UNE ANNÉE DE LA VIE D’UNE FEMME, SEMAINE 11, l’efféminé

 

Mon plus jeune frère Augustin est l’exact opposé de son frère, physiquement l’on pourrait croire qu’ils ne sont pas de la même famille. Blond comme un champs de froment Augustin a le visage d’une fille. Traits fins, bouche petite et serrée, nez légèrement retroussé comme un poupon. Son visage légèrement grêlé de la petite vérole est couvert d’un voile d’anxiété. Il ne sourit guère contrairement à Antoine, il ne boit guère contrairement à son aîné. Que je sache il ne traîne pas non plus au cul des filles, ce qui ne manque pas d’inquiéter mon père.

Stanislas qui a toujours les idées mal placées dit que l’allure d’Augustin pourrait plaire au curé. Honte à lui de dire pareille abomination et même simplement d’y penser.

Mais je dois dire à ma grande confusion que mon petit frère a plus l’allure d’un mignon que d’un coq de village.

Lui aussi évidement je l’avais vu tout nu, moins musclé, un torse de petit garçon, des bras de fillette qui ne semblaient guère faits pour le travail d’une métairie. Ses jambes qu’il avait très belles étaient longues et fuselées comme celles des danseuses. Sa pilosité laissait à désirer, pas de barbe, pas de poils sur la poitrine et un entre jambe de petit garçon impubère. Je me demandais comment il allait trouver place dans notre société.

Aucun père ne donnerait sa fille à cette silhouette et aucune fille ne s’arrêterait à regarder ce jeune homme glabre.

A la Gaborinière on était solidaire de sa préciosité et gare à celui au village qui ne s’en souvient pas. Antoine faisait le coup de poing pour son frère et Stanislas quoi qu’on en dise bottait le cul à celui qui osait se moquer du fils Herbert.

Lui d’ailleurs avait l’air de se moquer de son aspect , de sa virilité et des filles. Toujours le nez au vent à rêvasser. Papa en rouspétant disait que ce n’était pas en regardant les nuages et les feuilles des arbres qu’il se trouverait une femme.

Lui aussi et peut être plus je l’ai dorloté comme une mère dorlote ses petits. Stanislas disait méchamment que c’était à cause de moi que mon frère était une fiotte. Je le haïssais quand il parlait ainsi, mais chez nous il ne faisait pas bon de cultiver des différences.

Mon frère endurait donc sa différence avec patience, il n’avait jamais eu de geste inopportun avec personne, et semblait se moquer de son physique par trop féminin pour un mâle paysan.

Maintenant ils sont tous sur la pièce de vigne, le travail est dur, le père a sa tête des mauvais jours, Stanislas dit que c’est parce qu’il s’est fait éconduire par une veuve de Poiroux. Je n’en crois rien, ma belle mère n’est pas encore décomposée il n’oserait tout de même pas.

Après que cette foutue parcelle soit terminée tous iront au Cormier et à la Fougerousse pour passer la herse dans les blés. De l’avis général la récolte sera bonne. Je l’espère car celle de l’année dernière n’a pas été très forte et la soudure va être dure à effectuer. Notre réserve de grain s’épuise, nous autres on mange plusieurs livres de pain par jour c’est notre pitance principale.

On verra bien, les patates nous sauveront bien encore une fois de la disette. D’ailleurs à ce propos nous allons bientôt en planter et je sens que je vais être embauchée.

La semaine prochaine ce sont les rameaux, Stanislas rumine après le carême, on a l’impression qu’il n’a pas fait l’amour depuis des années alors qu’à la mi carême il a largement profité de mon corps.

Je suis allée au village avec mon bébé, quelques piécettes passèrent dans les mains de l’épicier pour l’achat d’un petit bonnet. Je n’ai rien dit à Stanislas car il m’aurait traitée de bonne à rien . Voyez vous dans l’esprit de mon mari j’étais sensée savoir faire de la couture. Peut être bien mais les petites broderies ornant ce bout de tissu et bien j’étais véritablement incapable de les faire. Je n’avais pas eu de mère pour m’apprendre.

Comme je le présentais j’allais me retrouver à la plantation de pommes de terre. Mon père que les gelées ne rebutaient pas voulait profiter de notre champs le plus ensoleillé pour planter ses tubercules.

Le labeur devait se faire en associations, un homme faisait un trou avec la bêche et un enfant jetait la patate dans le trou. Comme il n’y avait pas d’enfant chez nous exceptée ma sœur mais qui était encore vraiment jeune je fis office.

Ce n’était pas très difficile mais il fallut quand même que j’amène Marie avec moi. Vous parlez de travailler sereinement quand vous devez déposer votre bébé au bout du champs.

Ensuite pour augmenter mon tourment je fus associée à Aimé. Personne évidemment ne connaissait mes sentiments bizarres pour ce valet mais le destin me provoquait gravement, était-ce un châtiment divin envoyé par notre seigneur, comme une provocation à mon encontre pendant le carême.

Les bonhommes chargèrent la charrette de semence de pommes de terre, attelèrent un bœuf et tous en cœur on se dirigea vers la pièce qu’on appelait le petit jardin.

Le travail commença, Aimé faisait un trou, je jetais la patate dedans, il recouvrait. C’était bête comme chou mais au bout d’un moment cela devenait fastidieux et mon esprit se mit de nouveau à battre la chamade. Le rythme allait bon train, le domestique ahanait sous l’effort , des perles de sueur dégoulinaient le long de ses joues et sa chemise mouillée collait à son puissant torse.

Je ne pouvais quitter des yeux ce corps jeune et puissant et parfois dans mon trouble je jetais le tubercule à coté du trou. Je me baissais alors pour le ramasser et de mon visage à hauteur de l’objet éventuel de mon désir montait une vague de rougeur incontrôlée. L’idiot et inexpérimenté finit toutefois par se rendre compte de mon trouble.

Le reste de la famille n’était pas loin il fallut bien que je remette de l’ordre dans mes obscènes idées.

Mais Marie se mit à brailler et au bout d’un sillon assise sur une vieille souche je dégrafais mon corsage pour lui donner la tétée. La chose était naturelle mais je vis qu’il me regardait et j’en fus troublée au possible. Ce bout de sein dévoilé à l’employé de mon père valait presque une invite à aller plus loin.

 

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