ÉTUDE SUR LES DÉPLACEMENTS D’UNE FAMILLE PAYSANNE EN VENDÉE AU DÉBUT DU 19EME SIÈCLE

 

 

Autrefois dans les campagnes, tout était affaire de famille, les naissances avaient lieu à la maison et les femmes aidées de la matrone ou de la sage femme accouchaient leurs sœurs, leurs filles ou leurs petites filles.

Les mariages étaient comme on le sait un contrat entre deux familles ou l’intérêt se trouvait souvent mis en avant. Des histoires d’amour heureusement s’y glissaient parfois.

Les morts étaient veillés par la famille et on trépassait dans son lit entouré des siens. Tout se faisait en commun, les repas, la lessive, l’amour ( à l’abri des lits clos ) dans la pièce unique.

Les paysans gardaient leurs vieux, qui d’ailleurs restaient chefs de ménage et les fermes comptaient toujours trois générations sous leur toit.

La mobilité était réduite, mais mus par la recherche du travail, les paysans se déplaçaient sensiblement.

Les mouvements se faisaient en famille et c’est l’une d’entre elles que nous allons suivre maintenant.

Nous sommes en Vendée à la fin du 18ème siècle et nous rencontrons le nommé Pierre Luc Martineau.

Géographiquement nous nous situons à l’ouest de la Roche Sur Yon, dans le canton de la Mothe Achard, c’est un pays bocager à l’habitat très dispersé.

Pierre Luc est donc né en 1761 à Nieul le Dolent, nous ne connaissons rien de son enfance ni de sa jeunesse mais ses parents sont morts à Nieul donc nous pouvons y supposer qu’il y vécu .

Nous le retrouvons pour un premier déplacement sur la commune de Saint George du Pointindoux où il se marie avec une fille du village nous sommes en 1791.

Son lieu de mariage est à 12 kilomètres de son lieu de naissance ( distance maximum d’église à église ).

Son premier fils naît dans le village et malheureusement sa femme y décède rapidement.

Nous ne connaissons pas la date et le lieu exact de la mort car en ces périodes fort troublées par la guerre de Vendée les registres sont parcellaires.

Il se remarie dans le même village à une date toujours inconnue.

Mais leur premier enfant naît à Sainte Flaive des Loup en 1796 au hameau de la Jarrie, nous sommes à 7,9 kilomètres de Nieul le Dolent.

Puis retour à Saint Georges du Pointindoux pour la naissance du second en 1799.

Mais le mouvement ne s’arrête pas là car le 3ème enfant voit le jour à Sainte Flaive des Loups mais cette fois à la Grande Doucerie.

Toujours dans le même secteur, mais mobilité tout de même et qui correspond à une recherche permanente de travail dans un rayon de 12 km par rapport au lieu de naissance de Pierre.

Mais ce n’est pas terminé loin de là.

En 1813, la famille habite à la Petite Bénatrie sur la commune du Girouard, il semble que Pierre soit maintenant métayer,alors qu’il n’était que journalier jusqu’à maintenant.

Par rapport au lieu de naissance du dernier enfant, ils ont fait un bon de 8 kilomètres .

Le premier enfant nommé Pierre se marie en 1813 sur la commune du Girouard, François le second en 1818 et Jean Louis en 1822 également.

En 1816 toute la fratrie se trouve réunie sur la Grande Bénatrie au Girouard.

église du Girouard

Les parents, le couple du fils aîné avec une fillette et les trois frères y cohabitent.

Mais soit fin du bail ou autre raison vers 1822, la famille se sépare.

Pierre l’aîné avec sa femme restent sur le Girouard mais trouvent asile au Pays, ils n’y bougeront plus.

Pierre Luc l’ancien et sa femme Jeanne se déplacent maintenant à la métairie de la Bitaudière sur la commune de Grosbreuil. François et sa femme et Jean Louis et la sienne suivent le mouvement avec évidement le dernier de la famille qui n’est point encore marié

Le déplacement encore une fois est très court car il avoisine les 6  kilomètres.

Nous retrouvons donc dans une même métairie, un couple d’anciens, deux couples d’enfants et leur progéniture ainsi que les enfants non mariés du couple d’ancien.

Voila donc un schéma caractéristique d’une occupation trans générationnelle.

Mais la vie n’est point un long fleuve tranquille, l’un des fils meurt sans laisser d’héritier, sa veuve quitte la métairie et repart chez ses parents ( elle se remariera ) .

En 1830 nouvelle transhumance, pour le village de Sainte Foy, le vieux Pierre Luc prend avec ses fils Victor et François la métairie de la Guérinière. Encore un faible déplacement qui sera de 5 kilomètres.

Victor non marié y trouve rapidement une moitié qui évidement s’installe à la Guérinière.

Au cours des années qui suivront la Guérinière se remplira d’enfants, ceux de François et ceux de Victor dont nous étudierons les déplacements dans un prochain post .

Pierre Luc finira son itinéraire à la Guérinière en 1833 et sa femme Jeanne en 1836. Entourés des leurs, ils furent pleurés mais leur disparition libéra enfin un lit clos, car nous le verrons la descendance fut fort nombreuse.

Pour résumer

Nieul le dolent, 1761 naissance Pierre Luc Martineau

Saint George du Pointindoux , mariage, 1791

Saint George du Pointindoux, naissance troisième enfant, 1799

Sainte Flaive des Loups, La Grande Doucerie, naissance 4ème enfant, 1803

Girouard, la grande Bénatrie, 1813

Grosbreuil, la Bitaudière, 1822

Sainte Foy, la Guérinière, vers 1830 jusqu’ 1833

Pierre Luc ne s’est donc pas éloigné de plus de 15 kilomètres de son lieu de naissance.

2 réflexions au sujet de « ÉTUDE SUR LES DÉPLACEMENTS D’UNE FAMILLE PAYSANNE EN VENDÉE AU DÉBUT DU 19EME SIÈCLE »

  1. Les ascendants métayers se déplaçaient a priori régulièrement mais dans un périmètre restreint.
    Désaccord avec les bailleurs, recherche d’une ferme plus grande avec d’avantages de revenus à espérer ? Les baux pourraient éclairer sur ces déplacements.
    A bientôt pour la deuxième génération

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