Enfin il ouvre la porte du salut, ils sont chez Loetitia. Leur état est lamentable. Une flaque d’eau se forme à leurs pieds, ils sont sauvés et maintenant éclatent d’un rire tonitruant.
Lui est comme hébété, mais Loetitia prend les choses en main. Elle ravive les braises de son foyer et déclare il faut se sécher.
Elle comme une mère le ferait pour son petit s’approche d’Henri et d’un geste qu’elle veut assurer déboutonne les boutons de sa chemise. Elle ne réfléchit guère, le vêtement lui colle au corps. Elle ne le regarde pas, ne remarque pas que l’enfant a les muscles d’un homme, qu’une légère toison couvre son torse et qu’un sillon de poils blonds, se fraie un chemin vers la virilité du gamin dont les sens soudain se mettent en éveil.
Elle se noie de parole, déclare qu’elle va lui prêter les affaires d’Édouard. Il s’y refuse mais ne bouge pas d’un pouce, hypnotisé, ensorcelé par cette trouble audace maternelle de Loetitia. Comme il ne se manifeste pas, c’est qu’il consent. Il sent des doigts qui dégrafent son bouton de pantalon et qui délie sa ceinture. Ses muscles se contractent, ses sens s’affolent, que fait-elle?
Perdrait-elle la tête à lui faire glisser son pantalon trempé, il ne l’aide pas, comme un enfant rétif qui ne veut pas aller au lit. Au vrai, il est paralysé par l’instant, hormis sa mère jamais aucune femme ne l’a dévêtu. Il est là au milieu de la pièce nu comme un ver, il frissonne, il a honte de ses jambes grêles et ne pense guère à cacher sa nudité. C’est un grand garçon qu’on va mettre au bain.
Loetitia est comme fascinée, comme transformée par ce qu’elle vient de faire.
Elle vient de promptement déculotté un jeune homme qui maintenant ne paraît plus aussi innocent. Il est là au milieu de la pièce, malgré le peu de luminosité elle s’aperçoit enfin qu’il n’est plus enfant et qu’il rend hommage à l’effeuillage qu’elle a pratiqué sur lui.
Il n’y a plus maintenant de retour en arrière possible, elle va étendre le linge du drôle près de la cheminée et va verrouiller sa porte.
Consciente qu’il ne bougera pas, elle se doit en experte qu’elle n’est pas,de prendre les choses en main. Elle lui prend la main et le fait doucement asseoir vers la courtepointe du lit.
Elle défait ses long cheveux collés par la pluie et passe ses mains dedans pour les disperser sur ses épaules. Un à un elle déboutonne son corsage qui mouillé épousait divinement ses courbes. Henri comme au théâtre voit évoluer l’actrice improvisée, lui n’est qu’un spectateur rivé sur son siège mais il brûle de monter sur scène.
La peau blanche de Loetitia se dévoile, des petits grains frissonnants naissent sur son ventre. Henri va défaillir, seul sa fierté d’homme l’en empêche. Il en mourait de honte Un dernier rempart, une dernière protection et il voit se qu’il devinait, ce qu’il enviait.
La lourde poitrine de Loetitia est là comme une offrande, ils sont comme des grosses pommes.. Henri instinctivement tend les mains pour s’en saisir, pour y boire, pour s’y repaître. A titre de comparaison il a l’image fugace de ceux de sa mère lorsqu’il arrivait subrepticement à la voir faisant sa toilette. Ceux maternels, petits en poire n’ont pas le magnifique attrait de cette large mappemonde.
Muet, immobile, il assiste à la chute de la robe de Loetitia, tas de linge trempé. Elle est là au milieu d’un léger nuage de vapeur qui se faufile sous la blanche chemise. La pluie en son plus fort balaye les volets fermés de la chambrette, le vent chante une mélopée inquiétante. La chemise choit, Henri bouche bée regarde halluciné le haut des cuisses de la belle offerte. Jamais il n’a imaginé que la beauté d’une toison féminine ne le transporte à un tel point. C’est la première fois qu’il mire un tel spectacle, lors de ses plaisirs solitaires dans le lit de son internat il n’avait aucune vision se rapprochant à celle là.
Il ne peut plus cacher son désir, mais en jeune ignorant en reste comme honteux.
Loetitia se joue du gamin, elle voit son émoi, est fière de l’effet qu’elle produit, les hommes sont tous les mêmes. Son pauvre Édouard tout pataud qu’il était n’aurait jamais attendu aussi longtemps. Il aurait prit possession du territoire et en aurait violé la terre avant qu’elle ne pense même à ôter son chignon.
C’est différent avec Henri, elle devine que ce ne sera qu’une initiation, alors en maîtresse d’école elle domine sur l’estrade de son expérience et noircit le tableau de sa propre envie.
Elle lui intime l’ordre de ne pas bouger, il est là allongé à la place d’Édouard, il n’y pense pas. Elle se juche sur lui, puis en une danse légèrement chaloupée elle se joue de ses forces. Il a fermé les yeux, ne profite pas des beaux valons qui ondulent devant lui. Absorbé par l’idée de tenir encore et encore, elle accélère. Comme une pythie, comme une vestale, comme une déesse de l’amour elle l’a enveloppé et repose sur sa poitrine.
Il n’a été que simple acteur, second rôle pour l’instant mais sûrement à l’aube d’une grande carrière.
Un bruit soudain, elle se lève comme un ressort que l’on tend, il voit s’évanouir une paire de fesses blanches dans la pièce principale.
Par terre le portrait d’Édouard, il sourit encore mais le verre du cadre est cassé, le crêpe noir qui en hommage ceignait le buste fier et victorieux c’est détaché. Le matou auteur du méfait joue avec de sa grosse patte agile. Elle est là nue au milieu de la pièce, Édouard entre les mains. Il ne semble plus sourire et la regarde plutôt d’un air réprobateur. Elle se sent ridicule, sa poitrine mue par la gravitation tombe en une masse molle, sa toison est parsemée de neige blanche. Elle n’est plus la du Barry, elle n’est plus la Montespan, mais simplement la veuve Tirant.
Elle entend du bruit, se retourne, que fait il encore là?
Henri la queue entre les jambes danse un pied sur l’autre . Il n’a plus sa fière allure conquérante. ses muscles saillants ne sont plus que chair d’enfant et sa poitrine qui dans l’instant avait semblé être un refuge soyeux n’est parsemée que d’un fin duvet.
Elle a cru faire l’amour à un homme, elle n’a que dépucelé un adolescent, elle se sent mal dans sa tête mais pourtant dans son ventre confusément elle sait que ce fut une joute merveilleuse.
L’enfant homme s’est rhabillé, il sait que cela ne se reproduira plus, qu’il fut qu’un intermède.Pour lui ce sera la première marche de sa vie d’homme, en sortant il voit le cadre d’Édouard, la vitre est brisée comme sa propre enfance.
Bientôt lui aussi partira défendre son pays en espérant que cette veuve passionnée se souvienne de lui.