LE ROMAN DES MORTS, ÉPISODE 4, le menuisier du Gué d’Alleré

 

Benjamin Sorlin août 1914 village du Gué d’Alleré

Benjamin en ce matin a des velléités d’amour, cela fait sept ans qu’il est marié avec sa femme Adélia et jamais il ne s’est repenti de son choix. Elle tient à merveille son ménage et la seconde dans la gestion de son entreprise de menuiserie.

Il se rapproche d’elle, il sait qu’elle fait semblant de dormir. Ses pieds sont froids mais ils ne sont guère intéressants. Il se love en cuillère derrière elle et sent son cœur s’accélérer. Elle ne bouge toujours pas, impassible devant la virilité de son mari qu’il n’a de cesse de lui faire sentir.

Un léger murmure, comme une invite, Benjamin remonte lentement la chemise de nuit d’Adélia, bizarrement au fur et à mesure de sa remonté les chairs sont plus chaude.

Le corps qu’il sent entre ses mains se fait plus lascif, toujours aucun mot, ni aucun mouvement, mais il sait qu’il y a consentement. Sa femme est maintenant dénudée jusqu’à la taille, il perçoit son odeur. Cela bouleverse ses sens, jamais il n’y a réfléchi mais plus que la vue du corps de sa femme c’est la perception olfactive qu’il en perçoit qui le transforme en amant insatiable.

Adélia se retourne et sourit à son homme , elle aussi aime ces moment d’amour volé sur la journée en se retournant elle dévoile impudique sous le regard fiévreux de Benjamin sa belle toison d’un noir de jais d’où perle à présent quelques gouttes de sensuelles rosée.

Il faut tout de même s’arracher à l’érotique torpeur, de l’ouvrage attend Benjamin et Adélia à la petite Aimée à s’occuper.

Pour l’instant ils n’ont que cette gamine de sept ans mais espère de tout cœur mettre à la vie un petit Sorlin qui n’en doutons pas évoluera dans les copeaux de l’atelier de menuiserie de son père.

Benjamin a 35 ans maintenant, c’est un homme fait de grande taille, il en impose par sa stature, peu d’homme dans le village du Gué d’Alleré mesure plus que ses un mètre soixante quinze. Il en est donc par le fait respecté, dans cet univers fruste des gens de la terre l’impression de force procure un aura extraordinaire.

Benjamin si il est respecté par les hommes, bénéficie aussi d’une attention particulière de la gente féminine. D’ailleurs cela faisait un moment qu’il avait fait fi de sa fidélité à Adélia. Bien convaincu qu’il se doit de profiter de toutes les bonnes occasions qui se présentent à lui.

Pas rassasié par sa joute matinale, son corps réagit aussitôt à la petite qu’il y a peu il serrait fortement dans une clairière du bois de Mille écus.

C ‘est Adélia qui est du Gué, plus jeune de deux ans que Benjamin elle a succombé sans trop de résistance à ce voleur de fille du village de Saint Sauveur d’Aunis.

Son père marchand de grains n’avait vu aucun empêchement à donner sa fille à un artisan. D’ailleurs son consentement n’étant pas nécessaire on s’en serait bien passé.

Adélia née Caillaud avait grandi à la Moussaudrie, un hameau du village en lisière du bois des lignes. Elle n’avait que peu connu sa mère Marie Madeleine morte alors qu’elle n’avait que cinq ans.

La présence féminine de sa grand mère Plisson la réconfortait mais l’apeurait parfois. Elle avait donc grandi entre l’amour et la peur. Son père qui se piquait de commerce était souvent absent et ne fut pas un modèle pour sa fille.

D’ailleurs Adélia qui fait sa toilette sans faire de bruit pour ne pas réveillé Aimée pense à la honte et à son amour propre que leur a infligé leur frère Camille.

Ce dernier dont le sens commercial n’était pas une évidence a été mis en faillite et les biens familiaux vendus.

Cela fit sourire, que les affaires d’un marchand de grain périclite à ce point. Adélia qui elle s’assure de la stabilité économique de son couple a été consternée par la vente au enchère de la maison de la Moussaudrie ainsi que des quelques terres qui se trouvaient autour. Ce n’est pas que Adélia soit vénale et lorgne sur l’héritage de sa famille mais tout de même c’est des morceaux d’elle même qui tombent dans des mains étrangères. Le patrimoine de sa famille disparaît et elle en a honte. N’osant plus sortir de chez elle de peur des ragots elle se calfeutre chez elle.

Cela fait un mois que la vente a été faite et elle se croit encore poursuivie par les mauvaises langues.

La cruauté paysanne est sans borne, elle a hâte que l’attention des langues de vipères soit détournée sur autre chose.

Par la fenêtre Adelia voit passer le gros Gougaud, où court il celui là de si bonne heure?

Ils sont presque voisins mais peut-on se considérer voisin lorsque l’un demeure dans une immense demeure et l’autre dans une petite maison composée de deux pièces et d’un atelier.

D’ailleurs elle n’a jamais eu l’honneur de pénétrer dans la vénérable demeure des anciens seigneurs, elle peut même dire que jamais elle n’en a approché l’office car elle est fâchée avec la pimbêche de Marie Chauvin.

En effet, un jour où cette dernière passait devant l’atelier de son mari, l’un des hommes présent lui barra le passage et lui demanda un baiser en guise d’octroi. Il s’ensuivit une querelle qu’Auguste Petit le garde champêtre eut du mal à juguler.

Toujours est-il qu’elle en rigole encore de voir la vierge du Gué, la grenouille de bénitier du curé Niox de se voir pressée le long d’un homme, rouge de honte, confuse, ses gros tétons presque sortis, le bonnet de travers.

Moi je n’y étais pour rien mais je n’avais pas pris position pour elle, l’histoire fit de bruit, Gougaud s’expliqua avec le trublion. Ce dernier dut faire des plates excuses à la bonne.

Mon mari y perdit la clientèle de l’important propriétaire, moi les prieuses de l’église me boudèrent et le malheureux journalier qui n’avait que le tort de s’aviner un peu dut chercher du travail en dehors de la commune.

Ce n’est que des querelles de voisinage, des peccadilles, s’assurant de la tranquillité de sa fille elle rejoignit son mari dans son atelier.

Lui en vérité trône là en majesté, le roi de la varlope, mon dieu qu’il est beau se dit-elle et une réminiscence des plaisirs du matin lui parcourent le bas ventre.

En général il ne faut pas le déranger lorsqu’il est au labeur, le travail c’est le travail mais elle décida tout de même de l’aguicher un peu. Par jeux elle se glisse derrière lui et se frotte, son corps se raidit puis devient plus lascif, étonnant il ne dit rien et continue de lisser une planche qu’il destine à un cercueil. Adélia accompagnant de son corps le geste de son mari. Sans l’irruption de Louis Chabiron le tisserand, la plaisanterie d’Adélia aurait pu se transformer en coquinerie amoureuse.

Le vieux Louis est un peu gêné mais se reprend, il apporte de l’ouvrage pour Benjamin et mes sens passent bien après.

Ils sont heureux et satisfaits, les commandes et les chantiers s’accumulent, et à ce rythme il faudra embaucher un jeune ouvrier .

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