François ne cacha rien car il déclara maintenant au notaire un petit pécule en monnaie d’assignat de 183 livres.
De plus le couple Blanchet devait à la communauté la somme de 145 livres que François leurs avait prêtées pour qu’ils se vêtent décemment à leur mariage et qu’ils puissent assumer les frais de bouche et de cérémonie.
Si les Blanchet devait cette somme il en était de même pour les Lefevre qui eux s’étaient vus attribuer la somme de 144 livres 4 sols .
François avait aussi quelques dettes, mais rien de bien méchant.
Il ne s’était pas encore acquitté de la somme de 9 livres qu’il devait aux contributions foncières et mobilières de la paroisse de Montolivet, Saint Barthélémy et Meilleray.
Il était également en compte avec la veuve d’André Verdier car il lui devait 19 livres pour le prix d’un petit porc. Elle habitait juste à coté il réglerait cela rapidement.
Il devait 12 livres à un marchand de bois de la Ferté Gaucher, le nommé Bourdon et il devait encore 15 livres pour les marchandises de sa boutique.
Le notaire maintenant s’attela aux acquis du couple Regnault et nota un acte d’acquisition avec Jacques Ducreux le 3 mai 1778 à la Ferté Gaucher.
D’un autre le 4 février 1780 à Villeneuve sur Bellot avec Charles Lemaire et aussi d’un autre avec Joseph Marion à Montmirail le 7 mars 1781.
La politique d’acquisition de François ne s’arrêta pas là car il acquit encore un bien du même Joseph Marion le 11 avril 1785 puis encore un autre le 11 avril 1790 des nommés Jean Javari et Jean Mottet et leurs femmes respectives.
En tout François passa donc 5 contrats acquisitions sous notaire en l’espace de 12 ans.
La communauté Regnault hérite en outre des acquits de Jean Martinet et de ceux de Jeanne Hermand sa femme. Une rente de 30 livres émanant de Claude Lirot entre également dans les biens de la communauté.
Ils en ont presque terminé maintenant, il ne restera qu’a évaluer trois arpents de bleds actuellement en terre et ensemencés lorsque la récolte sera faite.
L’acte fut donc rédigé devant Louis Goutte l’aubergiste,Nicolas Lapleige marchand de bestiaux et Simon Arnault le charron, tous trois de Thierceleieux.
Seul le notaire et Lapleige signèrent, l’ensemble des couples Blanchet, Lefevre, François et son fils n’ayant pas été touchés par les grâces de l’instruction écrite. La rédaction et l’enregistrement de l’acte coûtèrent 8 livres et chacun sauf le mineur paya sa part.
En voilà terminé avec cet inventaire, il nous apprend qu’un manouvrier n’était pas forcément un pauvre hère , qu’il possédait des biens, un peu de terre, quelques bêtes, des objets manufacturés et qu’il dormait dans un lit avec un véritable matelas .
Certes beaucoup de promiscuité mais les espaces privés faisaient leur apparition avec les lits clos de rideaux. La couche n’est pas une simple paillasse.
Plusieurs meubles de différentes essences de bois, un trousseau assez complet et coûteux. A table ils ont vaisselle d’étain.
L’étable est séparée de l’espace de vie des humains.
De l’argent liquide est thésaurisé et peut être mis à la disposition pour aider les enfants et enfin on constate une véritable politique d’acquisition afin d’augmenter son capital.
Nous sommes loin de l’image du paysan dépenaillé chevauché par les membres des ordres privilégiés. Évidemment, il n’y a point là de richesse. La vie était dure, soumise aux aléas climatiques, un labeur incessant , un accès au savoir limité mais on peut quand même percevoir une amélioration des conditions de vie.
Pour la période qui nous concerne, les difficultés vont venir, mauvaises récoltes, troubles politiques, guerres révolutionnaires et impériales avec l’envahissement du territoire Briard par une horde de teutons et de cosaques.
François connaîtra toutes ses difficultés et décédera en 1817 dans la maison où il a passé sa vie mais qui est maintenant celle de sa fille.