LA VIE TUMULTUEUSE DE VICTORINE TONDU, épisode 31, fâcherie et réconciliation

En un an j’avais perdu mon beau frère et surtout ma belle sœur qui dans mon cœur laissait un grand vide. J’avais un neveu en prison, j’avais marié mon deuxième fils et je n’avais aucune nouvelle du premier. Nous préparions les noces du troisième et enfin j’avais retrouvé ma mère ou plus précisément mon frère me l’avait jetée dans les jambes.

L’année 1889 en fait commença sous les plus mauvais auspices, un matin ou je me levais encore plus tôt que d’habitude et que je sortais dans le jardin pour ma foi me satisfaire d’une obligation naturelle je vis sortir de chez Hermance mon grand dadais de Charles. Mon dieu mon sang ne fit qu’un tour et je me précipitais chez la traîtresse. Son amant je l’avais sous les yeux tous les jours, comment avais je pu être aussi aveugle, elle avait dévoyé un gamin pour satisfaire ses sens, elle me devait explication.

Le lit était en désordre et y flottait l’odeur acre du mâle, Hermance semi nue, les cheveux en désordre semblait encore errer dans les nimbes de l’amour. Elle fit face, ne se couvrant pas mais au contraire faisant jaillir son abondante poitrine comme une provocation supplémentaire.

Elle m’avait trahie, non pas que je jugeais le fait qu’une veuve veuille faire l’amour à un jeune homme mais plus certainement qu’elle me l’ai caché, alors que nous partagions tout. Avant qu’elle n’ai pu prononcer un seul mot je lui tournais le dos et sortais en claquant la porte. Je ne l’avais pas laissé s’exprimer sur le sujet  elle m’avait trahie un point c’est tout. En rentrant chez moi je considérais que j’avais  perdu une amie.

Le soir mon fils se prit une engueulade faramineuse, mon mari et Victor prirent sa défense en termes non équivoques. La veuve était bien agréable et il aurait été fou de ne pas en profiter, mon mari rajouta maladroitement que d’autres en avaient profité et qu’il les comprenait très bien.

Le message était clair, si il avait pu en profiter il l’aurait fait et la Hermance levait la jambe à tout va.

Autant vous dire que ce soir là le Charles ne m’approcha pas et que je me jurais de lui faire payer l’aveu de l’envie de lutiner sa voisine et l’amie de son épouse.

En février, on retourna à Beautheil pour les noces entre Victor et la Marguerite Macé, ce fut une réplique du mariage précédent,même invités, même musiciens et je crois le même repas. Mon fils aîné nous avait fait l’honneur de venir et de servir de témoin à son frère.

Sa mijaurée de femme n’était point là et c’était tant mieux, mais j’aurai aimé toutefois voir mes petits enfants avant qu’ils aillent à Beauvais. Je savais par expérience qu’on ne revenait pas après de tels déplacements et que si je ne les voyais pas maintenant je ne les verrais jamais.

Victor avec son épouse s’installa à Chailly en Brie non loin de chez nous, encore un qui partait, mais j’aurais tout le loisir de les voir.

La vie reprit son cours, un jour que je faisais la tournée des commerces pour m’acquitter de nos dettes, je rencontrais Hermance qui faisait la même chose que moi. Il faut que je vous explique, en général on ne payait pas dans les commerces, la patronne notait et lorsque les hommes étaient payés de leurs gages, nous réglions se que nous devions. Tout le monde pratiquait ainsi, les artisans se faisaient régler leurs travaux souvent à l’année. Il y avait des mauvais payeurs mais en général le système fonctionnait sans peine.

J’étais donc chez Palmyre Leclerc l’épicière ,que la grande était derrière mon cul. Je l’ignorais ostensiblement mais je voyais qu’elle voulait renouer. Je continuais ma tournée en me rendant chez Felix Alaix le sabotier. Lorsque je sortais elle m’attendait, elle ne me dit qu’une phrase,  » viens boire un café chez moi  ». On remonta la rue principale sans causer puis nous pénétrâmes dans son antre fait de chiffons et de tissus et où trônait sur la table un buste de couturière. On tomba dans les bras l’une de l’autre, je m’excusais pour la brouille et elle se confondit en m’expliquant qu’elle n’avait pas osé me dire que mon fils était son amant.

J’étais soulagée et l’on se raconta toutes nos misères. Papotages de femmes, mon mari, ses amants, nos règles, nos envies, nos misères de femmes, la cuisine, le froid, les tissus, l’odeur de merde de la fosse d’aisance jamais vidée, de nos filles qui ne se quittaient guère.

Je me décidais aussi à lui parler des troubles que j’avais ressentis au contact de cette femme, je me le devais car figurez vous la tentatrice venait sans le faire exprès de s’installer avec son mari à Chailly.

Hermance m’écouta avec attention, fut subjuguée par le sentiment que j’éprouvais car jamais elle n’en avait éprouvé de semblables. N’anticipons pas mais elle devint ma complice dans la relation que j’entretiendrai avec ma belle Marie.

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