Les quatre sœurs GUERIN
En cette fin de matinée de printemps 1906 les sœurs Guerin cheminaient en direction du hameau de la Gendronnière où se trouvait leur domicile. Comme tous les dimanches elles sortaient de la messe qu’elles avaient été entendre au bourg principal nommé Le Girouard. Cette petite commune de Vendée où coulait tranquillement la rivière du même nom étendait son emprise sur une foultitude de petits hameaux.
Chacun et chacune rentrait donc à son domicile pour y jouir du repos dominical et la jeunesse du village s’égaillait dans toutes les directions.
L’aînée Marie avait 17 ans et sa sœur puînée Mathilde 16 ans, vêtue toutes deux d’une belle robe grise d’un beau tablier et d’une coiffe blanche, elles cancanaient gaiement et parlaient des garçons.
Aucune des deux n’avait encore d’amoureux bien défini alors que bien des filles de leur âge avaient déjà conté fleurette.
A la sortie du bourg alors qu’elles avaient distancé leur mère et les deux petites pestes qui leurs servaient de sœurs un groupe de garçons les attendait.
Les deux petites vierges vendéennes baissèrent la tête en rougissant et allongèrent leurs pas. Les garçons les suivirent et la conversation s’engagea.
Les compères obtinrent l’autorisation d’accompagner les deux petites jusqu’à la Gendronnière, oh non pas jusqu’ à la maison mais tout de même pas très loin.
Il ne se passa rien évidement , simplement du badinage et des roucoulades, Jean et Aimé ne voulant point effaroucher les deux belles.
La même scène se répéta de dimanche en dimanche et les garçons se rapprochaient de la maison, puis vint un jour où il fut convenu que les deux jeunes hommes repasseraient en soirée.
Mathilde et Marie en bredouillant avertirent leur mère que des garçons passeraient au moment du souper . Clémentine qui était passée par cette étape elle aussi, acquiesça avec un sourire et les avisa qu’elle avertirait le père. Elle avait autrefois apprécié cette coutume et elle n’entendait pas en priver ses filles.
La maison possédait comme la plus part des demeures paysannes une grande pièce à vivre et une grande chambre où tous s’entassaient dans une promiscuité que nul ne contestait. Le lit des parents se trouvait à l’angle du fond, celui des deux garçons en face, celui des deux petites de l’autre coté et celui de Mathilde et de Marie occupait le dernier angle disponible. Des rideaux servaient de rempart ultime à la discrétion.
L’après midi fut longue pour les deux adolescentes, le père avec les deux petites se moquaient de ce premier rendez vous.
Le soir tombait, la table fut dressée et la soupe servit, l’appétit des filles n’était guère au rendez vous.
On frappa à la porte et deux benêts passèrent dans l’encadrement.
Charles Guerin les fit asseoir et leurs offrit un coup à boire, comme on se doute la conversation tourna court et les deux garçons se levant sans plus de façon demandèrent au deux filles si elles voulaient bien leur parler.
Elles acceptèrent avec empressement et entraînèrent les deux garçons dans la chambre et refermèrent la porte laissant le reste de la famille autour de la table.
Matilde s’installa avec Jean aux pieds de son lit, Marie et Aimé s’installèrent aux pieds du lit des petites sœurs.
Les deux couples engagèrent la conversation et bientôt dans la chaleur de la pièce les garçons s’enhardirent à voler des baisers. La nuit était maintenant tombée et les petits bécots du début avaient laissé place à de francs baisers langoureux.
Les amoureux furent dérangés par les deux petites qui vinrent se coucher, mais Élisabeth et Augustine habituées à la discrétion ne troublèrent nullement les embrassades des tourtereaux.
Jean devint rapidement entreprenant et caressa sa belle, elle dût le freiner, nous n’en étions qu’au premier rendez vous.
Du coté du couple Aimé et Marie les choses avançaient avec promptitude et la main du garçon goûtait déjà la douce quiétude de la peau de Marie.
