RAYMOND ET FRANÇOISE, UNE HISTOIRE D’AMOUR, épisode 1

 

Dans son petit appartement de la rue Gervex Françoise est assise sur son lit, la chaleur de ce mois d’août 1939 l’incommode et c’est en chemise qu’elle a décidé de braver la chaleur.

Le soleil par la grande fenêtre pénètre dans la chambre et vient chauffer ses jambes nues, la brûlure de l’astre lui procure un sentiment de bien être, comme une caresse, comme une main d’amoureux qui doucement grignoterait des parcelles de chair pour remonter vers le lieu saint , vers l’origine du monde.

Aujourd’hui elle ne travaille pas et le temps lui paraît long jusqu’au soir où elle le retrouvera.

Elle a bien pensé un moment à se rendre dans le parc le plus proche pour y jouir d’un brin de fraîcheur, mais une sorte de langueur l’a clouée entre ces quatre murs. Une goutte de sueur lentement cherche son chemin entre sa poitrine, une autre, plus folle tombe en cascade sur une feuille du cahier qu’elle rédige. Un A se transforme en une tache d’encre, Françoise peste et d’un revers de main elle tente d’essuyer ce flot salé.

Cette page maculée n’est pas une lettre à son être aimé mais la continuation de son journal, de son autre moi la continuation de sa pensée.

Depuis qu’elle est étudiante , elle se confie d’une écriture serrée à ses pages . Elle s’y fait câline, mutine, poétesse, juge et critique des choses. Elle déclame son amour à celui que le destin a mis sous son chemin voici quelques mois.

Il s’appelle Raymond mais pour elle, il est Brud, un petit nom qu’elle est seule à lui donner, rien que pour eux. Ce diminutif raisonne comme un titre d’ode à l’amour.

Le journal de Françoise depuis leur rencontre s’est couvert de lignes à la gloire de leur félicité.

Ce soir elle va le voir, enfin il est libre, enfin il est à elle.

Malgré la chaleur, elle en frissonne et des pensées polissonnes traversent son cerveau, est-elle folle de se nourrir de telles insanités.

Non pas, ce n’en est point, ce n’est juste que du désir, envers celui qu’elle s’est choisi.

Mais elle est prude et chasse bientôt toutes les impuretés de son imagination, elle n’est que pour lui, ne vit que pour lui.

Lui est médecin, elle en est fière d’ autant qu’il n’est pas qu’un simple praticien d’arrondissement, non il se destine à devenir neurochirurgien, une sommité en devenir. Il est déjà bien installé dans la société, interne des hôpitaux de Paris dans le service de monsieur Lemière professeur en bactériologie à l’hôpital Claude Bernard, il a trente ans.

Françoise est plus jeune, elle n’est encore rien, se cherche, et espère devenir écrivaine . Elle est persuadée de réussir, mais malgré tout n’est point encore sûre de sa plume.

Pour l’instant elle travaille chez Flammarion l’éditeur de la rue.Racine Elle n’est encore qu’au service juridique mais elle s’entend bien avec Henri Flammarion, alors elle a toutes les raisons d’espérer.

Tout pourrait tirer sur le merveilleux, communauté d’idée, symbiose des corps si Raymond n’était point relié à une entité d’une vie antérieure.

Cela empoisonne, mine, creuse, elle est là comme un fantôme du passé. Françoise se réveille la nuit comme en transe , elle la voit, la sent, c’est un ennemi, une maladie incurable.

Lorsque Brud se tient serré le long de son corps elle s’imagine que tel un ectoplasme elle immisce en leur chair.

Raymond est marié à Jacqueline, ce n’est qu’une erreur de jeunesse, une folie car Françoise est la seule à l’aimer maintenant. Elle n’est qu’une intruse, une incongruité dans la vie de Raymond.

Certes il y a Charlette sa fille, mais elle n’est sans doute que le fruit d’une liaison charnelle et non pas une liaison amoureuse.

Françoise tente de se persuader de la véracité de ce qu’elle ressent sur le sujet. Raymond ne dit rien, peut-être l’a t’ il aimée après tout.

Non décidément il ne peut en être ainsi, elle seule le possède, elle seule sait l’aimer, elle seule sait l’amener à une ultime jouissance.

Elle se lève, boit un verre d’eau, la chaleur l’étouffe, bientôt ses bras, son odeur, sa mâle virilité.

Il n’est encore pas le temps de le rejoindre mais elle n’y tient plus et veut se préparer.

Encore un peu d’écriture, sa chemise humide de sueur est ôtée en un mouvement d’humeur. Elle est en sous vêtements, ce n’est pas dans ses habitudes. Si elle osait, si elle se décidait à braver un interdit qu’elle s’impose, elle serait bientôt nue, libérée des carcans sociétaires.

Mais non, elle n’est pas de celles qui au milieu des masses se dénudent en un naturisme venu de l’Allemagne.

Pourtant se retour à la nature est aussi prôner par les scouts dont elle fait activement partie.

Non rien à voir sans doute, elle demandera son avis à Raymond, c’est un spécialiste de la question.

Elle se dit sans doute que son milieu ne l’autorise pas à ce genre d’inconséquence. Elle, fille de financier, petite fille d’homme de loi, rejetonne de gouverneur des îles ne peut comme une ouvrière se transformer en Ève. Même seule, comme en ce moment elle se sentirait observée.

Pour sûr, sa pudicité n’est pas réservée à Brud, lorsqu’il est là, tel un tableau de maître elle n’hésite pas à se livrer à sa vue. Mais ce n’est qu’exception.

Elle est orpheline maintenant, ses parents non pas euent le bonheur de vieillir. Orpheline mais pas seule, son frère Jacques et elle ont pu bénéficier de l’amour du frère de papa André mais surtout de son épouse Gabrielle.

C’est tante Gaby presque mère, plus que tante, qui malgré son divorce la protège et la choie comme une maman choierait ses petits.

Du coté maternel Il y a aussi les de Monès, une sœur de sa maman mariée avec un fils de famille noble. Eux aussi sont comme des parents, elle les fréquente, leurs demande conseil et en cas de crise se réfugie chez eux.

Françoise est une femme libre, indépendante économiquement, elle travaille alors que d’autres à son age sont sous le joug d’un mari et de grossesses à répétition. Elle n’est point riche mais quelques actions placées par son père lui servent de réserve et de doux matelas. Elle se refuse à les vendre et parfois se serre un peu la ceinture mais c’est une poire pour la soif, son bas de laine , son assurance.

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