1800, Quelque part près de Sainte Flaive des Loups
Six ans étaient passés depuis la grande catastrophe, la Vendée militaire n’était plus, matée, massacrée, annihilée. Après quelques victoires, quelques actes héroïques des échecs survinrent, Nantes, la virée de Galerne, Savenay. Les grands chefs rejoignirent poussière la terre de leurs ancêtres, seuls quelques groupes continuèrent le combat, désespérés, comme presque inutiles. Les colonnes de Tureau avaient violé la Vendée, avaient violé les Vendéennes, détruit les fermes, coupé les vergers, volé , pillé.
Le souvenir de cette épopée glorieuse était encore frais, tout était à reconstruire, il manquait des bras pour les champs et il manquait des reins pour les femmes, afin que de leur ventre violé ressurgisse une jeunesse industrieuse, laborieuse et fière de ses ancêtres.
Pierre Guerin et Jean Tessier arpentaient les alentours du moulin du Beignon depuis un long moment, examinant et essayant de se souvenir. Ils étaient pourtant surs tous les deux de l’emplacement.
Ils connaissaient comme leur poche cet endroit, les arbres, les chemins, les maisons. Je suis sûr que nous sommes passés par là, les patauds on les a trucidés par là, et puis la métairie avec ces pauvres gens massacrés elle est bien la haut.
Jean n’en n’était plus très sûr, six ans étaient passés, un moulin était un moulin et celui ci n’avait rien de très remarquable, quand à la métairie détruite oui cela pouvait être un indice probant, mais des fermes brûlées avec des innocents massacrés ils en avaient croisées d’autres.
Non vraiment rien n’était sur.
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Jean, tu crois qu’on aurait du revenir plus tôt
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sûrement pas, les souvenirs sont trop frais
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trop frais pas sur, regarde on se souvient pas de l’endroit où on a mis ce foutu coffre.
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Oui tu as raison mais continuons de chercher.
Nous étions la tête dans les ronces quand une jeune femme nous interrompit
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Bonjour, que cherchez vous
Pierre et Jean furent stupéfaits et demeurèrent pétrifiés.
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Je suis du moulin du Beignon.
Les deux hommes les bras ballants ne purent proférer un seul mot, blancs, décomposés, apeurés comme après avoir vu un fantôme ou la dame blanche.
Pierre se ressaisit et détailla l’apparition, les images se confondaient, il la voyait assise le long du mur, même beauté froide, même regard aux yeux bleus couleur d’azur.
Poursuivi par son cauchemar Pierre voyait maintenant la paysanne qui lui était apparue complètement nue, une sublime poitrine, lourde, sensuelle.
Effrayé, ses yeux se portèrent sur le ventre de la métayère, un magnifique pré en forme de triangle, herbes brunes frisottantes, à la fois défense et invitation. Au dessus béaient des entrailles, le ventre ouvert, les boyaux libres qui semblaient chanter à chaque respiration de la belle.
C’en était trop, Pierre se retourna et s’enfuit en courant, Jean se dé-statufia et en fit de même. En une fuite éperdue, les deux hommes comme poursuivis par quelques démons détalèrent. Longtemps ils coururent, enjambèrent barrières, sautèrent des fossés, ne s’arrêtant que pour mieux repartir de plus belle.
Jean le premier s’effondra, Pierre revint vers lui, nom de dieu de nom de dieu. La morte à l’enfant était revenue, duègne protégeant son trésor.
Chez les vendéens le fantastique côtoie souvent le réel, les fées, les galipotes, les farfadets se mélangent aux saints des églises. Les apparitions sont fréquentes, les morts souvent reviennent pour montrer le chemin aux vivants.
Jean Tessier et Pierre Guerin tremblants et penauds rentrèrent chez eux, ils avaient maintenant la certitude de ne pas s’être trompé de moulin, mais du chemin creux et des rochers où croupissait encore le trésor qui peut être pouvait les faire changer de condition il n’en n’avait pas trouvé trace.
Les deux hommes se jurèrent aussi qu’ils ne retourneraient jamais en cet endroit maudit.
A quelques mois près au même endroit
Jean Barreau 44 ans métayer à l’ Auzaire sur la commune de La Chapelle et son fils Pierre 17 ans, se dirigeaient d’un pas sur et déterminé vers le moulin du Beignon.
Les ailes blanches majestueuses tournaient au vent. Le bâtiment semblait plus neuf que dans le souvenir de Jean. Les pierres blanches immaculées reflétaient les premiers rayons du soleil naissant.
Le bois des bras du moulin paraissaient sortir de chez le charpentier.
Le père et le fils s’attardèrent un moment et partagèrent un frugal repas. Un quignon de pain, un bout de lard, un petit chèvre frais et une lampée d’un vin aigrelet tiré des vignes de la métairie.
Jean avait longtemps hésité à venir ici, à revenir ici pour être plus précis. Il lui semblait maintenant qu’il était plus que temps de venir récupérer son dû. Il tremblait que ses acolytes d’autrefois soient déjà passés. Il se rappelait leur visage leur prénom mais déjà leur patronyme s’effaçait. Ce n’avait été que comparse d’un jour, aucun lien avec eux, sauf les républicains tués et le trésors enterré.
A ce propos, il n’était pas très sûr de lui, ils avaient tellement été secoués et surpris par l’arrivée du gros des troupes républicaines qu’il ne savait pas combien de temps ils avaient couru et le temps qui s’était écoulé avant d’abandonner le coffre.
Sûrement qu’à plusieurs ils pourraient plus facilement s’y retrouver, mais voilà il ne tenait pas spécialement à partager et de plus il ne les avait jamais revus.
Il avait tout raconté à son fils, sauf l’épisode de la métairie. Il avait déjà 44 ans et à cet age il pouvait arriver n’importe quoi, l’information se devait d’être transmise.
Le Pierre était excité comme une puce, les occasions de sortir de son champs étaient rares et chasser le trésor encore plus
Les deux hommes entrevoyaient la richesse sans se soucier des conséquences, même après l’ensemble des amnisties clamer la mort d’un groupe de soldats et la récupération d’or appartenant à la république pouvaient être assez difficile à négocier.
Sur le point de commencer méticuleusement les recherches, l’attention des deux hommes fut alertée par la venue d’une enfant.
Jean lâcha son sac de surprise et dut s’asseoir.