Mais avouons le, Marie avait menti à sa sœur et elle connaissait déjà intimement son prétendant pour l’avoir reçu en son pâtis lorsqu’elle gardait les vaches.
Les deux parents se couchèrent sans que les deux couples ne cessent leurs embrassades. Mais au bout d’un moment la voix de Charles se fit entendre.
» o serat le moument de dételàe de boune eùre »
Les deux garçons sur la pointe des pieds sortirent de la chambre et l’on convint de se revoir le dimanche suivant.
Les deux filles bien énervées eurent du mal à s’endormir.
Le dimanche suivant un scénario un peu différent se présenta, Jean et Aimé peu discret dans la semaine avait battu campagne sur les douces embrassades des sœurs Guerin.
Au moment de la soupe 4 garçons se présentèrent, Charles amusé les fit asseoir. Après les civilités un gars de la Chapelle Achard se leva et demanda à Mathilde si elle voulait aller faire l’amour dans la chambre, elle accepta et Jean en resta comme deux ronds de de flan. Bientôt rejoint par Marie et un nouveau gars de Sainte Flaive, les jeunes gens s’installèrent aux pieds des lits. Mathilde avait en une semaine prit de l’assurance et embrassa vivement le jeune prétendant.
Mais cette nouvelle bouche ne lui plut guère et elle le congédia, ce dernier de bonne grâce laissa sa place de nouveau à Jean. Marie la sœur hésita longtemps mais changea aussi de galant.
Le manège se répéta de dimanche en dimanche et Mathilde essaya pas mal de gas du pays, mais chaque fois elle revenait au doux Jean qui bon gars acceptait la coutume d’essayage.
Puis vint le jour où le choix fut fait et des embrassades bien sages l’on passa aux choses sérieuses.
Cette coutume incroyable qui ressemble un peu au » maraichinage » était acceptée par tous et les parents laissaient leurs enfants presque aux yeux de tous, essayer différents garçons. Le cadre familial était rassurant, les garçons connus, tout était sous contrôle ( presque )
Les garçons obtenaient les rendez vous après avoir raccompagné les belles de plus en plus près de chez eux, mais parfois y venaient spontanément.
Les filles avaient libre choix d’accepter ou non et visiblement ne se privaient pas d’en accepter un certain nombre.
Ces petites ingénues se devaient de respecter deux choses, jamais sur le lit et pas de coït. L’ éventail des possibilités était large. Les plus sages se contentaient de la simple exploration linguale, d’autres plus délurées poussaient jusqu’aux caresses . Pour les moins sages, les culottes étaient ôtées et l’auto stimulation pratiquée.
Les parents donnaient leur accord tacitement comme leurs propres parents leurs avaient donné le leur.
Il ne semble pas que le nombre de grossesses illégitimes fut particulièrement élevé. Les couples tout en assouvissant leurs envies ne passaient que rarement à l’étape ultime sans être mariés.
Comme pour le Maraichinage, la masturbation réciproque n’intervenait qu’en fin de processus pour les bons à marier et pour faire patienter.
Il n’empêche qu’il devait bien être gênant de s’embrasser à bouches que veut tu et voir plus alors que les petits frères et sœurs puis les parents étaient couchés à proximité.
Ne nous formalisons pas non plus de l’expression » veux tu faire l’amour dans la chambre » ce n’était pas une invitation sexuelle.
On voit donc que nos ancêtres ne versaient guère dans la pruderie, accepteriez vous que vos enfants roucoulent aux pieds de votre propre lit !!!!!!
PS : Mathilde épousa Jean Marie Proux et Marie épousa Aimé Raffin, il est évident que l’arrière grand mère de ma femme ne raconta point ses ébats amoureux à ses descendants mais il me plaît assez de penser qu’elle respecta cette belle coutume d’essayage.
Source : » Amours d’autrefois » de Michel Gautier et les » amours paysannes, amour et sexualité dans les campagne »de Jean Louis Flandrin.
Photo : source personnelle