LE TRÉSOR DES VENDÉENS, Épisode 35, Les amoureux de la Crépaudière

1852, village de La Chapelle Achard

Marie Louise Barreau

C’est à peu près à cette époque que le neveu devint empereur, vous parlez que je m’en foutais, je n’aurai jamais le droit de voter et moi en dehors de ma cour de ferme et de l’espoir d’avoir dans ma couche le beau domestique de la noce.

Les hommes par contre rageaient ferme car le canton de la Mothe Achard était conservateur ou légitimiste.

Puis le destin frappa à ma porte, mon beau domestique qui était en gage chez Mr Aujard au bourg principal décida de s’intéresser à moi.

Un dimanche à la sortie de la messe il me pinça, m’attrapa le bras et en bref me fit la cour je ne le repoussais pas.

Le dimanche suivant, il demanda à me raccompagner chez moi au Moulin et en semaine je le voyais roder autour de la Crépaudière. Au bout de quelques semaines il m’attira à l’abri des regards et nous échangeâmes un baiser. J’en fus toute émoustillée et au cours des semaines les caresses se firent plus accentuées.

Aimé puisqu’il se prénommait ainsi avait plus d’expérience que moi et savait quel chemin il devait parcourir. Nous allâmes fort loin,il fallait bien savoir si nous étions compatibles, mais je conservais ma  » dame de devant  ». Pour le reste je savais que mon prétendant était fort réceptif et que moi je m’enflammais rapidement. Bien sur nos rencontres furent connues de tous et Jean Aimé Proux dut faire une demande à mon père. Ce dernier ne fut guère heureux, j’avais 16 ans et mon amoureux 29, il n’était que domestique, enfin ce n’était pas un très bon parti. Heureusement sa réputation de travailleur était bonne et il avait cumulé un petit pactole qui fit céder mon père.

 

Les noces furent programmées pour le 10 mai 1853 et il fut décidé que nous nous installerions avec mes parents, car en effet mon père devint métayer à la Crépaudière. J’avais quitté l’endroit en tant que bonniche j’y reviendrai en patronne, enfin pas tout à fait car c’est ma mère qui le sera .

Bon pour mon mariage j’étais d’accord mais un peu angoissée tout de même, j’allais passer de la tutelle de mon père à celle de mon mari, mais comme nous allions vivre ensemble j’aurai les deux sur le dos.

Il faut aussi s’imaginer la vie que j’allais avoir, les travaux ménagers, les travaux agricoles, les enfants qui ne tarderaient pas à venir, ce qu’on appelait les devoirs conjugaux même quand je voudrai pas. Ma mère rassurante me disait en plus qu’il pourrait bien de mettre quelques trempes en rentrant du cabaret.

Je fis donc l’objet d’un contrat entre mon père et mon futur, je n’avais rien à dire. La date fut choisie après Pâques car on ne se mariait pas pendant carême, mais il ne fallait quand même pas que cela prenne sur les travaux agricoles, la terre avant tout.

Le mardi 10 mai 1853 fut donc retenu, un mardi c’est le jour des cocus j’espère que cela ne sera pas prémonitoire.

L’organisation d’un mariage demande beaucoup d’attention, tout d’abord, n’oublier personne dans les invitations.

Du coté de mon père, mon oncle Pierre de Grosbreuil et François, Jean et Jacques qui demeuraient au Moulin des Landes, du coté de ma mère mon oncle Pierre Loué de la Chapelle Achard.

Du coté de mon futur, son frère Jean Louis Proux de la Mothe Achard et ses deux sœurs Rose Victoire et Marie Véronique toutes deux servantes dans le village. Jean Aimé n’avait plus ses parents.

Après venait l’arrière garde de la famille, les oncles et les cousins vous parlez d’un méli-mélo.

A partir du dimanche ce fut une tuerie au poulailler et au clapier les lapins n’en menaient pas large. Jean avait engagé un joueur de violon pour le bal et le convoi qui nous mènerait de la maison à la mairie et à l’église. Mon futur m’ offrit un petit anneau de cuivre. Le jour dit tout était prêt, victuaille, vin, musiciens, la grange était décorée et moi j’avais revêtu mes plus beaux habits, une robe bleue, un tablier blanc et une coiffe toute neuve, mon homme lui avait un pantalon neuf, un gilet et un beau chapiau.

 

Le 10 mai à 10h nous nous présentions devant le Maire, Monsieur Aujard, échange des consentements, rappel des droits et des devoirs et signatures. Enfin pour les paraphes ce fut rapide je ne savais pas lire et mon mari non plus. Nos témoins furent Poiroux jean Louis, laboureur et Jean Letard maçon, pour mon mari et Poiroux Pierre mon grand père et Pierre Barreau mon oncle.

Je tiens à préciser que Jean Louis Poiroux n’était pas mon vrai grand père,il avait simplement était  marié  à ma grand mère Marie Rose Tallier, la mère de ma mère.

La noce se dirigea ensuite à l’église où nous fumes bénis. Tout le monde avait hâte de passer à table, quel beau repas, danses, chansons. En fin d’après midi les hommes étaient fort chauds et mon mari plus que tous les autres. Certains finement lui disaient qu’il n’allait pas pouvoir dépuceler sa belle, lui rigolait en répondant des mots fort crus que je ne répéterai pas.

Bon je passerai sur le repas du soir, il faut maintenant que je me donne à mon mari. Comme je vous l’ai déjà dit nous étions allez fort loin dans les jeux de l’amour, mais j’étais encore vierge et je redoutais ce moment.

Pour cette nuit qui se devait d’être idyllique,nous avions la métairie pour nous. A la chandelle j’ai retiré ma robe et je me suis glissée dans les draps, mon Jean m’a rejoint en gardant également sa chemise. Il fut en vérité très pressé et les caresses furent un peu brusquées, il allait bien falloir que je m’habitue au caractère hussard de mon mari. Il força l’entrée me fit mal et je marquais les draps de ma virginité perdue. Heureusement sa forme était médiocre et je le vis se retourner sur le coté pour dormir. Sa vanité le réveilla et délicatement me dit qu’il fallait remettre le couvert. Bon ce ne fut pas meilleur que la première fois mais cela laissait présager quelques améliorations.

Le lendemain le réveil fut donné par les jeunes de la noce qui nous présentèrent un pot de chambre remplit d’une mixture sensée nous redonner de la vigueur, évidement un idiot de cousin retourna les draps pour apercevoir le fruit de ma défloration, j’en étais honteuse mais Jean lui en était très fier.

On reprit le repas et les danses, avec un peu moins de vigueur que la veille.

Voila j’étais madame Proux et on s’installa à la Crépaudière avec les parents et mon frère Eugène. En plus nous avons engagé une domestique nommé Gazeau Magdeleine.

 Je n’y étais plus en tant que servante mais comme fille du patron ce qui en fait était exactement la même chose, nous les femmes nous étions toujours la bonniche de quelqu’un

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