur attirée par un emplâtre et tombée sur la poitrine

Langueur suivit d ‘ hydropisie

Mal de gorge suivit de fièvre millière ( tuberculose )

Douleur consumée avec fièvre lente

Mal caduc (épilepsie )

Rhumatisme ( tombé dans l’estomac avec 3 jours de vomissement )

Grabataire couvert d’ulcère

Dépérissement universel

Hydropisie seule ou fièvre suivie d’hydropisie

Terminons cet inventaire par quelques morts accidentelles et un assassinat et bien entendu par quelques femmes mortes en couche.

Je le rappelle les causes de mortalité infantile et juvénile ne sont pas notées.

Voilà pour l’ensemble des causes de décès, beaucoup de fièvres qui recoupent peut être des causes identiques et des cas d’hydropisie qui ne déterminent pas une maladie très particulière.

Examinons maintenant combien de personnes sont mortes pour chaque maladie listée.

Commençons d’abord pour tordre le cou à une opinion bien ancrée par les mortes en couche.

Sur 255 décès, 3 sont imputables à un accouchement, on est loin de l’hécatombe, par contre si on examine le nombre de bébé qui décède dans les quelques jours il est nettement plus impressionnant car 28 enfants ne passent pas le premier mois.

On constate très peu d’accident, un décès par chute, un autre par une plaie infectée et un assassinat.

La vie semblait donc tranquille dans ce coin de France.

Passons maintenant aux innombrables fièvres

Fièvre maligne et fièvre maligne putride : 32

Fièvre continue ou longue : 13

Fièvre d’automne : 1

Fièvre épidémique : 1

Fièvre et langueur suivies d’hydropisie : 11

Fièvre convulsive : 1

Fièvre pleurésique : 2

Fièvre coma : 2

Fièvre millière : 9

Fièvre lente : 1

Fièvre putride avec fluxion de poitrine : 1

Fièvre avec transport : 1

Fièvre chaude et maligne : 2

Soit environ 77 cas sur 255 ce qui représente 30% des cas et qui regroupe de nombreuses causes et de nombreux symptômes .

Épidémie de variole ou petite vérole : 24 cas sur l’année 1779

Mal d’élan : 6

Fluxion de poitrine : 17

Grabataire depuis naissance : 1

Langueur depuis naissance : 1

Pleurésie, pneumonie et fausse pleurésie : 7

Hydropisie : 9 cas mais de nombreuses fièvres se terminent en hydropisie.

Asthme : 5

Rougeole 2, jaunisse 1, mal caduc ( épilepsie ) 1

et pour terminer l’hécatombe des enfants dont les causes ne sont que rarement notées

127.

J’ai constaté une épidémie de variole qui s’étend de février 1779 et qui se termine en décembre de la même année.

La fièvre Millière avec forte toux commence en novembre 1776 et semble s’éteindre en avril 1777.

Une fièvre maligne semble également frapper la population à partir de juillet 1777 pour se poursuivre jusqu’en janvier 1778.

Le reste des causes semble assez partagé sur l’année. Il faut en outre signaler que l’année 1780 fut particulièrement meurtrière avec 61 décès et la disparition prématurée de beaucoup d’enfants alors que celle de 1778 fut plus clémente avec 37 décès.

Je termine en espérant avoir été le plus exhaustif possible sans charger le texte d’une liste de chiffres.

Les enfants étaient donc la cible favorite de la grande faucheuse et il était délicat d’arriver à l’age adulte.

Une note d’optimisme tout de même car sur cette période il y eut un centenaire dans le village. L’homme devait être particulièrement solide ou particulièrement chanceux.

LES AMOURS AU CABARET, LA DÉCOUVERTE DE LA SEXUALITÉ

 

Victoire, petite paysanne de 21 ans aimait tout particulièrement cette journée de la semaine.

Dans la grande pièce commune, nue jusqu’à la taille elle faisait sa toilette du dimanche. L’eau puisée au puits avait été chauffée dans l’âtre de la cheminée. Versée dans une bassine de fer blanc ces quelques litres serviraient bien pour l’ensemble du corps. Elle commença par le visage, frotta vigoureusement sa ferme poitrine puis sa sœur Marie lui nettoya le dos. Pour la toilette du bas, elle remonta son jupon et passa négligemment sur ses parties intimes. Il est vrai que seules les femmes de mauvaise vie étaient sales à cet endroit.

N’ayant dévoilée son anatomie que partiellement, elle revêtit ses plus beaux atours. Marie sa sœur se déshabilla à son tour et procéda de même, sauf quand toute impudicité elle se mit entièrement nue, Victoire se récria qu’une honnête fille ne se mettait jamais entièrement nue.

Une fois les deux filles prêtes, elles quittèrent la métairie pour se rendre à la messe. La ferme que tenait son père se situait au hameau du Beignon sur la commune de Sainte Flaive des Loups. Elles n’étaient pas seules sur le chemin qui les menait à l’église. De nombreuses paysannes en une sorte de procession s’acheminaient en devisant. Au fur et à mesure qu’elles arrivaient sur le bourg, rejointes par les filles des nombreux hameaux du village, elles formaient un groupe assez compact.

Victoire dont la piété n’était pas contestable aimait se rendre à l’office du Dimanche puis aux vêpres, elle n’était pas seule à piétiner d’envie de se rendre aux sermons du père Fumoleau, sa petite sœur Marie âgée de 17 ans en frétillait également d’impatience.

Elles pénétrèrent dans l’église et se placèrent du coté de la nef des femmes. Les hommes endimanchés et chapeaux bas étaient placés de l’autre coté de l’allée centrale. La messe commença, le curé et son vicaire officiaient, chacun recueilli les écoutait. Pour dire la vérité seules les mères étaient attentionnées, les filles n’avaient d’yeux que pour les garçons qu’elles jaugeaient d’importance.

Victoire depuis quelques dimanches n’avait que d’attention pour Barthélémy, il lui avait déjà posé la main sur l’épaule, l’avait déjà raccompagnée aux lisières du Beignon et ils avaient aussi échangé quelques baisers. Ils s’échangèrent un sourire, sachant qu’ils se retrouveraient à la sortie de la corvée paroissiale . La petite Marie avait quand à elle les yeux posés sur l’ensemble des garçons, elle verrait bien à la fin de l’office si un garçon se présentait.

Barthélémy Proux natif de La Chapelle-Achard a 27 ans en cette année 1881 il est employé chez Auguste Daviau à la métairie de la Primetière commune de Sainte Flaive des Loups. Il est gagé comme domestique de ferme. Un peu noceur, mais travailleur il est connu dans le village bien que n’y étant pas né.

