1892, Alentour du moulin du Beignon, commune de Sainte Flaive des Loups
Pierre Cloutour époux de Victoire Epaud
J »avançais en age et je dirigeais maintenant une belle métairie même si en fait c’était Barthélémy qui avait toutes les commandes en main, mais je n’avais pourtant pas abandonné l’espoir de trouver le fameux trésor qui hantait déjà mon père.
Régulièrement je remettais cela sur le tapis et Barthémy plus pragmatique que moi, me disait père laissez cela vous ne le trouverez jamais ci tenté qu’il ait existé un jour.
Et pourquoi n’existerait il pas ?
Ce soir là à la veillée j’en parlais de nouveau et Barthélémy se disait prêt pour me satisfaire à faire une ultime recherche. Auguste mon fils fut également conquis par l’idée.
Nous discutions sur le sujet quand ma femme qui jusqu’à maintenant ne s’était jamais intéressée au sujet, nous dit, » mon père m’a parlé un jour d’un trésor enfoui sous un rocher »
Elle ne m’avait jamais parlé de cela.
– Un rocher mais où non de dieu
– Je ne sais pas, mais il m’a décrit la forme spéciale du rocher
– Quoi
– Il m’a expliqué que le caillou qui cachait un trésor caché par je ne sais plus qui ce trouvait sous un rocher qui avait la forme d’un cœur.
Barthélémy laissa tomber son bol de soupe et nous dit » je connais cet endroit, les sorcières autrefois venaient y faire leurs incantations.
Je faillis ce soir là étriper la Victoire, elle connaissait un bout de l’histoire mais sottement n’avait jamais fait la relation avec l’histoire que je racontais et les fouilles que j’avais pratiquées, il faut dire que pour ces affaires d’hommes nous les vendéens on écartait les fumelles.
On décida avec Barthélémy et Auguste de nous rendre sur les lieux dès le dimanche.
Jean Marie Proust, fils de Barthélémy et petit fils de Pierre Cloutour
Écouter et observer les adultes étaient souvent fort intéressant, je ne comprenais pas toujours le sens de ce que j’entendais mais je n’en perdais pas une miette pour autant. Quand j’appris l’existence d’un trésor qui nous appartenait j’en fus bien sur tout excité
Dès le lendemain j’en parlais ingénument à l’école, personne ne me crut et je me fis moquer.
Mathilde Guerin, fille de Charles Auguste Guerin et de Clémentine Ferré
Sur le chemin de l’école nous discutions beaucoup, la route était longue et ainsi cela passait plus vite, ce jour là portait sur la découverte d’un trésor par une famille de la Chapelle Achard.
Moi je croyais guère à toutes ces fadaises, mais bien évidement je les propageais à mon tour.
En quelques heures plus personne ne savait qui en avait parlé en premier. Moi le soir je fis mon intéressante et sans qu’on m’autorise à parler je racontais la nouvelle. Je croyais que j’allais me prendre une taloche mais mon père fut curieusement intéressé par ce que je disais.
Il entra en grande discussion avec ma mère et malgré l’heure tardive parti au Chaon pour parler avec ses frères.
Charles Guerin, époux de Clémentine Ferré.
Quand j’ai appris par la gamine que quelqu’un avait trouvé un trésor, je sus que c’était le notre, aucune probabilité ne me ferait croire qu’il y en avait deux. Mes frères furent surpris de me voir et quand je leur racontais le peu que je savais ils firent eut aussi le lien. Par contre la Mathilde ne savait pas de quelle famille il s’agissait.
Dès le lendemain on ne parlait que de cela et je sus que la famille Cloutour et Proux de la Cossonnière était détenteur du secret. J’ai laissé mon ouvrage et avec mes frères nous nous sommes rendus à la Chapelle Achard.
Sur place le vieux Cloutour nous accueilli fort mal, heureusement Proux tempera les ardeurs de son beaux père et nous fit entrer. Il ouvrit une bouteille de vin bouchée, ce qui était bon signe et nous discutâmes. Hormis le vieux nous étions tous d’accord il nous faudrait partager le trésor entre tous les descendants de la bande originelle. On fut aussi d’accord pour faire montre d’une discrétion absolue et qu’il fallait pour le bien de tous différer de quelques semaines la fouille car tous étaient en émoi à cause des racontars du Jean Marie.
Clémentine me demanda si on devait en faire part à son père. La justice voulait que oui mais le nombre élevé des héritiers nous fit craindre un amoindrissement des parts.
On verrait bien une fois déterré ce que cela donnerait.
François Ferré, commune de Grosbreuil
Nom de dieu si ils croient qu’il ne prendra pas sa part du gâteau, cette foutue famille Guerin et sa garce de fille se trompent amèrement. Je vais aller leur dire mes quatre vérités et j’emporterais mon fusil pour bien qu’ils comprennent.
En attendant je m’en vais boire une chopine et la Étiennette aura pour une fois intérêt à se taire.
Barthélémy Proux, commune de la Chapelle
Ce matin là, on était en train d’atteler les bœufs, les bêtes pourtant docile d’habitude était énervées, moi aussi et mon bâton s’abattait sur la croupe des récalcitrantes, quand je vis arriver trois hommes. Sans vraiment les connaître je savais que je me trouvais en face des frères Guerin.
Nous nous serrâmes la main et une discussion prévisible s’en suivit et qui concernait bien sur le trésor. Avec mon beau père qui venait d’arriver nous avions conclu qu’un partage serait équitable entre les descendants du groupe originel.
Les frères Guerin pensèrent de même , mais firent remarquer qu’il était très difficile d’avoir la composition précise de la bande. Bon on verrait bien, il y aurait bien assez pour tout le monde.
Il fut convenu que dès le lendemain on se donnerait rendez vous au Beignon.
Nous n’étions pas encore séparés lorsque nous vimes arriver le François Ferré ou plutôt que nous l’entendîmes tant il faisait un bruit d’enfer. Complètement saoul malgré l’heure matinale, il tenait une vieille pétoire sortie de l’ histoire. Ses vociférations firent sortir les habitants de la Cossonnière déjà curieux de la présence des Guerin. Certaines voisines bravant l’impudicité se montrèrent en chemise, des enfants les cheveux en bataille se cachant derrière ces maigres remparts.
Je fis taire l’idiot de service et on entra dans notre cuisine surprenant les femmes qui n’étaient pas encore coiffées de leur bonnet. Victoire qui n’aimait pas montrer ses cheveux à des inconnus se cacha dans la remise.Nous bûmes un coup de vin en bouteille, il fallait soigner les antagonistes.
Nous n’avions vraiment pas l’intention de spolier François,nous voulions qu’il fut plus discret, car ce trésor ne nous appartenait guère et l’administration aurait tôt fait de s’en emparer.
Donc paroles d’ivrogne il nous assura que dès le lendemain il serait présent lui aussi au rendez vous et que dès maintenant il se tairait sur le sujet.
Charles Guerin son gendre était un peu septique sur son silence, le soiffard quand il était à maturité éthylique avait la langue bien pendue.