Marie Louise Perrin femme Groizier
Commune de Verdelot, département de Seine et Marne
Année 1870.
Cela faisait trois ans et je me mettais à espérer de rester plate, de rester vide, enfin de ne plus en avoir.
Neuf enfants en dix neuf ans cela compte un peu quand même, je n’en voulais plus c’était certain.
Cela nuisait un peu au plaisir que j’aurais pu avoir lorsque Médéric me faisait l’amour, je n’étais guère épanouie redoutant tellement une nouvelle maternité.
Puis alors que je pavoisais au lavoir de pouvoir lever mon jupon, d’attiser mon mari sans honte et sans peur cela arriva de nouveau.
Mes menstrues disparurent, mais tout d’abord je ne m’en préoccupais pas car j’étais assez irrégulière sur le sujet. Mais je ne me voilais pas la face très longtemps, mon ventre s’arrondissait, mes seins s’alourdissaient et moi je mollissais.
Le dixième était en route, le Médéric rigola en disant que j’avais l’habitude. Mais moi je pensais que j’allais y laisser la peau.
J’en avais perdu trois en bas age j’étais dans la moyenne, on en perdait toutes. Louis avait maintenant seize ans, Louise huit ans, Marie six ans et mon petit Jules trois ans.
Mais ce qui allait supplanter la nouvelle de ma grossesse, dont par ailleurs tout le monde se moquait, c’était les bruits de bottes et la guerre qui menaçait.
Il n’y avait aucun risque que mon fils y participe et mon homme qui était déjà un vieux machin non plus. Je ne voyais donc aucun danger pour nous autres.
On voyait déjà quelques mouvements de soldats et Jules trouvait ce spectacle fort à son goût.
Jules Joseph Perrin fils de Joseph Alexandre Napoléon
commune de Verdelot hameau de Pilfroid
chez sa tante Joséphine Desobeaux née Perrin
année 1870
Je ne savais trop pourquoi mon père m’avait emmené chez tante Joséphine, jusqu’à maintenant je ne l’avais jamais quitté et je n’avais jamais quitté non plus les jupes de ma mère adoptive Céline Cordoin. Positivement je l’aimais, elle était douce, gentille et avait toujours pour moi une petite attention.
Le souvenir le plus attendrissant sans doute était celui des bains que nous prenions avec Marie sa fille, ma presque sœur. Maman Céline nous déshabillait et sans pudeur nous trempions dans une vaste bassine qu’elle alimentait en eau chaude. Moments merveilleux et inoubliables bien que sur la fin je me jugeais un peu grand pour me montrer nu devant une fille surtout lorsque mon attribut indiscipliné se dressait sans que je puisse contrôler quoique ce soit. Cela faisait rire Maman et glousser Marie.
Maintenant je me retrouvais chez des étrangers, je n’avais guère vu ma tante depuis ma naissance et mon oncle Ferdinand il faut bien le dire me faisait un peu peur.
Grand , bourru, le teint rougeaud, le verbe haut, toujours à peloter ma tante et à dire des choses grivoises il ne me témoignait guère d’attention.
Ma tante elle n’était qu’une grande revêche et je m’aperçus que sa main était plus leste aux taloches qu’aux caresses. Elle me secoua rapidement et je me retrouvais avec un nombre de tâches domestiques à faire assez important, d’autant que je devais aussi aller à l.école.
Heureusement il y avait la cousine Marie, mon rayon de soleil, je n’avais jamais fréquenté de fille de cet âge là. Ma sœur aînée était presque partie lorsque j’ai commencé à marcher et ma sœur d’adoption Marie ne pouvaient me donner d’élément de comparaison.
Non la cousine avait quinze ans et je fus stupéfait par sa poitrine, subjugué, hypnotisé. Elle ne correspondait pas à l’image que je me faisais d’une cousine. Nous dormions tous dans la même pièce et je dévoilais de grand talents pour l’apercevoir en chemise. Dès que je voyais un morceau de sa peau blanche ne fusse que l’une de ses chevilles cela me mettait en transe.
Quand dans l’obscurité de la nuit je l’entendais se lever pour pisser dans le pot de chambre j’avais toujours un sentiment de honte mais aussi de désir.
Je me sentais donc un peu étranger dans cette famille, un peu voyeur, comme un intrus.
Mais bientôt la présence d’un petit garçon au sein de cette communauté devint un problème de moindre importance.
Le canon allait bientôt tonner et mon oncle disait qu’on se vengerait bientôt de Waterloo. Cela ne me disait rien, moi à part Verdelot, Montpothier, Bouchy le repos je ne connaissais rien de rien.