Son père est mort et sa mère est remariée avec le métayer des Crépaudières sur La Chapelle, il a donc pas mal de frères et sœurs nés des deux mariages de sa mère.

C’est enfin la délivrance, Victoire sort avec sa sœur, leur mère reste en retrait avec les autres parents.

Barthélémy s’est éclipsé, mais Victoire sait où le rejoindre.

Pour Marie les choses se passent à merveille, un garçon lui pince le bras, elle résiste il l’attire de force vers lui, Marie ne résiste, cela vaut acceptation et elle suit son galant.

Victoire avec d’autres filles pénètrent dans le lieu de leur rendez vous, une grande pièce avec des tables et des bancs c’est le cabaret du village

Elle s’assoie à coté de Barthélémy et le patron vient leur servir une liqueur. Tous les couples font de même et bientôt chacun s’enlace, les corps se serrent et les bouches se mélangent. Victoire adore ces embrassades, son corps est tout à Barthélémy qui maintenant la caresse sans plus de façon.

Il est expert en ce genre de joutes et Victoire ressent des sensations encore inconnues. Il n’est plus que le temps de se mettre un peu à l’écart. A l’étage deux chambres sont à la disposition des clients, des bancs, des lits. En montant Victoire aperçoit sa petite sœur fourrageant avec ardeur la bouche de son galant. Cela lui rappelle sa première fois avec un garçon du bourg. Dans l’obscurité il est difficile de trouver place, l’après midi est déjà bien avancé et de  nombreux couples sont à l’ouvrage. En se serrant un peu ils trouvent place sur un lit, pour le couple voisin les amours sont déjà à leur paroxysme. Ils ne s’inquiètent nullement de leur indécence, la robe de la belle est relevée et la main endiablée du jeune paysan s’ active quand à la main de la jeune effrontée elle a rejoint depuis un moment les antres de la culotte de son amoureux.

Au bout d’un moment Victoire et Barthélémy s’adonnent au même genre de plaisir.

Puis peu à peu la pièce se vide et les galants raccompagnent les belles à leur domicile. Marie a refusé que son amoureux du jour la ramène chez elle, il ne lui a point convenu, vivement dimanche qu’elle en essaye un autre. Barthélémy raccompagna Victoire au Beignon. Ils étaient quasiment promis l’un à l’autre, Victoire n’aurait pas accepté de se faire trousser jupon au cabaret si Barthélémy ne s’était pas engagé.

Ces cabarets Vendéens haut lieu des amours Vendéennes étaient un endroit où les amoureux se rencontraient sans contrainte. Un café, une liqueur, des baisers, des caresses et pour les plus en avance ou les plus délurés un jeu de stimulations réciproques.

Ce n’était pas un bordel et les couples n’allaient pas jusqu’au coït. Les hommes ne lâchaient en ces jeux que très peu .Leur semence et le plaisir étaient semble t’ il plus poussés du coté des filles.

J’ai tout de fois un doute sur le sujet et à ces jeux érotiques qui duraient des heures bien malin qui pouvait se retenir.

Là aussi nulle ambiguïté, comme dans les Pâtis et comme dans les chambres les parents étaient consentants. Cet érotisme de la jeunesse était pratiqué en attendant et la plupart des couples qui s’étendaient dans les chambres de cabarets se mariaient dans les mois qui suivaient.

Ouf la morale est sauve.

Puis au nom de l’inexorable moralité et de la pression des édiles ces lieux de perditions retrouvèrent un usage plus commun.

Mais il y a fort à parier que nos grands mamans se soient souvenues avec délectation des libertés de leur jeunesse.

Barthélémy Proux se maria avec Victoire Cloutour à La Chapelle-Achard le 26 juin 1883, la petite Marie se maria au même endroit avec Auguste Ferré , demi frère de Barthélémy le 05 juillet 1892.

Tous reposent en paix à La Chapelle Achard.

 

« EXCUSEZ MOI ON S’EN VA FAIRE L’AMOUR » OU LA VIE AMOUREUSE DE MATHILDE »

Les quatre sœurs GUERIN

 

 

En cette fin de matinée de printemps 1906 les sœurs Guerin cheminaient en direction du hameau de la Gendronnière où se trouvait leur domicile. Comme tous les dimanches elles sortaient de la messe qu’elles avaient été entendre au bourg principal nommé Le Girouard. Cette petite commune de Vendée où coulait tranquillement la rivière du même nom étendait son emprise sur une foultitude de petits hameaux.

Chacun et chacune rentrait donc à son domicile pour y jouir du repos dominical et la jeunesse du village s’égaillait dans toutes les directions.

L’aînée Marie avait 17 ans et sa sœur puînée Mathilde 16 ans, vêtue toutes deux d’une belle robe grise d’un beau tablier et d’une coiffe blanche, elles cancanaient gaiement et parlaient des garçons.

Aucune des deux n’avait encore d’amoureux bien défini alors que bien des filles de leur âge avaient déjà conté fleurette.

A la sortie du bourg alors qu’elles avaient distancé leur mère et les deux petites pestes qui leurs servaient de sœurs un groupe de garçons les attendait.

Les deux petites vierges vendéennes baissèrent la tête en rougissant et allongèrent leurs pas. Les garçons les suivirent et la conversation s’engagea.

Les compères obtinrent l’autorisation d’accompagner les deux petites jusqu’à la Gendronnière, oh non pas jusqu’ à la maison mais tout de même pas très loin.

Il ne se passa rien évidement , simplement du badinage et des roucoulades, Jean et Aimé ne voulant point effaroucher les deux belles.

La même scène se répéta de dimanche en dimanche et les garçons se rapprochaient de la maison, puis vint un jour où il fut convenu que les deux jeunes hommes repasseraient en soirée.

Mathilde et Marie en bredouillant avertirent leur mère que des garçons passeraient au moment du souper . Clémentine qui était passée par cette étape elle aussi, acquiesça avec un sourire et les avisa qu’elle avertirait le père. Elle avait autrefois apprécié cette coutume et elle n’entendait pas en priver ses filles.

La maison possédait comme la plus part des demeures paysannes une grande pièce à vivre et une grande chambre où tous s’entassaient dans une promiscuité que nul ne contestait. Le lit des parents se trouvait à l’angle du fond, celui des deux garçons en face, celui des deux petites de l’autre coté et celui de Mathilde et de Marie occupait le dernier angle disponible. Des rideaux servaient de rempart ultime à la discrétion.

L’après midi fut longue pour les deux adolescentes, le père avec les deux petites se moquaient de ce premier rendez vous.

