Comme je vous l’ai expliqué dans le premier épisode les restes de Jean Alexandre Coluche furent sauvés in-extrémiste et il s’en manqua de très peu pour que les ossements de se brave ne fussent dispersés dans une fosse commune et que nous ne puissions venir nous recueillir sur sa tombe.
Ce brave parmi les braves fut en sa jeunesse comme beaucoup d’autre happé par la conscription Napoléonienne, né le 30 mars 1780 à Gastins dans ce qui était la province de la Brie.
Comme les autres ses racines sont paysannes et son père Jean Coluche exerçait la profession de charretier. N’ayant pas souffert de l’autorité paternelle car son père est mort alors qu’il avait deux ans il a été élevé par sa mère Marie Muraton.
En 1801 ayant tiré le mauvais numéro il se retrouve carabinier au 17ème régiment d’infanterie lègère.
Il fut de toutes les grandes batailles, Austerlitz, Iena, Friedland, mais le fait qui nous intéresse et qui le fit devenir célèbre se passe lors de la campagne d’Autriche en 1809.
Nous sommes le 3 mai 1809 le soir de la triste boucherie d’Ebersberg. Jean Alexandre est de garde au palais, insigne honneur mais aussi insigne corvée. N’allez pas croire que sa faction se passe devant un superbe château car tous les endroits ou réside l’empereur sont nommés ainsi fussent ils des taudis. En l’occurrence la garde se passe devant une modeste demeure miraculeusement conservée des flammes qui ont ravagé la petite ville.
Le soldat Coluche a une consigne très ferme, on n’entre pas et on ne sort pas à moins d’être accompagné d’un officier.
Les minutes passent lentement lorsqu’une silhouette se présente, Coluche hurle un retentissant » on ne passe pas ». L’inconnu marque une hésitation mais poursuit son cheminement.
Jean Alexandre croise alors sa baïonnette et gueule » si tu fais un pas, je te plante ma baïonnette dans le ventre »
A ce bruit les généraux , les aides de camps de l’état major sortent et entraînent Coluche vers le corps de garde.
L’affaire est d’importance il a bien faillit embrocher son empereur, comprenant enfin son erreur il se targue de sa consigne. On lui fait miroiter le conseil de guerre, le peloton d ‘exécution, il se défend, il n’a fait qu’obéir aux ordres.
On le traîne devant Napoléon, que va t’ il advenir de lui. L’empereur en fin communiquant n’est pas homme a punir l’exemplarité, bien au contraire.
»Grenadier tu peux aller mettre un ruban rouge à ta boutonnière, je te donne la croix .
» Merci mon empereur mais il n’y a pas de boutique dans ce pays pour acheter du ruban »
» Eh bien, prends une pièce rouge à un jupon de femme ça fera la même chose »
La légende est en route, même si le récit diffère d’un chroniqueur à un autre, même si le geste est magnifié et que les mots employés ne sont pas exactement ceux qui furent prononcés,notre Jean Alexandre Coluche devint célèbre dans toute l’armée, vous vous rendez compte il est celui qui faillit embrocher le petit caporal.
Ruban sans médaille il lui fallut continuer les combats et il sera blessé à Wagram. Remis de sa blessure il suivra son régiment dans la tragédie espagnole.
Il y restera jusqu’en 1813 et remontera pour participer à la campagne de France, il combattit près de chez lui sur des terres qu’il connaissait bien. L’épopée se termina pour lui à Arcis sur Aube où il fut blessé d’une balle dans la tête. Pour survivre on se doute que cela ne devait guère être grave mais pour lui les combats étaient bels et bien terminés.
Son empereur abdiqua, son régiment fut dissout et il est probable qu’il rentra chez lui.
Bien qu’il affirme qu’il participa à la campagne de Belgique en 1815, rien n’est moins sur car jamais il ne fournit d’information sur le régiment dans lequel il se trouvait. Ce fut peut être une hâblerie de sa part quand plus tard l’on pouvait se glorifier d’en avoir été.
Ce qui est sur c’est qu’il se maria le 25 juillet 1815 à 12 heures avec Marie Madeleine Élisabeth Moreau. Convenons que pour un militaire qui avait combattu le 18 juin à Waterloo, il avait été vraiment rapide. Mais bon puisqu’il le dit.
Il lui fallait maintenant se faire officiellement reconnaître comme chevalier de la légion d’honneur, ce ne fut guère facile en mars 1817 il dut prouver son identité dans un certificat de notoriété, car en effet le 12 mars 1814 à Soisson, l’empereur lui avait décerné le fameux sésame mais au nom de Pierre Colache. Bref il était bien chevalier mais sans le brevet original qu’il n’avait jamais reçu, et bien sur sans médaille.
Bref pour résumer, reconnu par tous comme membre de la légion d’honneur, Napoléon lui attribua le ruban le 3 mai 1809, fut fait chevalier le 12 mars 1814 et son brevet ne fut signé que le 26 octobre 1821 à Paris. A partir de quel moment il toucha sa pension nul ne le sait mais il y a fort à parier qu’il ne la toucha pas avant que ne soit régler tout ses problèmes administratifs.