LE TRÉSOR DES VENDÉENS, Épisode 95, le hussard de la Chapelle

1905,La cossonnière commune de LaChapelle Achard

Jean Marie Proust fils de Barthélémy Proux et de Victoire Cloutour.

Proust fils de Proux, les autorités militaires pas plus que ceux de la commune n’ont voulu rectifier l’orthographe de mon nom, je resterais donc avec ce patronyme un peu différent de celui de mes ancêtres . Cela me gênait un peu mais bon comme apparemment il n’y avait rien à faire faisons comme ci.

Je devais être présent à mon corps le neuf octobre 1905, ils en ont de bonne où c’est la ville d’Alençon?, au village personne ne savait trop,heureusement ce fut l’instituteur qui nous tira de l’embarras, c’est en Normandie nous dit il, merci monsieur, moi qui avait le certif j’aurais du savoir mais bon, les années passaient et mon savoir s’estompait.

Moi comme les autres avec mes sabots je n’étais guère sorti de canton, alors pensez vous un tel voyage me faisait un peu peur.

J’avais envie de partir mais l’idée de m’absenter deux ans de la Cossonnière me faisait tout de même un peu peur. Comme on dit je n’avais jamais quitté les jupons de maman.

Je fis la route avec un gars du Girouard, à plusieurs on est moins angoissés. Notre voyage dura deux jours et on arriva enfin à la caserne Valazé où cantonne le quatorzième hussard.

Pourquoi m’a t’on affecté à un régiment de cavalerie, je n’en savais absolument rien, en Vendée nous les paysans, on attelait les chevaux mais on les montait rarement, à la ferme nous n’avions pas de selle.

On m’attribua le matricule 2266 et je devins soldat de deuxième classe. Grand bâtiment datant de mille huit cent soixante dix huit, terrain immense, tout d’ailleurs me paraissait gigantesque, le dortoir, le réfectoire et les latrines.

Mon impression fut pourtant favorable et rapidement je me fis à ma nouvelle vie. On nous donna pas tout de suite un bel uniforme, il fallut faire nos classes, on apprit à marcher , à chanter et à manier une arme à feu. Puis vint le grand jour, il fallut bien nous apprendre à monter à cheval. Nous les paysans nous avions quand même un petit avantage sur certains ouvriers qui n’avaient guère de contact avec les équidés, de grands moments de plaisir. Au fil des mois nous devînmes des cavaliers émérites, fiers de la tenue que nous portions, moi j’étais passé première classe et puis bientôt caporal c’est à dire brigadier pour les armes montées. J’avais dû cette avancement à mon niveau d’instruction, beaucoup ne savait pas lire ni écrire et beaucoup aussi ne parlaient guère français. Moi pour un peu je me serais bien engagé,mais j’avais tout de même la nostalgie du pays.

A part les armes quelque chose fit que je faillis m’installer en Normandie, nous avions eu notre première permission et nous nous sommes égaillés dans la ville. Cabarets, auberges, estaminets, catins tout y passa, sevrés de liberté nous nous comportâmes comme des barbares, bagarres, chants grivois, lorsque nous rencontrions des filles nous étions bien gras et bien lourds. Mais allez savoir pourquoi, le prestige de l’uniforme sans doute, certaines filles ne dédaignaient pas notre compagnie.

Moi ce fut une belle dentellière qui porta son dévolu sur moi, je devins son ami, puis son petit ami.

Une vraie beauté que j’étais fier d’avoir à mon bras. Ce fut elle qui m’enseigna les jeux de l’amour. Visiblement elle avait de l’expérience dont elle me fit profiter. Elle n’avait rien de commun avec les paysannes vendéennes, je dirais un peu plus sophistiquée, dans les manières, le comportement et l’habillement. Mon dieu que de froufrou pour apercevoir un morceau de chair, à la Chapelle Achard il vous suffisait de remonter la robe de la belle pour avoir accès à tout, ici il fallait batailler avec des dentelles , des lacets, du tissu. Enfin bon, comparativement à mes copains qui devaient payer pour avoir une femme j’étais verni. Du moins je le croyais,un matin au latrines j’eus une violente douleur en pissant, pour sur je n’allais pas le crier sur les toits cela allait passer, mais évidemment cela ne passa pas. Les jours suivant uriner devint un supplice. J’en parlais à un gars de ma chambrée qui immédiatement se mit à rire, en quelques minutes  tout le bâtiment savait que le ventre à choux, Proust avait une chaude pisse. J’étais humilié et honteux mais je dus aller à l’infirmerie. Je n’étais pas seul avec ces symptômes et une file de vaillants hussards, le cul nu et la queue à la main se forma devant le major qui d’un œil attentif et exercé nous examina. Quelques jours d’un traitement au mercure nous remit sur pieds. Je ne revis pas ma belle dentellière car voyez vous je n’étais pas le seul visiteur de sa soupente et elle partageait sa chtouille avec bon nombre de cavaliers.

Moi qui était prêt à lui demander sa main, j’aurais eu l’air malin. Je ne revins pas une seule fois en Vendée pendant cette longue période.

Plusieurs fois il y eut des rumeurs sur une guerre contre l’Allemagne. Mais moi ce qui m’a le plus chagriné c’est que nous dûmes lever le sabre contre des manifestants qui s’opposaient à la loi sur la séparation des églises et de l’état. Ce fut assez violent nous chargeâmes contre la foule que j’en avais honte. Mais bon les ordres sont les ordres, je m’imaginais d’ailleurs la situation chez nous en Vendée.

Je revins chez moi en octobre mille neuf cent sept, je fus heureux de revoir ma ferme et toute ma famille, mon grand père n’était pas au mieux de sa forme que cela faisait peine à voir. Ma grand mère me dit tu vois Jean Marie je crois bien qu’il t’attendait pour partir. Vous parlez d’un retour mais bon on fit en mon honneur un bon repas, le petit dernier de mes frères qui à mon départ ne marchait pas, gambadait de partout et se réfugia tout la soirée sur mes genoux. Dès le lendemain je fis le tour de mes connaissances, toute ma classe étant revenue au pays . Bien sur je repris ma place dans l’exploitation. Mais maintenant que j’avais goûter au joie de l’amour je me devais de trouver rapidement une petite, pour me marier ou pour batifoler.

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