1870 -1872, la Crépaudière, commune de la Chapelle Achard
Barthélémy Proux, fils de feu Jean Aimé et de Marie Louise Barreau
J’ai maintenant seize ans l’age où l’on vous garde comme travailleur fils du patron ou l’on vous expédie comme valet dans une exploitation voisine.
Dans les deux cas le travail était le même et vous ne perceviez aucun gage, tout revenait au père.
Pour tout vous dire moi je serais bien parti pour explorer un univers différend de la Crépaudière.
J’en connaissais le moindre recoin, mais le paysage je m’en moquais bien un peu, c’est bien plus les gens qui m’intéressaient.
Depuis que mon grand père Barreau était mort en mille huit cent soixante huit c’est le mari de ma mère qui dirigeait la métairie.
Je l’aimais bien, il nous battait avec justesse comme il battait ses propres enfants, pour cela aucune différence.
Cela dit j’aurais préféré garder mon père, j’avais cinq ans quand il est parti, et son image commençait à s’estomper, c’est bizarre mais je gardais plus le souvenir de sa voix que le souvenir de son visage.
Comme avec les yeux de l’enfance on a tendance à magnifier les êtres disparus je me garderais bien de le comparer avec mon nouveau père. Au départ j’en étais un peu jaloux, il avait pris ma mère, l’avais possédée, ni plus ni moins que mon père mais lui était un étranger.
Pendant les quelques années de son veuvage ma mère nous prenait dans sa couche, j’aimais fort me blottir le long de son corps chaud, quelle sensation extraordinaire.
Puis évidemment après son remariage nous fumes un peu relégués. De toute manière vu son jeune age, elle ne pouvait rester seule, une veuve de vingt deux ans ce n’était pas convenable.
Comme de juste tel un jeune couple ils firent des enfants, mon frère Louis arriva l’année du mariage, Auguste, François puis ma petite sœur Louise complétèrent la fratrie, ma mère de fait était presque toujours enceinte .
Moi je trouvais que maman était très fatiguée, le travail au champs s’accommode mal avec les enfants en bas age je ne vous parle même pas du fait d’avoir un ventre tellement proéminent qu’elle ressemblait à une futaille.
Donc nous étions six enfants, moi je travaillais avec mon père, oui comme je le considérais comme tel je le nommais ainsi. Ma sœur Marie 16 ans qui tremblait de partir loin de ses habitudes, mettait les bouchée double pour justifier sa place d’ouvrière dans l’exploitation, je vous dirais qu’elle se tuait à la tâche et que ma mère ne la récompensait pas à sa juste valeur. Un jour elle l’a obligée à repartir au lavoir sous le prétexte que le linge était mal rincé, c’était faux bien sur mais bon conflit mère fille aller savoir.
Mon oncle Eugène avait fini par partir sous d’autres cieux,normal, moi j’effectuais maintenant un travail d’homme donc en quelques sortes c’était moi ou lui. Pour cette fois ce ne fut pas moi.
Maintenant il faut que je vous avoue, mes parents eurent la bonne idée d’embaucher une jeune bonne.
Marie Pondevie, nom de dieu qu’en je la vis pour la première fois mes bras lâchèrent tout leur fardeau, plus grande que moi, blonde comme les blés, un sourire radieux et une poitrine qui ma foi n’avait rien à envier à la poitrine gorgée de lait de ma mère. Je ne pus m’empêcher de fixer sa chute de rein. Immédiatement je sus qu’elle serait le terrain de mes premières armes.
Autant vous dire qu’après mon arrivée je ne fus plus aussi assidu à mon travail, par contre j’étais toujours près à aider Marie.
Moi qui n’aimais pas spécialement la traite j’étais toujours à fouiner dans l’étable, moi qui me levais le dernier, j’étais au garde à vous pour surprendre la beauté en chemise.
Mon beau père me disait arrête de suivre cette foutue femelle comme un chien en chaleur. Cela faisait sourire ma mère. Peu à peu j’avançais mes pions, j’étais quand même le fils du patron, un peu de courage voyons.
Elle tomba amoureuse de moi et entre deux petits bécots nous nous promîmes mariage. Je ne sais si elle était sincère mais moi pour le mariage je n’en étais pas encore très sur. C’était une vile tactique pour pouvoir lui faire l’amour. Mais elle était assez maline . Un jour j’ai pris un peu de son temps pour la peloter dans le foin et bien excité je lui ai demandé de me faire voir ses seins. Malicieuse elle me dit oui à condition que je lui montre aussi quelque chose, fièrement je lui ai cédé et elle après s être repue de la vision de mes attributs que sottement je lui avais exhibés elle se sauva me laissant comme un imbécile.
Elle jouait un jeu dangereux et mon esprit était à me venger de cette petite garce. Il fallait que je fasse vite car les servantes changeaient souvent de patron, de plus à la sortie de la messe sur la place elle faisait damner tous les célibataires du coin.
Ma seule chance résidait dans le fait que je la voyais tous les jours et que maintenant elle m’était redevable. Un jour ma mère partit à la foire pour vendre du beurre et du lait et mon père était au cabaret pour discuter sur quelques changements de gouvernement. Marie eut la redoutable tâche de garder les petits à la maison, moi bizarrement le père ne m’avait pas attribué de travail. Toute la journée on joua au chat et à la souris. A un moment j’eus une opportunité d’être seul avec elle. Au début il fallut que je force un peu le destin, elle ne voulait rien savoir. Puis peu à peu les barrières de la belle cédèrent, j’aurais obtenu l’ensemble des bienfaits que l’on pouvait attendre d’une femme si mes maudits frères n’avaient fait une entrée fracassante dans la cuisine. Elle baissa subitement son jupon et moi encore une fois j’en fus vaincu.
Mon dieu quel supplice de tantale de vouloir et de ne pas pouvoir. Ma servante fut surveillée comme on surveille le lait, en effet les frérots avaient tout raconté, mon père avait bien rigolé mais ma mère beaucoup moins. Elle parlait de renvoyer la petite. Il n’en n’était pas question je ne lui avais pas pris sa fleur.