LE TRÉSOR DES VENDÉENS, Épisode 37, ma rencontre avec François.

1854, l’Erautière, commune du Poiroux

Rose Caillaud

Quand je me suis retrouvée dans ce village je fus un déboussolée , je n’avais connu que la Grignonière à Avrillé, mais mon père avait décidé de quitter le partenariat qu’il entretenait avec mon grand père et avec mon oncle René. Par ambition personnelle peut être ou simplement l’envie d’être son propre chef, je ne sais pas, mais ce que je sais c’est que nous sommes maintenant à l’Erautière, ou Lairautière ou encore Lérautière. C’est une métairie qui appartient à Monsieur Gilaizeau Jean, un propriétaire de Talmont, médecin de profession.

Mon père s’était déplacé plusieurs fois avant de conclure un accord, comme il disait neuf ans de bail ça va me pousser plus loin. Si il avait su le pauvre.

Les bâtiments étaient magnifiques, vraiment plus spacieux qu’à Avrillé, de plus les terres étaient vraiment groupées autour de l’exploitation et le gain de temps était considérable. Le verger était superbe,mais l’endroit que je préférais se trouvait dans la parcelle du Prée, une superbe mare où croassaient bon nombre de grenouilles.

Nous étions bordés par le ruisseau du bois de Grolaud, cela faisait un écrin de verdure, les premières métairies voisines étaient celles de la Portelière et de la Pérrochère.

Notre ferme était un cul de sac et fallait donc avoir un motif pour y venir.

Même si au départ je ne voulais pas vraiment quitter mon chez moi, je n’eus pas à le regretter car un jour j’ai rencontré mon amoureux.

C’était un gars de Saint Avaugourd, la première fois que je l’ai vu il m’avait semblé un peu quelconque et avait été incapable de répondre à mon salut.

La semaine suivante le pauvre s’était pris une raclée par un gars du village, je l’avais aidé et nous étions ensuite tombés amoureux l’un de l’autre. Au départ nous nous sommes promenés un peu un l’écart du village , immanquablement accompagnée par une amie qui me servait d’alibi, nous avons suivi le chemin classique des amoureux, baiser un peu niais, puis langoureux. Cela me transportait, j’en étais toute étourdie de ces étreintes, le soir qu’en je regagnais mon logis je ne savais plus qui j’étais réellement. Je ne pensais qu’à lui, qu’à nos retrouvailles. J’aimais quand il me susurrait des bêtises, cela m’émoustillait et le soir seule j’avais bien du mal à trouver le sommeil. Mon amie à qui je parlais du phénomène qui me touchait, me questionna si nous l’avions fait. J’étais bêtasse et au départ je me demandais de quoi elle me parlait. Je finis par comprendre, mais non au grand jamais je ne me laisserais faire avant notre mariage.

Elle me fit, t’es bien une grande godiche, il y a bien des façons de s’amuser. Rien à faire je fis la prude et mon François n’a jamais eu l’autorisation de remonter plus haut que le genou. Je savais bien qu’il avait envie mais j’avais des convictions et aussi un peu la trouille .

Mais il fallut bien avancer, nous ne pouvions nous cacher indéfiniment et pourquoi l’aurions nous fait ?

D’ailleurs mon frère Joseph âgé de treize ans m’avait démasquée et me faisait un peu de chantage au silence. Notre rencontre avec François n’avait rien de bien particulier il était fils de métayer et plairait à mon père, il avait vingt trois ans, moi vingt et un, nos ages correspondaient, certes nous étions un peu jeunes, mais rappelons le, notre développement physique ne s’adaptait que fort mal avec les impératifs coutumiers. En clair, j’avais envie de m’offrir à mon beau paysan et je n’aurais pas résisté à la tentation jusqu’à mes vingt sept ans.

Bientôt le village entier sut que j’avais un galant et François s’en fut un soir faire sa demande auprès du père. Quand je l’ai vu apparaître dans l’aire de l’Eraudière mon premier réflexe fut de me sauver.

Ma mère m’arrêta, François entra et fut invité à s’asseoir, d’un geste le père demanda deux verres et la bouteille de fine. Lorsque ma mère amena le breuvage et qu’il lui dit  » non pas celui ci  » je savais que notre cause était gagnée, en effet suivant l’importance de l’invité la goutte n’était pas de même qualité

Ils bavardèrent un bon moment et tout mon avenir fut réglé, ou presque car François devait demander l’autorisation à son père. Les deux hommes se tapèrent dans la main et j’eus l’autorisation de le raccompagner un bout de chemin. Nous fêtâmes notre victoire par un baiser qui fut pour moi le plus beau de ma vie. Ce soir là il m’a comme possédé, beaucoup de nuits d’amour par la suite ne me feront pas le même effet.

François put facilement convaincre son père et tout s’enchaîna sans précipitation, les parents se rencontrèrent et se plurent et une date fut convenue, ce serait après Pâques.

Restait en suspend l’épineuse question du gîte, François travaillait avec son père et ses frères, moi mon père il avait que le Joseph et la métairie était plus grande. J’eus donc le bonheur d’apprendre que je resterais dans l’écrin protecteur de mes parents. Un déménagement à Saint Avangourd des Landes ne me plaisait guère bien que j’aurais suivi François au bout du monde.

De plus notre demeure était plus spacieuse que la Lardière des Ferré et nous eûmes une chambre qui nous fut destinés.

Les jeunes du village eurent le sentiment d’avoir perdu une fumelle qu’ils étaient en droit de conquérir et l’accueil ne fut dans les premier temps pas très cordial d’autant que les Caillaud étaient un peu des étrangers car ils étaient d’Avrillé.

On fit tout dans les règles, invitation de la famille, préparation des repas, je me fis faire une robe par la couturière du village, quel plaisir que ces essayages entre femmes, ma mère retrouvait son sourire pour quelques instants, car nous avions un sujet d’inquiétude sur la santé de mon père.

Depuis quelques temps ce dernier était très fatigué, son travail s’en ressentait et le soir il s’endormait dans son bol de soupe, il se mit à maigrir et de fortes toux le laissaient exsangue. Ma mère voulait qu’il aille voir un médecin mais il s’avérait que le praticien du canton fut notre propriétaire monsieur Gillaizeau, or lui avouer une maladie était comme qui dirait se pendre à son plus bel arbre.

Heureusement une vieille du village héritière des sorcières d’antan s’y connaissait en simple.

L’absorption de ses remèdes soulageait parfois mon père et lui donnait la fausse impression d’un répit voir même d’une guérison.

Mon François se tenait déjà uni à moi et eut aimer en récolter un bénéfice immédiat, mais que nenni il attendra.Pour tout vous avouer je fus presque sur le point de lui céder lorsque un jour il eut droit de remonter le long de mes cuisses.

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