Le soir tombait, la table fut dressée et la soupe servit, l’appétit des filles n’était guère au rendez vous.

On frappa à la porte et deux benêts passèrent dans l’encadrement.

Charles Guerin les fit asseoir et leurs offrit un coup à boire, comme on se doute la conversation tourna court et les deux garçons se levant sans plus de façon demandèrent au deux filles si elles voulaient bien leur parler.

Elles acceptèrent avec empressement et entraînèrent les deux garçons dans la chambre et refermèrent la porte laissant le reste de la famille autour de la table.

Matilde s’installa avec Jean aux pieds de son lit, Marie et Aimé s’installèrent aux pieds du lit des petites sœurs.

Les deux couples engagèrent la conversation et bientôt dans la chaleur de la pièce les garçons s’enhardirent à voler des baisers. La nuit était maintenant tombée et les petits bécots du début avaient laissé place à de francs baisers langoureux.

Les amoureux furent dérangés par les deux petites qui vinrent se coucher, mais Élisabeth et Augustine habituées à la discrétion ne troublèrent nullement les embrassades des tourtereaux.

Jean devint rapidement entreprenant et caressa sa belle, elle dût le freiner, nous n’en étions qu’au premier rendez vous.

Du coté du couple Aimé et Marie les choses avançaient avec promptitude et la main du garçon goûtait déjà la douce quiétude de la peau de Marie.

Mais avouons le, Marie avait menti à sa sœur et elle connaissait déjà intimement son prétendant pour l’avoir reçu en son pâtis lorsqu’elle gardait les vaches.

Les deux parents se couchèrent sans que les deux couples ne cessent leurs embrassades. Mais au bout d’un moment la voix de Charles se fit entendre.

 » o serat le moument de dételàe de boune eùre  »

Les deux garçons sur la pointe des pieds sortirent de la chambre et l’on convint de se revoir le dimanche suivant.

Les deux filles bien énervées eurent du mal à s’endormir.

Le dimanche suivant un scénario un peu différent se présenta, Jean et Aimé peu discret dans la semaine avait battu campagne sur les douces embrassades des sœurs Guerin.

Au moment de la soupe 4 garçons se présentèrent, Charles amusé les fit asseoir. Après les civilités un gars de la Chapelle Achard se leva et demanda à Mathilde si elle voulait aller faire l’amour dans la chambre, elle accepta et Jean en resta comme deux ronds de de flan. Bientôt rejoint par Marie et un nouveau gars de Sainte Flaive, les jeunes gens s’installèrent aux pieds des lits. Mathilde avait en une semaine prit de l’assurance et embrassa vivement le jeune prétendant.

Mais cette nouvelle bouche ne lui plut guère et elle le congédia, ce dernier de bonne grâce laissa sa place de nouveau à Jean. Marie la sœur hésita longtemps mais changea aussi de galant.

Le manège se répéta de dimanche en dimanche et Mathilde essaya pas mal de gas du pays, mais chaque fois elle revenait au doux Jean qui bon gars acceptait la coutume d’essayage.

Puis vint le jour où le choix fut fait et des embrassades bien sages l’on passa aux choses sérieuses.

Cette coutume incroyable qui ressemble un peu au  » maraichinage  » était acceptée par tous et les parents laissaient leurs enfants presque aux yeux de tous, essayer différents garçons. Le cadre familial était rassurant, les garçons connus, tout était sous contrôle ( presque )

Les garçons obtenaient les rendez vous après avoir raccompagné les belles de plus en plus près de chez eux, mais parfois y venaient spontanément.

Les filles avaient libre choix d’accepter ou non et visiblement ne se privaient pas d’en accepter un certain nombre.

Ces petites ingénues se devaient de respecter deux choses, jamais sur le lit et pas de coït. L’ éventail des possibilités était large. Les plus sages se contentaient de la simple exploration linguale, d’autres plus délurées poussaient jusqu’aux caresses . Pour les moins sages, les culottes étaient ôtées et l’auto stimulation pratiquée.

Les parents donnaient leur accord tacitement comme leurs propres parents leurs avaient donné le leur.

Il ne semble pas que le nombre de grossesses illégitimes fut particulièrement élevé. Les couples tout en assouvissant leurs envies ne passaient que rarement à l’étape ultime sans être mariés.

Comme pour le Maraichinage, la masturbation réciproque n’intervenait qu’en fin de processus pour les bons à marier et pour faire patienter.

Il n’empêche qu’il devait bien être gênant de s’embrasser à bouches que veut tu et voir plus alors que les petits frères et sœurs puis les parents étaient couchés à proximité.

Ne nous formulons pas non plus de l’expression  » veux tu faire l’amour dans la chambre  » ce n’était pas une invitation sexuelle.

On voit donc que nos ancêtres ne versaient guère dans la pruderie, accepteriez vous que vos enfants roucoulent aux pieds de votre propre lit !!!!!!

PS : Mathilde épousa Jean Marie Proux et Marie épousa Aimé Raffin, il est évident que l’arrière grand mère de ma femme ne raconta point ses ébats amoureux à ses descendants mais il me plaît assez de penser qu’elle respecta cette belle coutume d’essayage.

Source :  » Amours d’autrefois  » de Michel Gautier et les  » amours paysannes, amour et sexualité dans les campagne  »de Jean Louis Flandrin.

Photo : source personnelle

LE VIOL D’UNE VIE OU LE MALHEUREUX DESTIN DE MARIE THÉRÈSE


La famille Leroy habitait   » la voie du Chatel  », les hommes étaient le plus souvent des bergers.

 

Marie Thérèse Leroy regardait avec tendresse son petit bâtard faire ses premiers pas dans la cour de la ferme.

Nicolas avait maintenant 18 mois, période d’innocence où le petit avait grandit sans ressentir les problèmes qui assaillaient sa mère.

Cette dernière depuis la journée funeste de son viol revivait presque quotidiennement l’outrage qui lui avait été fait. Elle semblait encore ressentir la douleur physique occasionnée par les deux barbares, elle ressentait leurs mains qui l’empoignaient, elle ressentait encore au fin fond de son intimité la présence du sexe de ses agresseurs. Il lui semblait également sentir leur odeur. Ils étaient tapis dans l’ombre de son existence et depuis elle vivait dans un monde de perpétuelle angoisse.

Elle se serait peut être finalement accommodée du souvenir de ses violeurs si le regard de la communauté villageoise ne lui rappelait à chaque instant la dure vérité.

