A l’office ce dimanche alors que nous étions tous bien sages en nos travées et que pour une fois les hommes bavards avaient cessé leur tumulte, le père monta en chaire.
Il prit un aspect furibond qui stupéfia l’assemblée, plutôt habituée à son air débonnaire. Nos têtes couvertes de bonnets blanc pouvaient lui faire penser que nous étions un troupeau de moutons attendant la tête basse que le pâtre enclenche la marche. Les hommes qui tenaient pour la plupart leur vaste chapeau à deux mains comme si une force céleste eut voulu le leur prendre baissaient aussi le chef attendant la diatribe.
Alors que les autres ne comprenaient pas moi je sus immédiatement que le sermon du père m’était destinée. Je crus m’enfoncer dans les dalles de pierre froide de notre saint édifice, pour un peu je me voyais enfermer dans une secrète crypte qui paraît- il se trouvait sous le chœur.
Et bien chers frères et bien bien chères sœurs apprenons ensemble ce que fut la punition de Sodome, la ville maudite. En des temps très lointains deux anges se présentèrent en la ville de Sodome, un habitant nommé Loth leur offrit l’hospitalité qui je vous le rappelle est un devoir sacré.
Certains avares qui repoussaient mêmes les ventres creux grimacèrent un peu et gigotèrent sur leur banc.
Lorsque les deux anges furent bien installés, repus et sur le point de se coucher la foule des habitants de la ville entoura la maison et exigea qu’on leur livre les deux anges qu’ils prenaient pour des hommes afin qu’elle les connaisse.
Personne ne voyait trop à quoi il faisait allusion.
Afin qu’il les connaisse charnellement.
Voila qui était plus explicite.
Loth pour contenter la foule offrit ses deux filles encore vierges mais les impures ne voulaient que commercer avec les deux hommes.
Les anges alors permirent à Loth de sortir de la ville et en punition aveuglèrent la population et détruisirent entièrement la ville.
Voyez vous tel acte, est par la volonté de dieu un acte impure et mortel.
L’assistance muette n’osait se regarder de peur de désigner ou de se croire désigner. Stanislas lui prit un drôle d’air me faisant penser que le curé lui avait donné l’idée de commettre ce crime. Ce léger sourire me fit frémir.
En tous cas je fus édifiée sur le sujet et chacun et chacune en parla à demi mot toute la sainte journée.
Louise qui semblait en connaître un bout sur le sujet nous expliqua que cet acte répréhensible était surtout imputable pour les hommes. Nous la regardions comme hébétées, avait-elle….
La promenade dans Avrillé prit d’un seul coup une autre saveur, un autre intérêt. Les autres groupes de promeneurs, les enfants qui piaillaient, les hommes au cabaret, plus rien ne nous intéressait. Nous étions suspendues aux lèvres de notre amie.
Elle enchaîna, oui entre mari et femme c’était toléré; quoi mais le curé venait de dire que c’était péché mortel.
Oui mais l’église en sa grande mansuétude accepte l’acte.
J’en restais confuse et espérait que Stanislas n’apprendrait pas entre deux chopines de telles inepties.
J’étais maintenant un peu plus armée, un peu plus sûre de moi pour parler franchement à Augustin et lui dire de se méfier de la méchanceté de son frère et des autres villageois.
En soirée j’attendais qu’il finisse une conversation avec Aimé pour l’entretenir sur le sujet. A la vérité j’avais un peu plus de mal que je ne le pensais pour aborder le sujet. Je bredouillais, je rougissais, je suais à grosses gouttes. Il vint à mon secours car il était d’une vive intelligence.
C’est au sujet du sermon du prêtre me dit-il. Je n’eus pas à répondre car il poursuivit son explication. Non il n’avait jamais été touché par un homme, il me le jurait.
Par contre avoua t-il je ne me sens guère attiré par les filles du village. Plusieurs me tournent autour mais aucune n’est en situation de prendre mon cœur.
J’étais soulagée de l’entendre et dans ma tête germait aussitôt l’idée de lui faire rencontrer une femme qui pourrait peut être lui faire aimer les jupons féminins.
Au loin Aimé nous observait, je ne l’avais plus approché depuis ma surprise nocturne. Je n’osais plus, j’étais honteuse.
Au soir mon mari voulut se réconcilier avec moi, il n’en était pas question. Je pris ma petite dans le lit et me lovait contre son petit corps. Elle formait comme un rempart entre moi et la lubricité de son père. Il marmonna un » faudra bien que tu cèdes. »
Moi je lui répondis en grognant « il n’en est pas question, tu n’as qu’à allé voir ta gourgandine ». Foi de Vendéenne jamais je lui céderais.
Je partis dans mes rêveries pendant qu’il ronflait comme une forge, je redéposais Marie dans son petit berceau. Le sommeil me gagna peu à peu mais bientôt je vis une immense ville en flammes, des remparts s’écrouler, des hommes courant en tous sens et s’écrasant comme des mouches sur un verre de lampe. Je vis aussi Augustin nu dans une position que je n’oserais décrire, tout se brouillait. Heureusement le soleil d’un de ses rayons réchauffa ma joue et sonna comme un réveil.
Une autre semaine commençait et j’espérais qu’elle serait plus joyeuse que celle qui venait de s’ écouler.
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Comment avoir la suite sans revenir au 10 avril. Merci
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Bonjour, vous allez sur l’accueil de mon blog, puis dans catégories, puis dans l’année de la vie d’une femme et vous aurez tous les épisodes
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