Au village il redevint vigneron possesseur de quelques terres, une gloire locale sûrement.
Le 28 août 1816 il eut un fils qu’il nomma François Alexandre.
Toute sa vie il profita de sa notoriété et devint même sous lieutenant de la sixième compagnie du 1er bataillon de la garde Nationale de Nangis le 13 juin 1831. On le nomma aussi conseil municipal mais visiblement fâché des procédés employés renonça à cette distinction en écrivant au sous préfet cette missive
Gastins, 8 Novembre 1831
Monsieur le Sous-Préfet,
Ayant été nommé candidat composant le conseil de notre commune, j’avais accepté avec le plus grand plaisir si les élections s’étaient faites loyalement mais comme il est parcouru dans toutes les maisons de solliciteurs et monsieur le Maire luy-même et que cela n’a pas été fait dans la forme voulue, je vous prie d’accepter ma démission et de me rayer sur la liste de candidature.
Recevez, Monsieur le Sous préfet, les salutations les plus sincères de celui qui a l’honneur d’être votre serviteur
Coluche
De ses métiers on retiendra qu’il fut vigneron, ouvrier agricole, jardinier et aubergiste, mais soyons clairs entre la légende et la réalité il peut y avoir quelques divergences.
En 1825 au décès de sa mère il est propriétaire vigneron, en 1836 sur le recensement sa profession n’est pas spécifiée et son fils François est ménétrier, en 1841 aucune mention mais son fils est vigneron, en 1843 au mariage de son fils il est désigné comme propriétaire et son fils vigneron.
Ce n’est qu’en 1846 qu’apparaît la première mention d’une auberge tenue par Coluche mais contrairement à l’iconographie ce n’est pas Jean Alexandre mais son fils et sa bru Françoise Amélie Picard qui sont nommés comme aubergiste. Notre vieux grognard est désigné comme vigneron.
En 1851, le vieux bonhomme est dit pensionné de l’état et propriétaire, son fils est aubergiste et vigneron.
Sa femme décède le 05 février 1856 et son fils et sa bru tiennent une auberge.
En 1857 bien sur il reçoit la médaille de Saint Hélène, contrairement à la légion d’honneur elle lui est bien épinglée le 1 novembre de la même année à la préfecture de Melun.
Il est vrai en ces temps où le neveu du grand empereur règne les anciens soldats de l’empire sont à la mode. Jean Alexandre Coluche fait l’objet de bons nombres de récits dans la presse c’est une vedette et l’on se déplace pour l’entendre raconter sa fameuse histoire.
L’auberge du fils qui est nommé » on ne passe pas » fait le plein et bénéficie d’une large clientèle attirée par le personnage.
En 1859, il perd sa petite fille et ainsi toute possibilité de descendance .
En 1862 notre vieux carabinier à de nouveau son heure de gloire, il est convié à rendre visite à Napoléon III en son château de Fontainebleau.
On raconte que c’est muni des ses états de services et de son portrait qu’il se présente au factionnaire.
Là aussi les récits divergent, entre le vieux soldat adulateur de son empereur qui se présente spontanément au château et que l’on reçoit et la convocation par l’empereur curieux de voir un pilier de la légende qui peu à peu se construit.
Quoi qu’il en soit il est reçu une heure, ce qui n’est pas rien et l’empereur lui présente même sa famille. A cet age on ne se refuse rien et il aurait prononcé cette phrase en voyant Eugénie » Eh bien Sir ! Je vous félicite de votre choix et de votre bon goût. «
Puis avant de partir l’empereur lui aurait demandé si il avait besoin de quelques choses, Coluche aurait répondu » Je n’ai plus besoin de rien maintenant que je vous ai tous vus, je suis content. Je vous prie seulement de me donner vos trois portraits «
Il fit bien et lui donna 600 francs, quelques temps plus tard il lui fit don d’un billard qui trôna dans l’auberge.
Âgé de maintenant quatre vingt deux ans il coulait des jours tranquilles auréolé de toute sa gloire, hélas en 1863 son fils décède.
Le journaliste sans que l’on puisse en déduire quoi que se soit sous entend un drame domestique dont ne serait pas étranger le domestique de la maison un certain Augustin Vervaet et la bru de Jean Alexandre.
Mais n’épiloguons pas quoique….
Le 19 novembre 1866 à Gastins le belge, l’étranger, le Vervaet épouse la veuve Coluche c’est un beau parti, elle a hérité de la fameuse auberge même si des parts appartienneent au vieux soldat.
La différence d’age est notable ( 19 ans ) et l’on jase beaucoup au village. Mais comme dit l’ancien ma bru est est libre de son cul. Cela ne va pas sans heurt car le Vervaet fait comprendre à tout le monde qu’il est le patron. Jean Alexandre n’a plus rien à dire et c’est tout juste si il peut s’asseoir tranquille pour boire un canon de la piquette qui vient de ses vignes.
Non de dieu c’est quand même bien ma maison j’y suis né et ce billard qui me l’a donné?
Puis en 1867 notre héros quitte la scène, un enterrement banal ou tout de même les pompiers lui rendent hommage.
De nouveau il fit la une des journaux, réapparaissant de temps à autre.
Ce fut sa belle fille remariée au grand flandrin de Vervaet qui hérita de tous ses biens en 1872 ils sont tous les deux à la tête de l’auberge ils le seront toujours en 1876.
En quelle année l’auberge fut elle vendue, mystère mais en 1881 les deux époux sont cultivateurs et apparaît un Adolphe Plisset comme marchand de vin.
En 1886 la fameuse auberge de Coluche appartient à Adolphe Plisset qui la transmettra à Emile Plisset, entre temps madame Picard veuve en premières noces du fils du carabinier Jean Alexandre est décédée à son tour.
L’héritage de la famille Coluche est aux mains de Vervaet qui pourra bientôt se dire rentier ( recensement 1891 ).
Le bonhomme se remarie rapidement c’est un beau parti, en avril 1887 il se lie avec une servante de ferme du nom de Marie Fournier cette fois c’est elle qui est plus jeune de dix ans.
Cela ne l’empêchera pas de mourir avant lui en 1904.
Notre vieux belge vécut une fin heureuse entouré des soins d’ une servante nommée Gabrielle Henriot, cette jeunette de quarante six ans était elle sa maitresse ou bien une simple domestique?
Mais revenons à notre héros, tout appartenait à Vervaet et surement aussi la concession funéraire car en 1908 notre Belge choisit comme lieu de sépulture, la tombe de sa femme mais par la même celle de son premier mari François Coluche et du père de celui ci notre Jean Alexandre notre fameuse sentinelle.
Voila vous savez tout, non encore un détail, personne ne voulut des vieille reliques du chevalier Coluche et il s’en fut de peu que comme les ossements ils ne fussent jetés.
Heureusement un nommé Emile Ligonesch marchand de vin s’accapara le brevet de la légion d’honneur, l’épée de sous lieutenant de la garde, la médaille de Saint Hélène et son certificat.
Que sont devenus ses pieuses reliques, antiquaires, collectionneurs, descendants du marchand de vin ou simplement détruits?
En tout cas le billard serait toujours sur Gastins à l’heure ou j’écris ses lignes.
L’auberge n’est plus une auberge mais une plaque indique le passage de notre vaillant guerrier, quant à la tombe elle est toujours honorée mais contrairement à 1908 elle ne porte plus le nom de Vervaet Augustin mais celui de Coluche.
L’auberge Plisset n’existe plus mais l’établissement juste à coté existe encore sans avoir beaucoup changé.