Tout d’abord l’homme qui devait l’épouser fit machine arrière, seul il aurait peut être accepter de prendre pour époux la femme qu’il aimait , mais le poids de sa famille fut plus fort que l’amour et la traînée et son bâtard n’entrèrent pas dans cette famille respectable.

Au sein de la communauté de Marigny en Oxois les choses était bien pire, elle fut marginalisée et rejetée . Il y avait toujours une place de libre à coté d’elle à l’église , au lavoir et à la fontaine les femmes faisaient silence quand elle arrivait .

Pour les hommes du coin la cause était entendue, elle avait du provoquer ces deux militaires et inventer un viol pour justifier de la sale graine qui poussait en son sein. Plus question pour l’un d’entre eux de lui proposer mariage. De toute façon elle commençait à être une marchandise en cours de dévalorisation du fait de son age. Les quolibets et les remarques grivoises accompagnaient souvent ses marches

Ce n’était plus une femme à marier, mais cela pouvait être encore une femme à baiser. Pensez donc cette femme à soldats ne devait pas se faire prier pour soulever son cotillon.

Marie Thérèse souffrait en silence, elle restait droite et digne. Son petit bâtard, elle l’avait gardé et l’élevait comme elle le pouvait. De nombreuses femmes victimes se débarrassaient alors des ces fruits mal venus. Malgré l’opprobre généralisée son employeur l’avait gardée et sa sœur qui la connaissait le mieux lui avait gardé sa confiance, Marie Thérèse n’avait donc pas rejoint la cohorte nombreuse de femmes qui pour survivre devaient vendre leur corps.

Elle n’était pas une prostituée, ni une fille à soldat et aucun homme ne l’avait touchée depuis son agression.

Mais à la fin de l’été 1800 un jeune journalier de passage pour les travaux des champs vint lui conter fleurette.

Il était doux , gentil, attentionné et semblait ne pas s’occuper des ragots des autres ouvriers agricoles.

Aux mots doux , succédèrent les tendres caresses, Marie Thérese pour la première fois baissa sa garde et ne freina pas dans la paille chaude les tendres ardeurs du vigoureux paysan.

Ils se revirent et par une magie à chaque fois retrouvée leurs corps dans une unions parfaite ne firent qu’un.

Hélas le journalier comme les beaux jours disparurent pour laisser place à l’hiver.

Quelques mois passèrent et l’inquiétude de Marie Thérèse grandit, plus de menstrues, des nausées et un ventre qui s’arrondissait. La graine de l’amour léger avait germé et son fruit apparaissait au tout à chacun.

Elle n’eut pas à l’annoncer, tous le virent. La situation était dramatique, plus l’excuse du viol, elle avait été consentante et avait cédé à la tentation.

Encore une fois la défiance et la haine, mais encore une fois le soutien d’indéfectible de sa parentèle proche.

Elle alla déclarer comme la loi l’obligeait sa grossesse aux greffes de la mairie. Le maire, en ce 19 germinal an IX prit la déclaration résignée.

Cette déclaration obligatoire datait du roi Henri II ( celui qui prit une lance dans l’œil ) pour prévenir tout avortement ou tout infanticide. La femme déjà fautive au yeux de tous était passible de la peine de mort en cas de non déclaration, bien sur nous étions sous le consulat et bien que la loi ne fut pas très favorable aux femmes les condamnations n’avaient plus cette sévérité.

Le 15 prairial an IX madame Lolliot l’accoucheuse aida à mettre au monde un fort garçon que sa mère nomma Étienne Pierre. Le nom du père fut gardé secret, Etienne Verneau manouvrier et Agathe Lassé femme Caron servirent de témoin.

Un deuxième petit bâtard babillait au hameau de Voye Chatel.

On ne nourrissait pas les bêtes à rien faire et Marie Thérèse reprit ses activités de servante de ferme.

Le travail était dur et les relation avec le reste du personnel de la ferme conflictuelles. Elle logeait maintenant dans un galetas prêté par le maître des lieux. La promiscuité avec les deux petits garçons était certaine mais un toit est un toit et Marie fit abstraction.

Un jour qu’elle donnait à téter au petit Étienne et que Nicolas crapahutait avec les enfants du fermier, ce dernier entra dans la petite pièce .

Marie eut honte de ce sein dévoilé et sentit le rouge aux joues, que venait faire son maître dans cette mansarde ?

Le brave fermier lui mit le marché en main, sa productivité laissait à désirer et il ne savait pas si il allait pouvoir la garder.

Il lui expliqua que la pression villageoise était forte et que le curé faisait pression sur lui pour qu’il la jette dehors.

Marie Thérese sentit la terre s’ouvrir sous ses pieds, elle se voyait jetée à la rue, mendiant son pain avec ses deux petits.

Le bon fermier la rassura aussitôt et fort d’une grande mansuétude à son égard, il pensait qu’un arrangement ou un effort d’une autre nature lui permettrait de les garder à la ferme.

La pauvre ne comprenait guère ce qu’elle pouvait faire de plus, car elle travaillait déjà comme une forcenée.

Son patron fut plus explicite, il lui demanda de poser son bébé et baissa son pantalon.

Le cycle des souillures commença, pour une paillasse, de la soupe et un toit pour ses deux garçons la servante servit.

Elle vécut comme cela, la patronne se doutait du manège et redoublait de méchanceté à son encontre. Le maître au début profita à tout moment du corps de la jeune femme mais un événement lui freina ses ardeurs.

Marie Thérèse était fertile et un autre fruit se développait, chacun se doutait que le fermier était le père tant les fréquentations masculines de Marie étaient inexistantes. Personne ne pipa mot et Marie reprit le chemin de la mairie pour la sacro sainte déclaration qui fut prise par l indéboulonnable Monsieur Petit en date du 9 pluviose an XII. Le 12 floréal an XII naquit le petit Louis François, madame Lolliot servit comme précédemment de sage femme, Louis Taupin manouvrier et Nicolas Badie cordonnier servirent de témoins.

Fille mère pour la troisième fois, le diable l’habitait sûrement et les femmes se signaient à son passage. Le soupçon de paternité qui pesait sur le fermier fit taire l’ensemble de la communauté et Marie Thérèse continua son labeur et son malheur.

Il ne chassa pas son fils illégitime et son esclave mais la patronne devint encore plus dure et Marie Thérèse endura les pires tourments

L’ardeur amoureuse du maître ne faiblissait pas et Marie Thérèse devint à nouveau mère, le petit Jean Denis naquit le 27 février 1807 par les soins de l’éternel Lolliot.

La déclaration de grossesse n’avait pas eut lieu pour cette dernière maternité.

