LA VIE TUMULTUEUSE DE VICTORINE TONDU, épisode 41, le fatal diagnostic

Un docteur cela coûtait de l’argent et puis je ne pensais pas qu’une boule sur un sein soit un sujet d’inquiétude.

Bon tout de même je commençais à n’être pas tranquille, cela faisait maintenant une belle masse et ma peau devenait comme la peau pelure du fruit que les riches offraient à leurs enfants à Noël. Au bout d’un moment j’eus même une croûte et cela me démangeait tout le temps.

Un matin fatiguée par une mauvaise nuit je me rendis chez Hermance et tout de go j’enlevais mon corsage, elle fut horrifiée et se mit à pleurer, je ne comprenais pas trop mais elle finit par me dire que sa mère avant de mourir avait eu une telle grosseur. Je vous le dis cela m’a décidé le lendemain je m’en fus chez le docteur à Coulommiers.

Hélas, le bon praticien ne m’annonça pas une bonne nouvelle , madame Trameau vous avez un cancer et malheureusement je ne vois rien à y faire. Il existe bien une méthode qui consiste à enlever le sein, les muscles pectoraux et les ganglions, mais il n’y a rien de sur en terme de survie du patient.

J’étais abasourdie, anéantie, le docte praticien venait de me dire que j’allais vers une mort certaine.

Vous avez beau savoir que tous les chemins mènent à cette fin , je me serais bien vue aller plus loin et vivre encore quelques épiques aventures.

Je gardais la nouvelle au fond de moi et je mentis à tout le monde, bien sur Hermance ne fut pas dupe mais ma famille qui ne demandait qu’à y croire se contenta de mes allégations rassurantes.

Gustave commença alors une longue approche auprès de sa future, pire que des négociations royales. Son père s’en amusait et son frère Émile se foutait allègrement de lui en lui disant  » mais nom de dieu quand vas tu la baisser ta mijaurée ?  ». A la voir minauder je pensais avec plus de nuances la même chose que mon fils, j’étais certaine que si il la brusquait un peu sur un tas de foin, elle arrêterait de maniérer.

Malheureusement la belle avait vingt ans et était fort fertile, après qu’il lui eut pris sa fleur du devant la belle devint insatiable des choses de l’amour, Gustave n’étant pas dépourvu d’appétit il s’ensuivit une fuite en avant amoureuse qui forcément aboutit à ce que la bougresse devint pleine.

Un peu honteuse, elle cacha à tous sa grossesse et une date de mariage ne tenant pas compte d’une précipitation éventuelle fut agréée par les partis en présence.

Les parents Tribout pensaient que leur douce fille était vierge et blanche comme une colombe, mon nigaud de fils qui n’y connaissait rien ne vit pas qu’elle s’arrondissait grandement.

C’est moi qui un jour la voyant au lavoir accroupie au battoir remarqua en voyant ses seins que de telles mamelles étaient plutôt celles d’une nourrisse que celles d’une demoiselle.

Sur le chemin après quelques questions elle avoua , apparemment il y avait urgence, ses règles avaient disparu depuis longtemps. Enceinte jusqu’au cou qu’elle était l’Ismérie. Moi j’étais sur ce sujet encline à l’indulgence mais ses parents prirent mal la chose. La paire de claques qu’elle prit lui rappela un chapitre du code civil, le père était maître de tout et de tous.

Bref deux foyers deux visions différentes de la vie, moi mon espace se rétrécissait, je n’allais pas fort, je n’avais plus d’appétit et beaucoup de nausées. Peu à peu avec ma forme, s’envolait mes rondeurs, Hermance me reprenait mes robes. Un jour elle me dit que je retrouvais ma silhouette d’autant, gentille mais moi je savais que ce n’était pas vrai, mes seins tombaient et mon ventre fripé faisait penser à une vieille pomme ratatinée.

J’avais perdu le goût de manger, je ne sortais plus guère de la maison. Heureusement la solidarité villageoise m’empêchait de sombrer.

La petite Ismérie mit au monde une petite fille, en accord avec mon fils ils l’appelèrent Hélène, déclarée naturelle elle serait reconnue pendant le mariage des parents.

Il n’y eut pas fête, la petite était malingre et ne vivrait peut être pas, décidément que de malheurs, peut être que Dieu me faisait payer mes péchés.

Fin d’année triste et religieuse mes seules sorties étaient réservées à l’église, j’y priais et j’y pensais.

J’eus quand même la chance de voir un grand nombre de mes enfants et petit enfants. J’en avait douze, ce qui compte tenu du nombre élevé de mes enfants ,était somme toute assez peu.

Auguste me rendit visite et nous invita au mariage de sa fille aînée, elle se mariait avec un valet de chambre Allemand, mon fils aurait espéré plus noble liaison mais l’amour est imprévisible.

Bien sur mon état physique ne pouvait me permettre le déplacement mais Charles et mes autre fils se rendirent à Beauvais.

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