UNE ANNÉE DE LA VIE D’UNE FEMME, SEMAINE 45, une jeune trouble fête

 

Je me sentais un peu fatiguée depuis mon malaise à la Cornetière, je commençais à ne plus m’illusionner sur mon état. D’autant que maintenant, j’étais nauséeuse et que j’avais l’impression de prendre un peu de poitrine. Rien de bien visible mais quand on fait attention à son corps on en perçoit les plus petits changements.

J’oscillais entre attendre et le révéler maintenant, quitte à me dédire si mes règles revenaient quand une nouvelle vola de bouche en bouche . Notre roi était mort, tout allait être remis en cause les hommes en étaient sûr. Mon père ne se tenait plus de joie, Antoine disait qu’il fallait prendre les armes et Stanislas se mettait à espérer une république. C’est Caillaud qui leur apporta finalement la confirmation de la mort du roi. Seulement ces idiots, bêtes à manger du foin avaient confondu, ce n’était pas le Louis Philippe qui avait cassé sa pipe, non pas, mais le Charles celui qui s’était sauvé.

Les bras leurs en tombèrent et une discussion vive s’engagea. Le père croyait qu’un jour notre roi légitime remonterait sur le trône et pour lui de légitime il n’y avait que la branche du frère du roi décapité. Mon frère disait que le fils de Charles X, le duc d’Angoulême était une fiotte incapable de régner et que son fils le duc de Chambord serait seul capable de devenir roi un jour.

D’ailleurs tous dans la région pensaient que Louis Philippe d’Orléans notre roi actuel était un usurpateur, le fils d’un traître qui avait voté pour la mort de notre bien aimé Louis XVI. Nous étions donc bien tristes de savoir que ce n’était pas le bon qui était mort.

Charles en exil depuis 6 ans était à Prague quand le choléra se répandit dans la région, le fuyant il se réfugia en Autriche dans la ville de Goritz. Mais la maladie le rattrapa et à 79 ans il rendit son âme qu’il avait grande à Dieu. Vous parlez d’un méli-mélo qui devait hériter du trône, son fils ou son petit fils, ce fut une belle bagarre qui ne servirait à rien car jusqu’à preuve du contraire , le trône était occupé par leur lointain cousin.

Autant vous dire que l’annonce éventuelle de ma maternité n’aurait pas intéressé grand monde.

Les journées maintenant raccourcissaient mais le travail ne baissait pas d’intensité pour autant, mon père avait du retard sur les semailles. Il fallait absolument les terminer avant qu’il ne pleuve trop ou bien qu’il ne fasse trop froid. Papa disait que son retard était dû aux jours chômés et aux mauvaises conditions climatiques. Nous pensions plutôt qu’il était préoccupé par un autre genre d’affaire.

La journalière qu’il avait remarqué s’avéra apparemment remarquable. Antoine les avait vus et en a moqué mon père qui s’était mis en colère.

Qui était donc cette femme qui lui faisait oublier ses devoirs de bon métayer. On eut grand peine à le savoir mais un jour Caillaud commit la bévue de nous le dire.

Ce n’était pas une femme mais une enfant, elle était de six ans ma cadette, une moins que rien, une coureuse. J’étais dans une colère folle, comment pouvait-il, lui qui avait une fillette de cinq ans, s’accoquiner avec cette foutue pucelle. J’en étais toute retournée, je voyais bien cette mijaurée tenir le ménage de mon père, nous évinçant de la maison. Je ne voyais que trop bien avec quels arguments elle allait le tenir. Le père serait tenu par la braguette un point c’est tout. Ce n’était que pure folie toutes ces années d’écarts. Il nous certifia que rien ne s’était passé, que jamais il ne prendrait compagne si jeune. Personne ne le crut évidemment car il continua à s’absenter. Pour nous tromper il finit par s’inventer une histoire avec une veuve. Comme on ne voyait pas bien de quelle veuve il s’agissait on ne le cru pas une seconde.

Heureusement Antoine et Stanislas étaient de bons ouvriers agricoles, ils surent quoi faire et semèrent les blés de façon remarquable. Jamais Père n’avait manqué à tel point à son travail. La journalière en question se nommait Marie Raffin, c’était la fille d’une famille de sans le sou, ses parents étaient décédés tous les deux sur Avrillé, il y avait de cela quelques années. D’ailleurs je me souviens vaguement d’eux. Maintenant la diablesse habitait Poiroux, autant vous dire qu’elle ne possédait rien à part le jupon qui lui protégeait à peine le cul. Enfin si, je m’exprime mal, comme bien elle possédait d’indéniables atouts, sa jeunesse, ses formes, son insouciance et son pucelage. Bien que connaissant mon père ce dernier avantage serait rapidement jeté aux orties. Bref, je pense qu’il en était fou et qu’il se serait damné pour elle.

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