LE TRÉSOR DES VENDÉENS, Épisode 81 , l’éclatement des familles.

 

1887 – 1892, La Gourdière commune de Sainte Flaive

Charles Auguste Guerin époux de Clémentine Ferré

 

Moi lorsque je suis rentré du service vous vous doutez bien que j’étais largement émancipé de la tutelle de mon père, alors quand il fallut que que repasse sous le joug de l’autorité paternelle cela ne se passa pas très bien. Les engueulades étaient multiples, d’autant que mes frères Pierre et André voulaient également me diriger.

Je mis un mouchoir sur mes récriminations en attendant de convoler avec Clémentine. Quand ce fut fait, nous passâmes quelques mois à la Corberie. Ce fut un enfer, nous les hommes on se se serait finalement battus et les femmes se seraient écharpées, la promiscuité certes oui mais là quatre couples avec des enfants cela dépassait la norme. Alors tout éclata et avec ma femme on alla s’installer à la Gourdière

. C’était un petit hameau avec quelques maisons et quelques fermes, j’y trouvais facilement du travail comme journalier. C’est d’ailleurs là que naquit notre premier enfant que l’on nomma Gustave.

Dès mon départ j’appris que mon père et mes frères abandonnaient la petite métairie de la Corberie pour en prendre une plus grosse sur la commune du Girouard et plus précisément au Chaon. Nous nous serions entendus ,moi j’aurais repris celle de la Corberie, mais bon après ce coup bas nous fumes un peu fâchés. Enfin la Gourdière et le Chaon n’étaient distants que de quelques kilomètres, alors les liens ne se cassèrent pas. On allait leur rendre visite et on faisait cochon commun.

Même endroit

Clémentine Ferré femme Guerin

Quel soupire de soulagement quand je me juchais sur la carriole à ridelles qui emmenait notre maigre bien vers notre chez nous à la Gourdière. Mon Charles conduisait l’attelage et marchait à coté des bœufs. Seule ma belle mère assista à notre départ, les autres avaient prétexté des travaux urgents pour ne pas être là.

J’étais enceinte jusqu’aux yeux et je me félicitais de ne pas avoir à être assistée des mes deux belles sœurs lors de ma délivrance. J’en avais par dessus la tête de leur air supérieur, nous étions sur le même pied d’égalité mais ces deux pestes pour rester polie me toisait comme si je jétais une servante. Les accrochages dans notre intimité étaient continuelles, il faut dire que notre lit se trouvait avec celui d’André et Louise, j’étais paralysée pour faire mon devoir de femme et rien que de savoir que j’avais des voisins me faisait redouter ce moment et je n’en éprouvais aucun plaisir.

Louise au contraire forçait la dose pour me gêner et nous contraindre au départ, elle manifestait une joie bruyante et chacun savait que la Louise était montée. Le lendemain elle nous demandait  innocemment si nous avions bien dormi, le père préférait partir que d’entendre sa catin de belle fille.

Dans ces conditions je ne sais comment je suis devenue grosse, mais cela n’a rien à voir, le plaisir n’est pas si j’ai bien compris une condition de fertilité.

Finalement devant l’instance de Charles, ma belle mère est venu m’assister pour ma délivrance, elle fut parfaite, j’ai souffert le martyr pendant des heures, il m’a été rapporté que l’on pouvait accoucher sans douleur avec un produit qui endormait le mal, sûrement une invention des villes ou bien une sottise que l’on m’a racontée pour me faire bisquer.

J’avais peut être mal jugé mes belles sœurs, car elles vinrent me voir à la fin de leur journée malgré leurs petits qui attendaient à la Corberie.

Mon mari et son frère allèrent déclarer l’enfant, Louis Gustave Auguste, nous à la maison on l’appela communément Gustave.

1887 – 1892 Le Chaon , commune du Girouard

Charles Guerin, époux de Marie Anne Tessier

Pour mes enfants je franchissais le pas, car vous vous doutez bien qu’à mon age je serais bien resté à la Corberie. Ce lieu m’aurait convenu pour mourir et le cimetière du village aurait pu être un champs de repos fort convenable.

Donc remue ménage et déménagement, exode pour moi et ma femme, au Chaon il y avait trois exploitations, celle de Constant Bulteau et celle des Renaud en plus de la notre.

Plus de terre et une maison un peu plus grande, nous on aurait notre lit près de la cheminée dans la cuisine mais l’avantage extrême serait que les familles de mes deux fils seraient séparées dans deux chambres distinctes. Nous serions peut être un peu tranquilles, loin des querelles.

A la métairie j’étais le chef nominatif, mais je ne me faisais plus d’illusion, j’arrivais au soixante dix ans et la force me trahissait. Je ne serais bientôt qu’un vieux débris à la charge de mes enfants.

Bon j’allais encore au travail mais le plus dur n’était plus pour moi, déjà mes petits enfants me caracolaient dans les jambes quand ils n’étaient pas à l’école et cela ce n’est pas bon signe. Encore quelques années et ils feront de bons valets de ferme.

Avec ma vieille on suivait la même pente, deux vieux ceps tortueux et ridés, de temps en temps en une ultime vaillance je retrouvais le chemin de l’amour, Marie Anne résignée se laissait faire en des périodes de plus en plus reculées.

Charles nous était revenu bien changé de sa période à Marseille, entreprenant, tourné vers l’avenir, il brûlait de voler de ses propres ailes.Il fut donc heureux de nous laisser, je crois qu’il était entre de bonnes mains avec sa Clémentine.

Même endroit

Marie Anne Tessier, femme Guerin.

Enfin nous allions avoir plus grand et là je ne parlais pas des terres mais de notre maison, mes belles filles  étaient invivables, gentilles mais invivables. Moi je ne demandais qu’à encore diriger mon potager, mon âtre et mes marmites, le reste je leurs abandonnais, animaux, lessives, jardin, verger et bien sur les gros travaux agricoles. Mais elles voulaient régner en leur foyer, seulement dans aucun royaume il y avait plusieurs reines.

Par contre pour me confier les enfants et les nettoyer de leur merde j’étais la bonne Marie Anne, vieille casserole encore un peu utilisable. Je râlais, je pestais mais bon j’aimais un peu mes petits drôles. Les moments étaient bons quand ils se régalaient de confitures, des crêpes ou des gaufres que je faisais cuire dans la cheminée.

J’ai également éprouvé un plaisir indicible à accoucher la femme de mon troisième fils, cela m’aurait retournée qu’elle ne fasse pas appelle à moi elle qui n’avait plus de mère.

J’étais inquiet pour mon bonhomme il faiblissait, s’endormait le soir et avait grand peine à se lever de son fauteuil, lui plutôt vert jusqu’à là ne s’intéressait à moi qu’à de rares occasions.

 

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