Louis Nicolas Geoffroy Marchand épicier et Armand Vilcoq bourrelier firent office de témoins.

Quatre enfants naturels c’était un record pour le village et pour l’époque, ils poussèrent comme des mauvaises plantes solides et vivaces au milieu d’un parterre et firent souches en la dure terre de champagne.

Seul le petit dernier n’eut pas ce privilège et mourut encore aux langes.

Le calvaire de cette vie de chienne cessa pour mon arrière grand mère à l’age précoce de 41 ans en cette belle année de félicité impériale que fut l’année 1810.

Le plus vieux des enfants avait 13 ans et le plus jeune pointait sur ses 6 ans, les trois enfants furent placés dans la famille et firent souche en Seine et Marne et dans l’Aisne.

Bien sur le récit narratif est inventé, seuls les fait si rattachant sont identifiables dans les actes d’état civil. D’autres scénarios auraient put se produire, mais l’essentiel n’est pas la. Par la vie de Marie Thérèse Leroy paysanne de Marigny en Oxois j’ai ouvert une petite fenêtre sur la condition féminine pendant l’époque Napoléonienne.

Les femmes violées en cette période de grands mouvements militaires étaient légion et les agresseurs peu ou pas punis.

La société Napoléonienne était patriarcale et les femmes soumises à l’autorité paternel, puis à l’autorité conjugale.

Les filles mères étaient souvent jetées à la rue et alimentaient en permanence les marchés urbain de la prostitution.

Le cas de Marie Thérèse n’est donc pas isolé et le scénario de la pauvre fille qui sert d’objet sexuel à son employeur est envisageable.

Peut être a t’ elle vécu en concubinage, mais ce genre de vie était marginale dans une communauté villageoise au début du 19ème siècle.

Peut être que chaque enfant est le résultat d’un amant de passage.

Mais quelque soit le scénario cette pauvre femme a du souffrir dans son être et dans sa chair.

Son viol par  2 individus fut le catalyseur de son triste destin et influa à n’en pas douter de façon négative sur le cours de sa vie.

La situation d’un mère célibataire avec 4 enfants est déjà laborieuse en notre temps de félicité sociale alors imaginez le calvaire il y a 200 ans !!

Ce texte fait suite à l’histoire du viol de Marie Thérèse  que je vous mets en lien.

https://pascaltramaux.wordpress.com/2015/05/16/une-sinistre-histoire-de-viol-1797-dans-un-village-de-laisne/

LES RELEVAILLES D’AUTREFOIS


Marie Bouriou n’avait pas eu le droit de se rendre au baptême de son fils, la tradition était bien ancrée c’était son 4ème enfant et jamais elle n’aurait imaginer transgresser cet interdit.

Notre bonne mère Marie n’avait elle pas été interdite de temple ( Jérusalem ) jusqu’au 40ème jour.

A vrai dire elle ne se posait pas la question, la coutume le voulait alors elle s y  plierait

Mais pourquoi les mères n’assistaient elles pas au baptême de leurs enfants ?

La réponse est à chercher dans l’antiquité Hébraïque et plus particulièrement dans le lévitique, en cette douce époque la femme qui venait d’accoucher ou d’avoir ses menstruations était entachée d’impureté . Cette dernière qui n’avait pas la signification de souillure empêchait toutes les femmes de se rendre sur un lieu de culte, de ne participer à aucune cérémonie et même de se rendre au lavoir.

Cette impureté liée au sang était même étendue au rapport sexuel, formellement interdit pendent les règles et après un accouchement.

La vierge Marie qui était juive ne fit donc pas exception. Ainsi donc la mère du Christ fut entachée d’impureté, un comble pour une vierge.

La religion chrétienne reprit à son compte cette idée d’impureté en rajouta un peu.

La femme qui paradoxalement faisait un don à la vie était impure pendant 40 jours dans le cas d’un garçon et de 80 jours pour une fille . Elle ne devait en théorie pas sortir de chez elle.

On le voit cette histoire mêle l’impureté du sang placentaire, le sang des menstrues et le tabou de la sexualité féminine.

L’homme n’était évidement entaché d’aucune impureté, c’est Eve et non Adam le responsable.

La date de la présentation de Jésus correspond à la chandeleur. Cette fois ci les chrétiens reprennent à leur compte un mythe païen de la fertilité . Encore un mélange, car la chandeleur arrive 40 jours après Noël. Fertilité, impureté, présentation à dieu, on s’arrange de tout.

Marie Bouriou cette impure n’avait donc pu se rendre à l’église, elle s’y rendra dans quelques jours pour une cérémonie que l’on appelle les relevailles.

Les canons de l’église précisaient 40 jours et 80 jours, parce que le fœtus conçu dans l’impureté, est réputé être resté sans forme pendant 40 jours pour les garçons et 80 pour les filles.

Évidemment chacun c’est vite rendu compte qu’une paysanne et mère de famille ne pouvait rester autant de temps sans sortir de chez elle. Actrice économique essentielle, un accommodement fut trouvé et de 40 jours on passa à un certain temps. Les femmes de la noblesse et de la bourgeoisie, moins bousculées par le travail respectèrent un peu plus les prescriptions de l’église.

Marie prépara sa réintroduction dans le cercle des fidèles de Dieu après une semaine. Ce délai lui avait d’ailleurs été nécessaire pour se remettre de ses couches.

Le jour des relevailles, Marie est accompagnée de la sage femme, de la marraine et de quelques voisines.

La matrone porte l’enfant sur son bras droit et la mère se tient du coté de la tête de son enfant, la marraine est de l’autre coté.

Dans cet ordre ce cortège exclusivement féminin arrive après 30 minutes de marche à l’église Saint Hilaire de Bazoches, le bébé connaît le chemin, car c’est le même qu’au baptême.

Marie s’agenouille à l’entrée de l’église, le prêtre lui amène un cierge ( celui de la chandeleur ). Elle le tiendra pendant la cérémonie. Le prêtre Javelot revêtu de son surplis récite une première prière puis pose un bout de son étole blanche sur le bras de Marie la relève et l’accompagne jusqu’à l’autel. Le prêtre continue son office, nouvelle prière, bénédiction et communion.

Marie a fini sa corvée, elle est de nouveau pure et va pouvoir réintégrer la communauté chrétienne et sa propre communauté paysanne.

Bien sur avant de rentrer chez elle pour servir un repas à ses proches, elle doit donner rétribution au curé. Une piécette et une partie du gâteau qui avait été béni pour la circonstance est donné en contre partie de la consumation du cierge ( en cire d’abeille, donc cher ).

