MARIAGES ENTRE COUSINS

Autrefois trouver chaussure à son pieds n’était pas une chose particulièrement facile, de multiples contraintes faisaient face au prétendant au bonheur.

Comme nos ancêtres se déplaçaient à pieds leur rayon de recherche se réduisait à quelques kilomètres et les unions se passaient dans un cercle disons d’une douzaine de kilomètres, ce qui on en conviendra est déjà une belle distance pour se rencontrer à l’aide de ses jambes et de ses sabots.

Une autre contrainte était celle de l’age, pour pouvoir se marier il fallait un petit pécule et si la famille ne le fournissait pas il fallait se le constituer, cela retardait souvent les unions et il est donc fréquent d’avoir des mariés qui dépassent allègrement les 25 ans. C’était par ailleurs une façon de réguler les naissances.

Donc pour résumer, il fallait trouver une femme dont l’age correspondait dans une zone géographique bien définie. Malheureusement ce n’était pas tout, dans une société paysanne et pour le moins rurale, les structures sociales étaient bien définies et le mariage était avant tout un contrat social entre deux familles. En bref un riche n’épousait pas une pauvre, un laboureur se mariait avec une fille de laboureur et un journalier se liait souvent avec une journalière. Cette endogamie professionnelle pesait très fort dans le choix d’une épouse, préservation des terres lors des partages, main d’œuvre pour la mise en valeur de l’exploitation familiale.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas le mot endogamie, c’est l’obligation pour un individu de choisir son conjoint dans un groupe bien déterminé, même race, même région, même métier, même classe sociale etc.

Donc avec cette restriction supplémentaire, vous imaginez que le choix se réduisait encore.

Les familles qui peuplaient nos campagnes avaient parfois l’obligation de marier leurs enfants à des membres de leurs propres familles. Cela tenait souvent lieu de la nécessité.

Les mariages familiaux étaient le plus souvent le fait de cousins, il fallait de toutes manières obtenir une dispense de consanguinité auprès du curé de la paroisse qui transmettait la demande à Monseigneur l’Evêque. Je ne parle ici que des cas les plus courants et non de mariage princier ou les liens familiaux étaient encore plus resserrés.

La révolution française simplifia et autorisa le mariage entre cousins.

En l’occurrence nous avons tous des mariages entre cousins dans nos arbres.

J’ai choisi pour illustrer le propos un double mariage charentais, ce qui est assez marrant et ce qui m’a attiré est le fait que les quatre mariés portent exactement le même noms

Nous sommes le mercredi 10 novembre 1813 dans la petite localité charentaise de Vars, situé au nord d’Angoulême, la commune est un gros bourg rural de presque 2000 habitants.

Deux familles en ce jour s’apprêtent à marier leursenfants, mais s’agit ‘il bien de deux familles ou d’une seule ?

Jean Marchive cultivateur au hameau de Brars et son frère François cultivateur également au même endroit vont s’unir respectivement à Jeanne Marchive et à Anne Marchive. Ils n’ont pas eu à courir bien loin pour convoler les deux sœurs résidant dans le même hameau.

Ces quatre mineurs au regard de la loi se connaissent depuis toujours.

Dans ce coin reculé de Vars la population est souvent apparentée et les Marchive y sont légion.

Jean et François vivent et travaillent en famille avec leur père Jean Marchive et leur mère Jeanne Malet.

Jeanne et Anne vivent et travaillent également en famille avec leur père Jean Marchive et leur mère Louise Salée.

Pour faire simple Jean Marchive va unir ses enfants à ceux de Jean Marchive, ces derniers ont la même profession, habitent la même commune dans le même hameau.

Ils se connaissent également depuis très longtemps.

Jean Marchive le père de Jean et François est le fils de Jean Marchive et de Jeanne Quantin.

Vous me suivez !

Jean Marchive le père de Jeanne et d’Anne est le fils de Jean Marchive et d’Anne Grézillon.

Comme vous l’aurez sans doute deviné ou pas , Jean Marchive et Jean Marchive sont de la même commune, ont la même profession et demeurent dans le même hameau.

Bien j’arrête le suspense, Jean et Jean sont les fils de Jean Marchive et de Suzanne Allard.

Je vais m’arrêter la.

Faisons le calcul, nos quatre tourtereaux du mois de novembre 1813, sont bien de la même famille.

Leur lien commun est leur arrière grand père Jean Marchive.

Nous sommes bien en présence d’une endogamie familiale , mariage dans une même famille )

Nous retrouvons l’endogamie professionnelle car tous sont des cultivateurs.

Pour finir la démonstration nous sommes également en présence d’une endogamie régionale car tous du même hameau.

Avant la révolution une dispense de consanguinité eut été nécessaire pour ces cousins issus de germain.

J’ignore si les enfants de ses cousins germains eurent à souffrir des méfaits de la consanguinité mais une nombreuse descendance leurs est venue.

D’autre part de nombreux Marchive demeurent toujours à Vars.

Jean Marchive le marié mourut en 1825 entouré de son frère François et de son père Jean.

François Marchise le second marié est mort nettement plus tard en 1871 au hameau de Brars qu’il n’a jamais quitté.

Jeanne Marchive la première mariée est morte en 1829 au hameau de Brars après s’être remariée avec un cultivateur du même hameau que son premier mari.

Anne Marchive la deuxième mariée eut une existence bien brève car elle mourut un mois après son mariage à l’age de 16 ans.

Mon exemple est un exemple comme un autre mais il est tout de même assez rare de cumuler les mêmes noms et les mêmes critères d’endogamie.

 

Jean Marchive et François Marchive ——————Jeanne Marchive et Anne Marchive

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Jean Marchive et anne Malet —————————Jean Marchive et Louise Salée

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Jean Marchive et Jeanne Quantin———————Jean Marchive et Anne Grezillon

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Jean Marchive et Suzanne Allard

 

 

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