UNE VIE PAYSANNE, ÉPISODE 29, Ces innocents premiers émois

 

 

Rosalie Joséphine Cré

commune de Verdelot département de Seine et Marne

1823

J’avais vingt ans et mon amoureux se nommait François Isidore Groizier. Il habitait à coté de chez nous. Nous avions fait un premier pas et nous avions l’autorisation de nous marier. Mais pour l’instant rien ne pressait. Enfin si, quelque chose que je n’ose pas nommer. Au départ François me tenait gentiment la main, on parlait, on faisait des projets d’avenir. Lui, voulait devenir compagnon tuilier comme son père, moi j’aurais bien aimé posséder une terre,un bout de vigne que nous aurions pu léguer à nos héritiers. Nous n’étions pas d’accord là dessus. Mais il me disait où prendrais-tu l’argent pour acheter une terre? Il n’avait pas tort alors on en rigolait et on s’imaginait que la ferme château de L’Aulnoy Renault nous appartenait, ainsi que toutes les terres qui se trouvaient autour. Quelle bêtise que tout cela, nous ne possédions rien du tout et c’est d’ailleurs pour cela que nous devions attendre pour nous marier.

On aimait se promener, mais invariablement lorsqu’il faisait beau nous finissions sur un tapis de mousse. Sur ces lits improvisés on s’usa nos bouches, ce n’était plus les bécots du début, ma bouche était la sienne et la sienne était mienne.

Puis au fils du temps il me caressa, d’abord timidement, puis avec assurance. Je me laissais faire mais il n’avait pas le droit de le faire peau à peau. Cela me rendait déjà folle, je résistais, mais j’éprouvais tellement de sensations bizarres que j’aurais bien poursuivi l’expérience plus avant.

Moi je n’osais pas toucher François, je me laissais faire. Mais un jour d’été ,il faisait une chaleur de braise, François tomba sa chemise, je pus admirer son torse musclé, son ventre dur et ses bras costauds. Ce qui me fascina le plus ce furent ses poils soyeux et denses qui couvraient sa poitrine.

Ce jour là je me décidais à franchir un pas, mes doigts jouèrent avec ses bouclettes puis sans plus trop savoir ce que je faisais ma main joua aussi avec ceux de son ventre.

François ne bougeait plus, tétanisé, je voyais qu’il se passait quelques choses, mais je n’étais qu’une sotte, ignorante de tout.

Puis il décida que comme il avait dénudé le haut de son corps je me devais de faire pareil.

Quoi, comment osait-il me demander une chose pareille, cela n’avait rien à voir, une femme ne montrait pas ses seins. Je ne savais même pas si Maman montrait les siens à papa.

J’étais outrée, humiliée, vexée. Lui rigola et tenta une autre approche en me proposant de se mettre tout nu. J’en restais bouche bée. Bien que mon envie soit grande de voir un homme tout nu et que jamais de ma vie je n’en avais vu, hormis les garçons et leur petit asticot quand ils se baignaient dans le Morin, je préférais rentrer.

A qui demander conseil, certainement pas à ma mère. Il y avait bien Marie Louise ma tante mais nous n’avions pas d’amour l’une pour l’autre et je m’en méfiais comme de la peste.

Je ne revus plus François de quelques jours, j’avais peur qu’il ne veuille plus de moi, c’était terrible. Était-ce cela faire l’amour?

Depuis ma tendre enfance ma mère me rabâchait qu’avec les hommes on devait attendre d’être mariée, mais comme elle ne me disait pas ce que je devais attendre je me posais des questions.

Le curé à l’église tonnait chaque dimanche que nous devions résister à la tentation, que nous devions faire la chose que dans le but de procréer. Le reste n’était que péché, concupiscence.

La finalité m’échappait mais j’avais compris que l’homme ne devait pas aller trop loin avec une jeune femme .

Une autre chose me turlupinait et le curé ne donnait pas de réponse là dessus, la virginité de Marie.

Un matin je me décidais à poser cette question à ma mère, car j’étais inquiète. Est ce que je pouvais avoir un enfant avec François Isidore sans qu’il me touche comme la vierge Marie avec Joseph.

Je n’avais jamais vu ma mère en joie comme cela, elle se mit à rire. Entre deux hoquets, elle me disait qu’est-ce que tu es niaise ma pauvre fille. Je n’eus évidemment pas de réponse, je me débrouillerai toute seule.

A table ma mère raconta cela à tout le monde, cela fit la soirée. Mon cousin Nicolas pourtant plus jeune que moi avait une réponse et à l’oreille me dit qu’il m’apprendrait tout ce qu’il savait. Je lui en étais reconnaissante, il n’était pas comme ces idiots d’adultes qui se moquaient.

Le lendemain il me demanda de le rejoindre au pacage, innocente que j’étais je m’y rendis.

Gaillardement il m’expliqua que le mieux serait que nous le fassions pour que je sois moins gourde le jour de la nuit de noces. Où avait-il apprit tout cela, lui le jeune berger. Un instant je faillis lui dire oui, il m’embrassa sur la bouche et il me prit dans ses bras, tout de suite je sentis son machin contre mon corps, mais bizarrement sa bouche n’avait pas le même goût que la bouche de François. Elle me dégoutait, ses mains devenaient objet de contraintes plus qu’objet de désir.

Quand à cette chose qui semblait grossir à chaque fois que j’ étreignais un homme, elle me dégoutait.

Je m’enfuis en courant et là aussi je fis encore rire.

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