On ne badinait pas avec cette cérémonie, car si la femme venait à mourir en couche , des relevailles post mortem avaient lieu. La sage femme ( encore elle ) prenait la place de la morte et se rendait à l’église avec le même cérémonial. Nos ancêtres étaient superstitieux et le non respect de cette coutume portait malheur.

Marie en sortant de chez elle pour la cérémonie a croisé son voisin, elle sut donc que son prochain enfant serait un garçon.

Les prédictions ne sont pas toujours bonnes, Marie Bouriou n’eut pas d’autre enfant et s’éteignit 6 ans plus tard à l’age peu respectable de 51 ans.

LE MARAICHINAGE, DE LA COUTUME ANCESTRALE A LA LIBERTÉ SEXUELLE


bourine

Bourines Vendéennes

Marie habitait dans une bourine perdue au milieu des marais, en ce dimanche de mai 1889 elle allait profiter d’un moment d’intimité pour faire un brin de toilette hebdomadaire. Son père et son frère étaient partis s’occuper des bêtes, qui même en ce jour du seigneur requéraient des soins.

Marie alla puiser de l’eau au puits et revint s’installer dans l’unique pièce de la maison.

Elle commença ses ablutions par le visage, de l’eau claire et un chiffon, elle se dévêtit le haut du corps ne le  dévoilant que par morceau, l’entière nudité n’étant point de mise. Après s’être vivement frottée , elle releva son cotillon et fit une très brève toilette intime, seules les filles de mauvaises vies insistaient sur cette partie du corps.

Toute propre elle mit ses atours du dimanche et quand revinrent les hommes elle était prête pour se rendre à la messe.

Mais toute dévote qu’elle était, Marie attendait avec impatience un autre moment, en effet dans cette région de Saint Jean de Mont il était de tradition d’aller  » Pêcher les Galants  ».

Les hommes de la maison n’allant pas à la messe, mais directement au cabaret, Marie orpheline de mère s’y rendit avec  son amie Jeanne qu’elle prit sur le chemin menant au village.

maraichine

 

Munie de son grand parapluie, de son tablier neuf et de sa belle coiffe elle courut presque jusqu’à l’office.

La corvée expédiée elle sortit de l’église et se rendit sur la place du village en compagnie des autres jeunes du village.

Commença alors une étrange parade où les jeunes filles bonnes à marier allaient commencer la pêche aux galants.

Alors que Marie déambulait avec Jeanne dans le village elle sentit qu’on la tirait violemment par le jupon, heureuse elle se retourna pour se retrouver nez à nez avec Jean. Sa déconvenue fut grande car elle pensait se retourner sur Pierre à qui elle avait promit sa journée.

tirage-jupon

 

Jean n’était pas un inconnu pour elle, car la semaine précédente elle avait fait  » lambiche  » avec lui pendant 2 heures au cabaret.

La pratique ne lui avait guère plu et Jean ne serait pas son promis.

Il est temps d’expliquer maintenant cette coutume étrange du pays de Mont en Vendée et que pratiquent tous les jeunes des environs comme l’avaient d’ailleurs pratiqué leurs parents avant eux.

C’est ce que les bourgeois des villes appelèrent le Maraîchinage car pratiqué par les Maraîchins. Les intéressés eux mêmes utilisant le terme faire lambiche.

Cette habitude venue du fond des ages consistait en un accouplement bucco lingual pratiqué en toute liberté en pleine rue, à la foire ou au cabaret.

Nous appellerions maintenant cela se  » rouler des pelles  ».

Cela durait des heures et se voulait une sorte d’essai avant des noces éventuelles.

Un certain cérémonial entourait ces rencontres.

Marie s’était laissée entraîner au cabaret la semaine précédente par le Jean.

Le propriétaire du cabaret avait aménagé une pièce pour les adeptes du Maraîchinage, quelques bancs, des chaises.

 

maraichinage-2

Y m’doute que tan dis pas vraie. Enfonne, si te m’aim crache mé den la goule

 

Ils avaient donc rejoint la jeunesse du village et avaient pris place l’un en face de l’autre sur un banc.

Après quelques béquets  » More Columbino  » Jean et Marie s’étaient accouplés avec leur langue en un long cataglottisme. Il en avait manifestement tiré du plaisir, elle était restée de marbre et au bout d’un temps raisonnable mit fin aux embrassades.

Les filles du pays pouvaient en toute tranquillité essayer plusieurs partenaires, sans que cela ne choque le moins du monde.

Imaginé parents du 21ème siècle, votre fille, effectuer devant vous ce genre d’essai avec un partenaire différent chaque dimanche.

Lorsqu’elle s’aperçut que Jean retentait sa chance elle se mit à hurler et brandit son immense parapluie. Jean au centre de l’intérêt général lâcha Marie et penaud partit dans la direction opposée.

On voit donc que le parapluie au mois de mai avait une première utilité, à savoir chasser l’opportun.

Marie continua sa promenade et vit enfin Pierre arriver sur la place, cérémoniellement il vint tirer sur sa robe et mit sa main gauche sur son épaule droite. Marie se laissa faire et Pierre lui passa son bras gauche autour de son cou.

Ils se rendirent au cabaret et Pierre offrit un café à Marie, puis le manège commença et les langues se cherchèrent.

Les 2 tourtereaux se trouvèrent à leur goût et la joute dura presque 4 heures.

Épuisés mais heureux il fut décidé que Pierre raccompagnerait Marie dans les marais.

On imagine bien l’ambiance régnant dans la pièce avec tous ces jeunes couples dans la force de leur jeunesse s’embrassant pendant des heures.

A quelques pas du village un petit pré protégé des regards par un mince talus, abritait déjà 2 couples en pleine action, nullement gênés par l’arrivée de Pierre et Marie, ils continuèrent leurs roucoulades. Visiblement ceux ci n’en n’étaient pas à leur première rencontre car on pouvait apercevoir tranchant avec le vert tapis de mousse une blanche cuisse avidement explorée par un jeune maraîchin

Théoriquement, les couples s’arrêtaient au baiser intrabuccal, mais !!!

Marie ouvrit son parapluie et les deux amoureux reprirent leurs baisers, Pierre n’en obtint pas plus avec ce premier rendez vous.

Il raccompagna Marie à proximité de sa maison.

C’est fort excité que chacun regagna son logis, en s’étant promis un prochain rendez vous.

Voila l’explication d’un parapluie en été, les maraîchines se cachaient des curieux par ce moyen, beaucoup plus efficace que l’antique rabalet des maraîchins ( chapeau ).

Les parapluies de couleur violet poussaient donc toute l’année le long des talus et des chemins.

