13 mai 1940
Françoise et Raymond sont des enfants de Dieu et du christianisme, ils se soumettent à ses lois et à ses volontés.
Hors pour l’instant ilS ne sont pas en règle avec les préceptes de leur religion et ne sont pas en règle avec eux mêmes.
Ils ont commis un péché d’adultère et Raymond a annulé son mariage devant la loi.
Il reste qu’ils n’ont plus le droit de communier ce qui contrarie leur futur mariage.
Françoise va donc voir le grand pénitencier de France, prêtre directement sous les ordres du pape.
Monseigneur Malinjjaud après une discussion très longue et autorisée, conseille à Raymond d’aller trouver un prêtre qui l’autorisera à recevoir l’absolution et que pour lui cela ne présente aucun problème. Son premier mariage n’ayant été qu’une regrettable erreur commise par un homme faible. C’est gentil pour Jacqueline.
Le grand pénitencier prend exemple des membres de l’action française qui ont été excommuniés,mais qui finalement ont tous eu l’absolution.
Comparer un acte politique avec l’annulation d’un mariage religieux c’est conforter Françoise dans l’idée que son amant a été forcé de se marier la première fois et qu’elle l’a délivré du mal.
Outre cette longue lettre sur sa rencontre avec monseigneur Malinjaud, Françoise envoie une petite carte. Franchise militaire cachetée par la devise suivante » la victoire est une longue patience ».
Au médecin Lieutenant T 1er groupe RALPA 184 Secteur 8811.
Dans cette courte missive elle se moque doucement de l’armée française en indiquant qu’elle espérait que face à des parachutistes ( 5ème colonne ) il aurait plus que sa seringue, son stick et sa farine de moutarde.
Les allemands percent vers Sedan et franchissent la Meuse, c’est bizarre normalement ces endroits étaient réputés infranchissables par nos stratèges et notamment le plus notable d’entre eux le devin maréchal Pétain qui pour l’heure est ambassadeur chez Franco.
14 mai 1940
Toujours cette préoccupation religieuse qui prédomine chez Françoise, il n’est question que de communion, absolution, mariage, union sacrée , Dieu.
Pour un peu la guerre elle s’en moquerait, elle a sans doute raison les allemands ne sont pas encore à Paris. La mère de Raymond dans sa belle maison fleurit se moque bien de la guerre, comme beaucoup de gens âgés, elle s’est arrêtée à celle de 14-18.
Pour l’instant rien ne bouge en Meurthe et Moselle et les canons de Raymond sont encore muets.
Le frère de tante Gaby, Frédéric Japy ( héritier de l’empire d’horlogerie Japy ) se marie vendredi prochain avec la fille d’un industriel, le mariage est précipité et se fera sans flon flon ni robe blanche.
On ne résiste pas sur la Meuse, les chars français qui devaient contre attaquer doivent se disperser, la 9ème armée du général Conrap se replie plutôt mal que bien.
15 mai 1940
Françoise a apporté son poste TSF au bureau pour avoir des nouvelles en continu, elle va même au cinéma d’actualités pour tenter d’avoir des nouvelles de l’artillerie lourde.
Mais plus que la guerre sa régularisation catholique l’obsède.
‘‘ Je continue à ressentir un immense apaisement des conclusions que le grand pénitencier a tiré de notre histoire et j’attends tes sentiments pour chercher à obtenir de mon coté et en même temps que toi, absolution et communion »
La 9ème armée se débande, mais Gamelin et son chef d’état major sont optimistes, on se demande bien pourquoi.
Des milliers de réfugiés belges arrivent et la fédération de scoutisme a fait appel à ses membres pour les aider.
16 mai 1940
Le maître de stage Thierry de Martel a envoyé une lettre élogieuse au sujet de Raymond, drôle de monde où l’inventeur de la neurochirurgie en France envoie une missive à la femme de l’un de ses internes, mais passons.
A Paris il n’y a pas d’alerte, Françoise considère que c’est l’une des villes les plus sûres, c’est à voir.Car notre décidément maître de la guerre Gamelin, décline toutes responsabilités pour la défense de Paris. Les forces françaises en Belgique font retraite, c’est bizarre deux jours avant on était plutôt optimistes.
Raymond ne donne aucun détail sur ce qu’il voit, ce qui agace un peu la curieuse Françoise
» Je t’embrasse tendrement mon petit chéri et caresse doucement ta chère tête……Songe que le représentant du pape t’attend pour l’absolution. »
Plusieurs lettres par jour, Raymond avait-il le temps de lire toutes ces banalités d’absolution alors que l’armée dont il était membre et officier était en pleine déroute.
18 mai 1940
Rien ne va, malgré le coup d’épingle donné au géant Gudérian par le colonel De Gaulle, les allemands infléchissent leur route pour couper la retraite des français et des anglais.
A Paris beaucoup d’agitation, le Maréchal Pétain devient vice président du conseil, est-ce le vieux sage de la grande guerre ou le loup qu’on fait entrer dans la bergerie, on s’apprête aussi à rappeler le général Weygand pour remplacer l’incapable Gamelin.
Peut-être est-il trop tard?
En France on fait appel au passé pour sauver l’avenir.
Françoise est ennuyée avec la voiture de Raymond, décidément on ne peut faire confiance à personne. Les prix des réparations sont prohibitifs et il est difficile de trouver un garagiste.
Mais une fois que la voiture fonctionne il faut trouver de l’essence. Cette dernière est rationnée et n’est délivrée qu’entre le 25 et le 31 du mois.
Françoise persuasive a réussi à en avoir 25 litres, elle pourra donc quitter Paris en voiture si les circonstances l’exigent, elle fait ses valises pour aller rejoindre les Dubonnet au château de Courbanton. Tante Gaby ne veut pas partir car elle tient à assister au mariage de son frère. Vraiment une drôle de période pour contracter une union, mais enfin l’amour n’a pas de borne.
Raymond qui visiblement n’est pas encore contrarier par les combats a cueilli des pieds de muguet et en a fait un colis.
Il est curieux de voir que pendant qu’une partie de l’armée française se délite, une autre cueille des fleurs.
Françoise avec son muguet sur son bureau de chez Flammarion rêve encore que la ruée des allemands va être endiguée. Comme il est bon de se faire des illusions.