UNE ANNÉE DE LA VIE D’UNE FEMME, SEMAINE 12, les rameaux

 

Comme nous le sûmes plus tard la tempête avait sévit sur l’ensemble des côtes atlantiques, le littoral avait souffert mais comme un jeux de domino l’ensemble du royaume avait été  affecté.

Nous à la Gaborinière le plus urgent était le toit, mon père se rendit chez monsieur Luce au château afin de l’avertir. Ce dernier vint aussitôt et constata les dégâts. Fort de son influence il se fit fort de nous trouver un couvreur en chaume au plus vite. Pour les arbres séculaires il se décida promptement nous ferions moitiés moitiés. C’était juste car les arbres lui appartenait, mais leur débitage allait nous demander de longues journées de dur labeur. Il ne tint pas parole notre châtelain car se ravisant il vendit les fûts à un marchand des Sables d’ Olonne.

On fut tous requit pour nettoyer la commune, une sorte de corvée en somme, les hommes qui avaient à faire chez eux grondèrent et s’assemblèrent.

Le dimanche des Rameaux arrivait que les stigmates de l’ouragan n’était pas effacé. Les deux valets qui habituellement dormait dans la grange avaient trouvé un refuge provisoire dans notre pièce principale.

Cela me faisait bizarre de faire entrer Aimé en l’ intimité de mon foyer.

Mais il fallait bien préparer la fête des rameaux, je demandais à mon mari d’aller me cueillir du laurier pour que j’en prépare quelques ramures et que j’en fasse une petite tresse pour ma petite sœur, il me répondit qu’il n’avait pas que cela à faire. Ce n’était pas tomber dans l’oreille d’une sourde et je saurais lui resservir. Finalement c’est Antoine qui y alla.

Pour le dimanche tout était donc prêt, mes amies Louise et Marie arrivèrent avec leur mari et l’on partit tous gaiement au village. Les hommes passèrent devant et discutèrent comme d’habitude de leurs champs , de leurs bêtes et de ce foutue coup de vent qui avait endommagé pas mal de choses.

Nous on parlait de tout et de rien, mais surtout de tout, nos enfants, nos menstrues que Louise avait de douloureuse, nos époux et bien sûr en rigolant des prouesses de nos bonhommes. Parler de cela le jour des Rameaux nous semblait être une transgression mais l’occasion de toutes nous retrouver était souvent une fête chrétienne.

Les rameaux était la célébration de l’entrée de Jésus à Jérusalem, le messie avait été accueillit au temple par la foule au cris de Hosanna, Hosanna. Les anciens nous avait conté le curé avaient des feuilles de palmier ou des branches d’olivier. Cette entrée somptueuse symbolise la venue du messie que tous attendaient .

Tout le village était là, personne n’aurait osé manquer cette entrée dans la semaine sainte, fondement de notre religion.

Le père Gautier avait revêtu sa robe rouge, couleur du sang du christ, il nous accueillit tous avec un grand sourire sachant dire un mot à chacun.

La semaine qui allait suivre était la semaine sainte, c’était celle du christ mais aussi la sienne. Pour la communion de Pâques il devrait avoir entendu en confession la plus grande part de la population.

Imaginez la somme de non dits, d’acte de vilenies, de pensées malsaines et d’actes répréhensibles commis par nous pauvres pécheurs il allait devoir entendre. J’aurai bien aimé être à sa place.

Devant l’église furent bénis les rameaux, de simples végétaux ils devenaient objets sacrés. Puis le curé nous récita l’histoire de l’entrée de Jésus à Jérusalem . Ensuite la belle messe célébrant la passion du christ fut décliné par la belle voix du Valentin Gautier notre saint curé. Le plus intéressant de la journée était sans conteste la procession. On démarra du pied de l’église et on se dirigea vers le cimetière . Branche à la main chacun se doit de revivre l’entrée du messie en cette ville qui le verra mourir et ressusciter. Ce n’était pas aussi cérémonieux, chacun se promenait, bavardait ou se pavanait. Mon père faisait exprès de chanter trop haut avec des Hosannas par trop perchées, Stanislas reluquait le derrière des femmes en croyant que je ne le voyais pas. Victor le valet aîné avait entamé une sorte de cours auprès d’une jeune veuve. Aimé lui extatique seul dans son âme semblait vraiment revivre les pas du christ. Une bouffée d’admiration me portait vers lui.

On accrocha des rameaux bénis à la grande croix du cimetière puis on se dirigea vers le prochain calvaire. Le cortège se faisait plus long, plus espacé, mon père avait disparu ainsi que beaucoup d’hommes. Nous allions bientôt nous retrouver entre femme.

Le curé allait encore s’étouffer contre les auberges du Favreau et du Royer.

Quand tout fut terminé chacune récupéra ses hommes car nous avions encore un fastidieux cérémonial à effectuer dans nos métairies .

A la Gaborinière on fit le tour de chaque bâtiment et on y déposa un rameaux bénit, la grange, l’étable, notre ruche, le palais de Napoléon, la bergerie, le poulailler.

Dans la maison j’en mis un peu partout et je pris soin d’en garder suffisamment dans l’armoire pour les différents événement de la vie.

Papa retourna au cimetière du village seul pour un déposer des rameaux sur la tombe de sa dernière femme. Pour ma mère nous ne savions plus où elle se trouvait enterrée. La terre grasse du jardin des mort l’ayant sans doute déjà avalée.

Nous étions ainsi protégé mais suite à la tempête les anciens étaient inquiets car vent qui souffle sur les rameaux ne cessera pas de si tôt.

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