Paravents dérisoires, peut être, mais le tout à chacun savait ce qui si passait dessous et la tranquillité était coutumièrement acquise.

Il est à signaler que les galants invitaient les filles même devant les parents, car je le répète cette coutume n’avait que pour but de trouver un mari et les parents au courant de la coutume puisque l’ayant pratiquée ni voyaient rien à redire.

Transplantez vous à notre époque et imaginez votre fille tirez par sa robe s’en allant embrasser un garçon en pleine rue pendant des heures.

Lorsque la fille acceptait de se faire raccompagner presque chez elle, il y avait acceptation tacite de la liaison.

Les rendez vous succédèrent au rendez vous et Marie connut bientôt par cœur la bouche de son amoureux, au bout d’un moment les mains de Pierre se firent tactiles, Marie se laissa faire mais exigea de se rendre dans les chambres du cabaret dédiées au maraîchinage.

Eh oui vous avez bien lu des chambres avec plusieurs lits et des chaises étaient mises à disposition des clients, imaginez les ennuis que s’attireraient un patron de bar à l’heure actuelle.

Marie et Pierre s’installèrent donc, l’intimité était toute relative, mais chacun se préoccupait seulement de ses affaires, et comme sous leur parapluie, les amoureux étaient seuls au monde.

Pierre qui avait promis mariage à Marie eut droit de parfaire sa connaissance du corps de Marie.

Le temps passa, les 2 amoureux était maintenant liés et les noces prévues.

Le maraîchinage continuait mais Pierre et Marie cherchaient maintenant des endroits beaucoup plus discrets . Un dimanche après vêpres dans une grange déserte le jeux continua. Excitée par l’échange de baisers langoureux, Marie se retrouva naturellement le jupon relevé, Pierre trouva la toison humide de Marie fort à sa convenance et s’aventura à explorer son jolie petit bouton.

Passer sa main par le trou du cotillon de la jeune femme et lui caresser le sexe s’appelait faire miguaillère.

 » Fourr ta main dans ma miguaillère,  tu verras tio p’tit merlaudia

 

L’excitation était à son comble et Marie éprouva une certaine confusion au ravissement de Pierre.

La réunion des corps amenait parfois à la masturbation de la femme par l’homme, alors que le contraire n’avait  » apparemment pas lieu  ». Les médecins de l’époque pudique évoquent simplement quelques sensations voluptueuses ou une simple sécrétion du prépuce.

Je veux bien croire nos médecins du 19ème siècle, mais ces excitations mutuelles  ne devaient  pas être  facile à gérer pour un jeune homme .

Le coït était par contre assez rare en théorie, rappelons le encore une fois le maraîchinage normalement s’arrêtait au baiser lingual.

Pierre et Marie surent rester sages (enfin presque et finir leur découverte mutuelle pendant leur nuit de noce ).

Apparemment ces pratiques n’amenèrent pas une augmentation d’enfants naturels. Des mariages étaient disons le parfois un peu précipités, mais la morale toujours respectée.

Ce becquetage était un véritable jeux sexuel, qui je pense n’a guère d’équivalent à notre époque de soit disant grande liberté.

Bien sur les curé faisaient grise mine et les bourgeois bien-pensant et coincés criaient à l’impudicité, ( ces derniers allaient contrairement aux paysans voir des dames tarifées. )

Certains maires tentèrent de l’interdire, mais le maraîchinage coutume ethnique résista et mourut bien plus tard de sa belle mort.

PETITE POÉSIE SUR LE SUJET

Deux par deux, fille et garçon, chacun sa chacune.

S’en vont les jours de pardon, le long de la dune.

Fuyant l’affreux cabaret, à la pièce close.

Ils préfèrent leur marais à l’aspect morose

Lui prend tendrement sa main, frôle son corsage.

S’apprête le maraîchin, au maraîchinage.

Elle porte un parapluie,suivant la coutume,

pour préserver de la pluie son joli costume

Ou plutôt pour abriter, leur chaude tendresse

Car l’hiver comme l’été, le doux nid se dresse.

Ils s’assirent sur le rebord d’un fossé sauvage.

Lui se penche sur le bord du jeune visage.

Il embrasse vivement la lèvre charmante.

Et un doux frémissement, agite l’amante.

Elle se livre affolée, à cette caresse.

Qu’elle rend à la volée avec allégresse

SOURCES  : –  Cartes postales, collection archives départementales vendéennes.

                       – Docteur Marcel Baudoin, Le Maraichinage, coutume du pays de Mont ( Vendée), Paris 1906.

                       –  La France médicale 1905.

                       – Ensemble des documents consultables sur Gallica.

Si vous connaissez une pratique similaire dans une autre région faites le moi savoir…..

UNE SINISTRE HISTOIRE DE VIOL 1797 DANS UN VILLAGE DE L’AISNE

MARIGNY EN ORXOIS

MARIGNY EN ORXOIS

L’AFFAIRE

MARIE THÉRÈSE LE ROY

En généalogie il y a des branches qui vous donnent du fil à retordre, des branches que l’on remonte facilement et d’autres qui malheureusement restent hors de portée. La filiation paternelle de mon aïeul Nicolas Hubert Leroy est de cette nature.

Nicolas est issu d’un fait divers, il en fut certainement très marqué et son enfance comme la vie de sa mère n’a certainement pas été très facile.

Je vais donc vous narrer l’histoire d’une femme qui comme des milliers d’autres, eut à subir le pire des outrages et qui fut obligée malgré tout de vivre avec son traumatisme.

Les faits remontent au mois de décembre 1797 dans un village de l’Aisne , mais pourraient se passer partout et maintenant . Le viol est universel et intemporel.
Les faits sont cités dans l’acte de naissance de Nicolas Hubert, ils sont laconiques et se résument à 2 mots  » violée et force », la narration tournera donc autour des ces informations lacunaires.

Marigny en Orxois canton de Gandelu département de l’Aisne

vieille de noël 1797

Marie Thérèse cheminait sur le petit sentier, elle s’éloignait du hameau La voye du Chatel où elle demeurait pour se rentre au centre du village de Marigny en Orxois. A l’instar des directeurs parisiens qui se croyaient roi, Marie Thérèse se sentait la reine du village, à 30 ans elle allait enfin se marier. Déjà un âge avancé, mais elle n’en avait cure , la révolution, la conscription avait perturbé l’ordre des choses et aucun prétendant ne s’était présenté. Elle se rattraperait, ferait de beaux enfants, jouirait d’un bonheur simple. Pour l’heure elle vivait donc chez sa sœur Victoire et son beau frère Pierre Gallet. Son père était mort le 27 mars 1797, le couple l’avait  accueilli. Pierre Gallet était berger, comme le père de Marie Thérèse et l’ensemble de ses aïeux. Tout le monde était gentil avec elle, mais la promiscuité lui pesait et elle se sentait de trop à certains moments. Bientôt, elle ferait table rase et s’installerait à l’autre bout du village au hameau  » écoute-s’il-pleut  » avec le journalier qui lui faisait des avances depuis plusieurs mois.

