1851, Alentours du Moulin du Beignon
Famille Guerin, Tessier
Charles Guerin n’eut pas l’opportunité de revenir avec son beau père car ce dernier vaincu par la maladie s’éteignit à l’age de 60 ans, il fit donc le voyage seul et retrouva la meunière et son fils.
Non pas que la glace fut rompue mais l’appât du gain resserrait les liens, ils cherchèrent et cherchèrent encore, creusant, soulevant et fouillant, rien n’y fit, la meunière qui avait vu la scène de loin ne pouvait situer l’endroit avec précision. De plus la végétation avait tendance à prendre le dessus. Après une journée de recherche on décida qu’il était vain de rechercher encore et encore cette aiguille dans cette vaste meule de foin.
Famille Caillaud
Le Joseph Caillaud n’eut pas de nouvelle de Jean Epaud contrairement à ce qu’il s’était imaginé, lui aussi retourna sur les lieux, il n’osa guère s’aventurer, les yeux de la jeune fille l’avaient suffisamment marqué. Un jour quand même il crut approché du but mais de loin il vit que d’autres creusaient à proximité. Il ne revint plus mais transmit les informations à sa jeune fille Rose, elle en ferait ce qu’elle voudrait. Il n’avoua tout de même pas le massacre des soldats par son père. Rose n’eut donc que des renseignement tronqués.
Famille Epaud
Le Jean Epaud n’avait en fait que très peu d’information à fournir et il ne s’était jamais risqué à en parler à quiconque.Il avait bien enterré autrefois un coffre cela ne faisait aucun doute et il se rappelait aussi la forme très particulière du gros rocher qui avait servi de sépulcre à leur argent. Il le reconnaîtrait entre mille si seulement il avait quelques notions de l’endroit où il se trouvait. N’ayant que peu d’éléments et d’ailleurs ne voulant pas remuer de vieux souvenirs anciens. Ils avaient quand même tué des soldats de la république certes pour se venger d’un massacre mais en vieux chrétien qu’il était il avait scrupule à dévoiler les tréfonds de sa conscience.
C’est pour cela qu’il n’avait pas contacté Joseph Caillaud, fils d’un de ses compagnons.Depuis il était mort mais avait quand même transmit son secret à son fils Victor qui lui l’avait sans scrupule dévoilé à son tour à l’ensemble de sa fratrie. La petite Rose ancra ces faits au fin fond de son cerveau, puis tout le monde oublia les fantasmes du vieux.
Famille Cloutour
Ce secret dans un autre bourg était également véhiculé, à Grosbreuil le vieux Jacques Cloutour en avait parlé à son fils Pierre avant sa mort puis Pierre avait raconté tout ce qu’il savait à son fils Pierre Aimé. Mais tout ce qui se transmet oralement s’ enjolive et la réalité s’estompe. Jacques n’était jamais retourné sur les lieux que d’ailleurs il connaissait à peine, il avait peur des sanctions et gardait un fort mauvais souvenir des morts de la métairie qui venaient le hanter chaque nuit. Pierre le fils s’en foutait comme pas un et ne fit jamais mine de tenter la chasse au trésor. Pierre Aimé jeune et n’ayant rien d’autre à faire fut tenté par l’aventure et traîna au Beignon une paire de fois. Mais il avait croisé une fois une vieille qui lui semblait à moitié folle , puis une autre fois une femme déjà mure avec des yeux vraiment bizarres et la dernière fois le meunier avait tiré en l’air avec son fusil. Il avait alors lâché l’affaire et c’était promis de ne jamais y retourner
Famille Ferré
Jacques Ferré était mort sans être retourné sur les lieux de son crime, car pour lui, même si c’était une guerre, il en avait gardé comme un traumatisme et ne s’en était jamais remis. De cela et de la vision des trois femmes sacrifiées qui impudiquement offertes à ses regards avaient modifié la vision qu’il se faisait de la gente féminine. Jamais plus il n’avait goûté au charme de son épouse, un blocage somme tout humain qui lui avait gâché le restant de son existence. Il en avait quand même parlé à son fils Pierre qui ni croyant qu’à moitié ne s’en était pas soucié le moins du monde. Sauf qu’à chaque fois qu’il passait devant le Beignon un sursaut de croyance en l’histoire de son père ressortait et il en venait à rêver d’or et d’argent. Mais ce n’était que songe et il pressait le pas comme pour exorciser l’envie de posséder de l’argent qui ne lui appartenait pas.
Lui aussi rapportant cette légende familiale en avait parlé comme on transmet une légende familiale pendant une veillée. Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd François qui n’avait guère d’information fut aussi piqué par le désir d’aller fouiner dans le dédale des sentiers du domaine des moulins, si il ne fit pas de mauvaise rencontre il rentra comme les autres chercheurs de trésor bredouille et perplexe.
Le trésor efficacement enfoui, échappait à ceux qui l’avait volé, les antagonistes de l’affaire étaient morts, seule restait la petite suppliciée qui avait échappé au massacre, transmettant son secret et ses traumatismes à sa fille puis à son fils. Elle allait bientôt rejoindre au paradis ses parents et ses deux sœurs.
Tout avait donc concouru pour que personne ne récupère l’argent, nos vendéens aussi prompts à combattre qu’à fuir n’avaient pas réussi à dépasser leur peur. Ils croyaient aux fantômes et aux revenants et avaient une sainte peur de la justice humaine.
L’argent des soldats de la république échappera t’ il toujours aux fils de ceux qui les ont combattus ?