UNE ANNÉE DE LA VIE D’UNE FEMME, SEMAINE 34, la troublante révélation

 

Doucement l’été s’en allait , les températures étaient encore bien chaudes et les cultures souffraient d’une sécheresse qui commençait à poindre. Le niveau de notre mare continuait de baisser, excepté l’orage qui était survenu pendant le début des moissons il n’était pas tombé une goutte d’eau.

Les hommes passaient leur temps au battage, moi j’étais partie pour quelques jours aux grandes Vélisières pour une buée. Enfin je faisais l’aller et le retour, il était impensable qu’une femme s’absente de sa maison pendant que son mari n’y était.

Un soir que je rentrais, mon attention a été attirée par deux hommes qui filaient dans un bosquet. Tout de suite j’ai remarqué que l’un deux avait une silhouette qui m’était familière.

Bien sûr c’était Augustin, je me devais d’aller voir ce qu’il faisait à l’écart du chemin.

Avançant comme un chat qui guette un oiseau je me postais derrière un arbre. Les deux hommes assis sur une souche se parlèrent, cela dura un long moment et j’allais bientôt devoir repartir.

Soudain l’homme prit la main de mon frère, je ne savais qui il était. Mon cœur s’arrêta, il était pour le moins inusité qu’un homme prenne la main d’un autre . Puis comme dans un mauvais rêve je vis les deux visages se rapprocher et se rapprocher encore. Mon être bascula vers l’indicible, un homme embrassant un autre homme à bouche que veux-tu. Cela semblait irréel mais pourtant c’était le même geste que je faisais avec Stanislas, c’était aussi le premier geste que j’avais fait avec un garçon lorsque j’étais encore une toute jeune fille.

Ma stupeur n’avait d’égal que ma fascination d’observer ce que je n’avais encore jamais vu. Les deux innocents de leur crime, impunément bravaient l’interdit de l’amour entre gens du même sexe.

Tout compte fait je pense que cela ne m’eut pas gêné si mon frère n’avait pas été en cause. Là la chose était différente ce que l’on peut tolérer ailleurs que dans son chez soi n’est pas forcément acceptable en son foyer.

Augustin et l’inconnu semblait y prendre un plaisir immense, l’embrassade était fougueuse. Je me devais de partir car je n’en voulais voir plus , mais j’étais il faut le dire incapable de m’en aller. Je ne savais pas ce que deux hommes pouvaient faire ensemble, enfin si, mais ma conscience se refusait à imaginer une telle scène. Alors je restais, honteuse,intriguée peut être un brin émoustillée. De toutes façons il ne se passa rien de plus, ils se levèrent et partirent chacun de leur coté.

J’avais la confirmation d’une intuition, j’allais devoir en parler, je ne me sentais pas capable de garder un tel secret.

Je rentrais à la maison et mon père me fit le reproche de ne pas rentrer de bonne heure. Je lui dis que j’avais des choses à faire,il me répondit que j’étais une  foutue bonne à rien. J’étais habituée à des  aménités de ce genre là alors comme d’habitude je ne répondis pas.

Stanislas n’était d’ailleurs pas encore là, je crois qu’il rentrait de plus en plus tard et mon père s’en inquiéta de façon très peu galante.

C’est y pas que ton homme traînerait la gueuse. Je ne préférais pas entrer dans son jeu. Mon inquiétude rencontrait ses sarcasmes , mais pour l’instant j’avais encore la vision de mon frère et de son amoureux.

Stanislas revint encore saoul, décidément il devenait carrément un boit-sans-soif. Je n’aimais guère quand il était dans cet état , entre la griserie et la lucidité. Je savais ce qui allait se passer. Lui excité ne penserait qu’à la satisfaction de ses sens et, je ne deviendrais qu’un paillasson conjugal. Il en fut ainsi, heureux que rapidement repus il sombra dans un sommeil profond. Moi encore un peu plus meurtrie dans mon corps et dans mon âme je pouvais laisser aller ma pensée et ma réflexion sur le cas de mon frère.

Je finis par m’endormir sans avoir résolu le problème de la libération de ma parole.

Stanislas se réveilla en pleine forme et surtout en pleine vigueur, faisant fi du prochain réveil des autres occupants de la pièce il se lova fermement en moi pour y faire ses affaires.

Les hommes devaient aller porter un chargement de blé aux Sables, un bâtiment devait charger le blé en fret. Ils en auraient pour plusieurs jours, à ma connaissance j’allais restée seule avec mon petit frère.

La journée se passa sans que je ne le vis, nous avions bon nombre de tâches à réaliser et mon père n’aurait pas toléré que l’on se tourne les pouces.

Le soir je lui servis un écrasé de pommes de terre avec une petite tranche de lard, je sais s’était un sacrilège de toucher au divin cochon en l’absence de mon divin père, mais je pensais que ce moment de délice culinaire favoriserait la discussion.

Je finis par lui avouer que je l’avais vu. Je croyais pouvoir le conseiller mais je le fis sortir de ses gonds. Cela ne me regardait pas, il faisait ce qu’il voulait et que surtout je n’aille pas le répéter. D’ailleurs je crois bien que dans la maison tout le monde a ses secrets. Je lui demandais de quoi il parlait. Il me regarda les yeux étincelants, un demi sourire sur les lèvres puis me dit, je comprends Aimé tu as vraiment un merveilleux cul.

Je ne sus pas quoi pas dire, je ne pus lui demander comment il avait su. Nous avait-il surpris comme moi je l’avais surpris ou bien Aimé lui avait-il tout raconté. Ces hommes étaient tellement vantards.

Je ne revus pas mon frère le reste du temps,les autres revinrent et nous en étions au même point.

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