A proximité du bois Jolis elle aperçut 2 cavaliers qui avaient posé pieds à terre. La présence des 2 soldats n’inquiéta guère Marie Thérèse, ces 2 messieurs remontaient sûrement à l’armée de Mayence nouvellement créée sur ordre du Directoire.

En se rapprochant elle vit que l’uniforme des 2 hommes étaient celui de hussard, elle aimait ces uniformes chamarrés et aurait bien aimé qu’un militaire lui conte fleurette. C’est sur cette pensée qu’elle passa devant eux en les saluant. Le plus âgé des 2 dut se méprendre sur l’air affable de Marie Thérèse et lui demanda un baiser. Elle le rabroua gentiment, il insista et lui bloqua le passage.

Marie Thérèse commençait à ne pas être tranquille, personne sur le chemin, elle était seule avec les 2 hommes. Le deuxième soldat se mêlait maintenant à l’affaire et empêchait toute fuite vers l’arrière.
L’homme lui dit puisque tu ne veux rien donner nous allons nous servir.
Le calvaire commença, l’un la ceintura l’autre lui retroussa sa robe et la toucha, elle tenta de se débattre, mais se retrouva bientôt au sol. Les 2 soldats lui ôtèrent de force tout ses vêtements. Aucun homme ne l’avait vu nue, la honte l’envahie, terrifiée elle ne bougeait plus et aucun son ne franchissait ses lèvres closes. Les 2 soudards forcèrent la barrière virginale à tour de rôle. Le jeu criminel se prolongea et les hussards voulurent forcer une autre barrière. Allongée sur le ventre, souillée, humiliée, elle attendait soumise, vaincue une autre souffrance. Mais les 2 criminels ,que le courage n’étouffait pas, entendirent un groupe de paysans qui remontait le chemin avec une charretée de bois. Ils décampèrent aussitôt. Marie Thérèse rassembla le peu d’esprit qui lui restait et se rhabilla rapidement ne voulant pas exposer sa nudité et son humiliation , aux paysans du village. Elle se cacha pendant quelques instants et ne sortit des fourrés que lorsqu’elle fut sûre d’être enfin seule.

Quelle conduite tenir à présent ?
Se taire et garder pour soit le terrible secret, où bien tout révéler….

Elle choisit le silence, le viol restait dans le domaine de l’impudeur et non dans celui de la violence .Qui pourrait croire une pauvre paysanne face aux dénégations de 2 défenseurs de la nation ?
Sa vie ne valait rien, elle ne serait pas crue, sa réputation ne s’en remettrait pas et les hommes ne la regarderaient plus qu’avec un regard concupiscent, les femmes la mettraient en quarantaine et la traiteraient d’aguicheuse où de putain.

Elle fit donc comme si de rien n’était et tenta de reprendre le cours de sa vie.

Mais le fruit du mal germait en elle et elle n’eut plus ses menstrues.Elle remarqua que ses seins prenaient du volume et quelques nausées la génèrent dans son travail à la ferme.

Sa sœur Victoire qui avait déjà enfanté , se rendit bien compte des transformations physiques de sa sœur.

Elle força donc Marie Thérèse à avouer en présence de son mari Pierre, la pauvre dut tout raconter et ressentit une nouvelle humiliation à révéler son terrible secret. Il était déjà trop tard pour faire passer l’enfant, les herbes abortives, thym , persil et armoise ne servirent à rien, le labeur décuplé et la compression du ventre non plus. Il fallait se résoudre, la nouvelle parcourue le village et évidement le mariage fut rompu, personne ne prendrait une femme avec un petit bâtard.

C’est à peine si on la croyait, Pierre Gallet voulait la chasser mais Victoire tint bon et accompagna sa sœur dans son épreuve.

Le 12 messidor elle se rendit au greffe de la mairie pour déclarer sa grossesse et l’arrivée  d’un enfant naturel, c’était une obligation depuis le règne d’Henri II, pour contrer les infanticides.

Marie Thérèse raconta son histoire au maire Denis Petit et à un agent municipal Louis Le roy, un sien cousin éloigné.

Il s’avéra que d’autres paysannes de la région avaient subit le même sort et le récit de Marie Thérèse fut avalisé par les 2 agents.
L a déclaration fut enregistrée au registre du greffe de Château Thierry le 23 Messidor.
Évidement il n’y ‘eut pas d’enquête et les deux coupables purent sans difficulté rejoindre leur unité en égrainant un chapelet d’atrocité.
Il y eut des faits similaires  dans la région qui ne changèrent rien au problème.
L’époque était troublée, les routes peu sures et l’homme du renouveau vainqueur des Autrichiens se montrait  pour l’heure à l’institut en pensant à d’autres lauriers.

Le vide se fit donc autour d’elle, à l’église personne ne s’asseyait à coté d’elle et au lavoir le silence se faisait à la moindre de ses apparitions. Dans la ferme où elle servait, il s’en fut de peu qu’elle ne fut chassée et ne dut son salut qu’à l’intervention de la femme du fermier qui était un peu en avance sur son temps.

Le 3ème jour complémentaire an 6, dans la soirée, les douleurs commencèrent, Victoire aidée de sa voisine Thérèse Verniot prit les choses en main, elle envoya son mari quérir l’accoucheuse du village. Cela ne se fit pas sans difficulté, car la vieille Marie Marguerite Lolliot ne voulait pas accoucher une traînée. Pierre fit intervenir le maire du village qui habitait pas loin pour que la matrone consente à se déplacer.
Marie Thérèse était de bonne constitution et malgré que ce fut son premier, l’accouchement fut rapide et à 2 heures du matin un garçon prénommé Nicolas Hubert vit le jour.

Mon ancêtre devint militaire , domestique d’un noble puis garde particulier, il se maria avec une jeune Belge de la ville de Mons.

Quand à Marie Thérèse Leroy sa vie ne ressembla plus guère à celle d’une paysanne normale car elle eut 3 autres enfants naturels ce qui n’était pas , il faut bien en convenir, la norme de l’époque .
Mais nous en reparlerons dans une autre histoire

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