Il rejoignit la maîtresse de maison qui dans quelques minutes serait sa femme. Le curé d’Aubons ne connaissait pas les méandres familiaux qui avait mené Françoise Émilie Gobert fille de feu Jacques Gobert à venir s’installer au château de Milescus mais il soupçonnait quelques intrigues qui du reste de le regardait pas.
Pour ce qu’il en savait Françoise Gobert n’était pas officiellement la dame du Gué d’Alleré.
Elle n’était que le dernier enfant du défunt Jacques Gobert écuyer et seigneur de Chouppe.
Lui non plus n’avait pas été en possession de la seigneurie de Milesecus, car cette dernière appartenait à son frère Jean décédé en 1670 et par transmission à ses héritiers.
Mais cette l’affaire d’héritage qui en soit se présentait simplement fut grandement compliquée par un édit royal tout droit sorti d’un cerveau vieillissant et de l’influence de la bigote Françoise de Maintenon
L’héritière de Jean Gobert était sa femme Anne Rozemond, où plus précisément cette dernière représentait les intérêts de leur fille mineure Elisabeth .
Comme toute sa famille, Anne était protestante et vivait sous la protection de l’Edit de Nantes.
La tolérance religieuse était donc de mise jusqu’au moment où le roi soleil en eut décidé autrement.
Par le funeste édit de Fontainebleau en 1685 il révoqua le sage texte de son grand père Henri .
C’en était fini des protestants, sous la pression ils abjurèrent en masse ou fuirent le pays.
Anne l’héritière de la seigneurie partit avec les siens à l’étranger, les terres presque en déshérence furent récupérées pour un temps par la branche des Gobert de Chouppe qui eut étaient devenus de bons catholiques.
Le curé n’avait qu’entre aperçu cette noble dame De Rozemond qui malgré les pressions persistait à rester dans l’erreur de cette religion prétendument réformée. Il n’approuvait pas cet aveuglement et cet égarement mais admirait quand même cette belle opiniâtreté.
Certains paroissiens très âgés se souvenaient par contre de Jean Gobert seigneur de Nieul, de Chouppes et de milescus , ce banquier rochelais avait eu son heure de gloire pendant le grand siège de La Rochelle en servant de messager auprès du roi d’Angleterre. Certes, depuis, ce farouche huguenot avait prêté allégeance au roi et en avait été récompenser par un titre de noblesse en 1651.
Ces seigneurs l’étaient donc depuis peu, l’argent, l’intrigue et les événements avaient donné au sang qui coulait dans leurs veines la couleur bleu.
A vrai dire tout ces fraîchement convertis agaçaient le bon curé, leur condescendance, leur morgue n’auguraient pas d’une franche adhésion à la véritable religion.
D’aubons ne connaissait donc que l’insolence de Françoise Émilie, cette dernière née à Laleu en 1678 était une bien belle jeune fille, vive, effrontée et qui menait son monde à la baguette.
Les parents de Françoise étaient décédés tous les deux et seule des aïeux vivait Marie Margat la mère du marié .
Ce fut la veuve Mignoneau qui introduisit le curé dans la chapelle, il était maintenant attendu et enfin on prêtait une quelconque attention à sa présence.
Du coté des Gobert la présence se faisait féminine, Henriette la sœur aînée mariée à un commissaire d’artillerie nommé Charles de la Croix seigneur de la Mignoterie et Marie Madeleine mariée au seigneur de Champagny , Jacques de Sauzait.
Pour le marié il y avait bien sûr la mère en sa robe de veuve, stricte comme une protestante , Marie Mignoneau la petite sœur et aussi le frère, Jean seigneur de la louche et de Puyvineux.
Mais comme trônant au premier rang Félix Auguste Gobert le frère et héritier de son père seigneur de Chouppes en compagnie de sa femme Jeanne Levacher. Celui-ci chef de famille montrait toute son importance en se parant des attributs de commandeur infatué de sa mission.
Dans un coin sa belle fille Jeanne née de La Grange minaudait en s’éventant sans doute incommodée par les odeurs fétides des latrines qui se déversaient dans les douves.
Les seigneurs des lieux n’avaient pas autorisé les humbles du voisinage à assister à la noce, nous étions entre gens de biens.
Le curé d’Aubons aurait du être intimidé devant tant de puissance supposée, mais ces culottes de soies, Ces robes de satin ne l’impressionnaient guère. Ces gens, au regard des pauvres diables de Milescus étaient sans conteste très riches, mais ils n’étaient que des gens de peu, face à l’opulence du roi soleil. Le bâtis de milescus pourtant loin d’être une chaumière n’était qu’une mansarde face à la splendeur Versaillaise.
La richesse est une notion toute relative et le bon père lui se sentait comme Crésus lorsqu’il buvait un vin de sa vigne ou qu’il croquait à pleine bouche des légumes de sa langue de terre du jardin du roy.
Normalement l’usage voulait que le mariage soit annoncé par trois bans aux portes des églises concernées. Les mariés vivaient en la paroisse Saint Barthélémy à la Rochelle, le mariage aurait du être fait là bas. Mais caprice de Françoise Gobert qui voulait que la noblesse de sa famille qui sentait encore bon la finance se matérialise sur les terres nobles qu’elle possédait, ils obtinrent l’autorisation de venir effectuer la noce en ces lieux. Le curé de Saint Barthélémy leur accorda aussi la dispense des deux premiers bans sans que le curé sache réellement pourquoi.
Ceci dit le curé d’Aubons maria l’escuyer Jacques mignoneau à la fille de l’escuyer Jacques Gobert.
Le repas vint à la suite , mais aucun relief de celui ci ne parvint aux animaux crottés et transis qui attendaient à cet effet dans la cour du château.
Chacun retourna à son labeur, Jacques Mignoneau et sa dame reprirent le chemin de leur hôtel de la Rochelle.
Françoise fit de nombreux séjours dans leur noble demeure du Gué d’Alleré,
Généalogie simplifiée voir arbre tramchat sur généanet.
Jean Gobert , Chevalier, seigneur de Nieul, de Chouppes et de Milescus, banquier à La Rochelle,né en 1603, mort à la Rochelle en 1659 .
Mariage avec Marie Georget le 18/12/1622 peut être à à La Rochelle, dont il a eu
né à la Rochelle le 22/10/1627, inhumé à Laleu (17) le 29/04/1684
Marié à Magdeleine Aigron le 20/03/1661 à la Rochelle dont il eut environ 11 enfants.
De cette union est né Françoise Émilie le 12/10/1678 à La Rochelle (laleu).
De son deuxième mariage avec Jacquette Clément , Jean Gobert l’ainé a eu
Jean Gobert, Écuyer, seigneur de Millescus, Lieutenant du sieur Gilles de La Roche-Saint-André, chef d’Escadre des armées navales
né à la Rochelle le 20 /06/1640 et mort dans cette même ville le 01/02/1670
Marié en janvier 1661 au temple protestant de Charenton avec Anne de Rozemond.
Il est à noter que ce n’est pas le fils aîné qui devient seigneur de Milescus mais son cadet Jean.
Pour le marié Jacques Mignoneau, Escuyer, seigneur des Vignaux, capitaine au régiment de Périgord, nous savons que son arrière grand père Jacques Mignoneau a été maire de La Rochelle en 1606.
Pour l’instant aucune trace de sa naissance ni de son décès.