23 septembre 1846, commune d’Aubigny
Marie Anne Tessier
Moi j’avais bien cru le perdre mon homme lorsque mes parents avaient pris la décision de partir sur les Clouzeaux pour prendre la métairie de la Gautronnière.
Je n’avais pas envie de ce changement je fis ma tête de mule ne mettant aucun empressement, mais il fallait obéir. Puis nous nous sommes revus, ma nouvelle commune n’était après tout pas très éloignée de l’amour de ma vie.
Nous arrivâmes à la mairie, le village nous avait salué comme il se doit, Leandre Tireau le maire nous attendait sur le pas de la porte.
Quelle solennité, avec Charles on se plaça devant, nos témoins et nos parents sur la rangée de chaises du devant.
Le maire nous fit son discours, je ne compris pas tout sauf que j’étais liée à mon mari, que je lui devais obéissance.
En fait je passais de la tutelle de mon père à celle de mon mari. Ma mère la veille m’avait dit, t’inquiète pas, ton père tu ne pouvais guère le manipuler, pour ton homme tu auras un sacré moyen de pression. Je ne t’en dis pas plus tu le découvriras par toi même. Je crois que j’avais compris mais pas encore à quel point.
J’étais donc mariée en vertu du code civil, à la vie à la mort, nos témoins étaient Augustin Gilbert le beau frère de mon mari et Pierre Chiffoleau un ami, les miens étaient mon frère Jean et mon oncle Charles.
Pour les signatures se fut vite fait, il n’y avait que Jean et Pierre Chiffoleau qui savaient écrire. Le maire évidemment valida le document d’une plume pas très assurée.
Bon pour la société civile nous étions mari et femme, ils nous restaient à nous présenter devant notre seigneur.
J’étais encore plus émue qu’à la mairie, le père Pelletier nous fit une belle cérémonie, expliqua que je me devais à mon mari et il nous envoya un petit sermon sur la nécessité de se présenter vierge à son mariage. Je crois que j’étais rouge comme un coquelicot et j’entendis mon frère qui ricanait en disant que mon pucelage je l’avais oublié dans un bois.
Je trouvais la société fort injuste en la matière, les hommes pouvaient soulever tout les cotillons qu’ils voulaient, ils passeraient pour des mâles viriles. Nous autres à la moindre incartade nous étions des catins.
Les parents de Charles avaient fait ça bien, un superbe banquet, nous avons festoyé comme jamais, mes parents s’étaient chargés de la brioche traditionnelle, elle faisait bien deux mètres,nous l’avons entourée et danser autour.
Au bout de quelques heures les hommes étaient saouls comme des cochons, ils entonnaient des chansons paillardes en tapant sur la table. Nos père étaient déchaînés, les femmes faisaient la noria avec des cruchons pour abreuver les soiffards
Ce fut l’heure pour nous de partir, nous avions une chambre rien que pour nous dans une métairie voisine. Nous nous devions de profiter de cette solitude, car dans notre futur il n’en serait plus question.
Nuit de noces sommes toute bien symbolique, mais première nuit officielle, sans que nous ayons à nous cacher, à craindre d’être surpris. Nous pouvions faire ce que nous voulions. Moi dans l’instant je voulais desserrer l’étreinte de ma robe qui me comprimait le ventre.
Avec Charles nous avions fait l’amour plusieurs fois mais jamais nous n’avions dévoilé nos corps nus entièrement. Je crois que je perdis ma virginité une deuxième fois quand Charles me demanda de me déshabiller entièrement. Heureusement il faisait nuit et il ne me voyait qu’à la lueur de la chandelle. J’étais gênée et de plus mon gros ventre saillait tel un rempart, mes gros seins qui n’attendaient que la délivrance des futurs tétées s’étalaient comme vallon bocager.
Je vis aussi mon homme tout nu, musclé mais la cuisse assez courte, le torse puissant couverte d’une épaisse jungle. Et puis je vis son sexe qui me paraissait énorme à la lumière trompeuse de la bougie
Je ne l’avait point vu lors de nos ébats et cela me fascina.
Nous eûmes immédiatement un problème de consommation, mon ventre était énorme comme je vous l’ai dit. Comment faire, Charles me demanda de me retourner. Je ne m’attendais pas à une telle demande, je n’étais pas préparée à cela. Je n’étais pas une chienne, une génisse ou une pouliche que l’on monte. De plus dans les bribes de conversations féminines que j’avais entendu au lavoir, à l’étable ou bien même dans la cuisine entre ma mère et mes tantes cette position était proscrite par l’église. Pourquoi je n’en savais rien et sûrement que le curé non plus d’ailleurs. Que faire, devoir de désobéissance à l’église, devoir d’obéissance envers mon mari, un dilemme se présentait donc à moi dès ma première nuit conjugale. Je finis par suivre mon envie en jetant tous ces interdits idiots, mon dieu que ce fut divin cette transgression.
Le lendemain nous eûmes droit au tohu-bohu traditionnel, la jeunesse de la noce vint nous réveiller et nous fit boire une espèce d’horreur dans un vase de nuit, c’était bon enfant malgré les allusions paillardes sur la virilité de mon homme et sur la jouissance que je pouvais en tirer. La fête continua toute la journée et quand le soir vint nous étions tous heureux de prendre du repos.
Ce fut mon premier soir à l’auroire, je connaissais la promiscuité avec mes parents, mes frères et sœurs maintenant c’était la proximité avec mes beaux parents, mes beaux frères et belles sœurs et je vous garantis que ce n’était pas la même chose.
A l’auroire vivaient donc mes beaux parents, mes trois belles sœurs, Louise, Marie Anne, Rosalie. Il y avait aussi Augustin Gilbert mon beau frère et veuf de la sœur de Charles avec son petit garçon de 9 ans.
Nous avions un peu de problème de place, les vieux étaient près de la cheminée dans la pièce principale, en face un autre grand lit avec les deux filles. Il y avait une autre pièce avec la dernière petite et le petit Auguste Gilbert.
Le veuf et le domestique dormaient dans l’écurie.
Nous on nous installa avec les deux jeunes, mon dieu que j’étais gênée, car pour sur les rideaux étaient opaques et visuellement on était tranquille, mais pour le reste !!
Le premier soir Charles voulut profiter de mes charmes, normal me direz vous mais il fallait que je fasse abstraction de Rosalie qui avait quinze ans et qui savait pertinemment reconnaître les bruits de l’amour. Je ne pus rien faire, complètement coincée, de plus j’avais une envie pressante et j ‘étais bien obligée de sortir de mon lit en chemise pour faire sur le pot de chambre. J’eus l’impression que toute la maison m’entendit pisser, quelle humiliation.
Mais on s’habitue à tout et au bout de quelques jours ma timidité était vaincue, je faisais comme tout le monde. Pour les câlins ce fut différent j’étais tellement grosse que Charles ne put bientôt plus me toucher.