1876 – 1881, le Beignon commune de Sainte Flaive.
Pierre Cloutour, époux de Victoire Epaud.
J’aimais bien ma Victoire il n’ y avait rien à redire la dessus mais bon moi j’aimais les femmes, les jupons m’affriolaient alors bon, faiblesse humaine je me laissais tenter à faire du charme à certaines.
Victoire avec ses quarante cinq printemps elle pouvait pas rivaliser, en aurait elle eu vingt de moins que cela eut été la même chose.
Je faisais toutefois un peu attention car je ne souhaitais pas qu’elle se crêpe le chignon encore une fois et qu’elle ameute tout le canton.
A la vieille de noël 1880, Victoire ma fille arriva à la maison avec la petite domestique du François Laidet. La drôlesse portait un prénom bizarre mais ce n’était pas l’essentiel, jamais je n’avais vu une si belle créature, même la demoiselle du château n’avait pas ce charme. De stupéfaction j’en lâchais la grosse bûche que je m’apprêtais à mettre dans l’âtre avant la messe de minuit, Pierre mon fils faillit se la prendre sur le pied.
Heureusement que je ne devais pas aller à confesse car toutes les pensées qui me passèrent immédiatement dans la têtes étaient impies et empreintes d’une suave perversité.
A l’église, pendant la sainte messe, la diablesse involontairement tentatrice se plaça sur notre banc à coté de Victoire. Le curé aurait tout aussi bien pu dire ou lire n’importe quoi que je ne m’en serais pas aperçu.
Nous rentrâmes à la maison en chantant et pour la première fois Philomène entra à la maison, Victoire , Marie et Pierre burent un lait chaud en mangeant un gâteau que ma femme avait confectionné.
Elle rentra se coucher et moi je me retrouvais seul avec mon envie, vous vous doutez bien quand cette nuit sainte ma femme ne se laissa pas faire.
Quelques jours après j’eus le bonheur de pouvoir de nouveau approcher cette jeune beauté, je n’y tenais plus et cette petite délurée me permit de m’aventurer sur un terrain ou sans aucun doute je n’aurais pas du aller.
Pour faire simple je devins l’amant d’une gamine habitant à cent mètres de chez moi et amie avec ma fille. Les ennuis étaient à venir mais bon.
1876 – 1881, le Beignon commune de Sainte Flaive.
Victoire Epaud., épouse de Pierre Cloutour
A la noël on brûlait la » causse de nau » et on en gardait quelques brandons pour avoir de la chance le reste de l’année, avant de partir à la messe nous mettions cette belle bûche à brûler et l’on chantait tous ensemble des » noéls ». Les habitants du Beignon s’étaient réunis à nous et en chantant nous attendions le son des cloches qui nous mènerait à l’église.
La famille Laidet avec leur domestique Philomène se trouvait avec nous, mon mari je le voyais bien n’avait d’yeux que pour la petite servante. Ce sacré bonhomme ne pouvait vraiment pas s’en empêcher.
Nous allâmes joyeusement à la messe de minuit, le froid était vif mais ce moment était une joie pour la communauté et nous y allions tous gaiement. De tous les chemins arrivaient les familles avec leurs torches, cela faisait comme une traînée zigzagante de lumière dans l’obscurité bocagère.
Pierre pérorait et parlait haut je le voyais bien , pour séduire la petite. A l’église il n’écoutait rien et se signait à contre temps, obnubilé qu’il était. Au retour il s’attarda même avec elle un petit moment , ma fille alla les chercher. Nous partageâmes un petit repas en rentrant et j’avais le sentiment diffus que je venais de nouveau de perdre mon mari.
Ma foi il n’était pas question que je sois bafoué de nouveau, si il recommençait à me tromper je me donnerais au premier venu, même si c’était un militaire qui se rendait au Sable.
Les semaines passèrent Pierre ne me regardait plus et le soir se tournait sans aucun signe de vigueur, je savais à quoi m’en tenir.
Je n’avais pas vraiment envie de me faire trousser par un inconnu même pour me venger, avec ma chance il m’aurait mise enceinte et là je vous dis que les ennuis auraient été bien pires que d’être cocue. Je fis une comédie à Pierre, ma fille Victoire était présente et elle tomba de sa chaise en apprenant que sa meilleur amie, sa confidente se laissait aller avec son propre père. Elle joignit ses larmes aux miennes, Marie fit de même. Il se fâcha, tempêta, promis et finalement claqua la porte.
Je ne le revis que deux jours plus tard, je ne voulais pas qu’il m’abandonne qu’aurais je fait seule.
Je pouvais toujours recommencer le précédent scandale mais cette fois les villageoises auraient affirmé que je ne savais pas tenir mon mari ni mon ménage, pour moi c’était la honte et je me décidais à partager mon homme. Elle saurait bien s’en débarrasser un jour pour prendre un mari, à moins qu’il ne l’engrosse.
Ma fille pour le moins ne fréquenta plus la catin, mais dans notre monde tout finissait par se savoir.
Ce fut une fin heureuse car mon voisin maria sa domestique avec son beau frère. Il ne fallait pas chercher à comprendre mais Philomène savait mener sa barque. J’appris même avec surprise qu’elle maitrisait l’écriture et la lecture. Comme quoi, il ne fallait guère juger sur l’apparence, en plus d’être bien faite elle n’était donc point sotte.
Finalement j’eus un peu de peine qu’elle soit la seule punie, les hommes avaient le droit de baisser plus facilement leur pantalon que nous de remonter note robe.
Avec ce départ mon mari retrouva le chemin de mes cuisses, je trouvais cela immoral mais je fus quand même satisfaite de reprendre mon devoir conjugal. Je ne me faisais pas l’illusion si il en avait l’occasion il recommencerait. Pour changer de sujet , ma petite Victoire commençait à avoir des vues sur un domestique de le Primetière.
Je crois qu’il se nommait Barthélémy Proux ou Proust, cela me faisait drôle de savoir que ma fille pouvait d’un mois à l’autre partir, mais moi j’étais bien partie aussi alors !