Mr Laymond se mit en quête d’un nouveau métayer, il le trouva en la personne d’Étienne Villiot dit Roccaz. Laboureur de Saint Étienne de Cuines il est âgé de 66 ans et est l’époux de Claire Roccaz.
Les Villiot sont nombreux dans la vallée de la Maurienne, pour les différencier on leur donne des surnoms à savoir dans ce cas du nom de sa femme.
Il est déjà assez âgé pour prendre une métairie mais en tant que laboureur il possède des bœufs et une charrue.
On va le voir en ce 9 février 1833 le procureur Laymond est nettement plus gourmand que dans le bail précédent.
La durée est toujours de 9 ans avec faculté de résiliation au bout de 3 ans ou de 3 récoltes.
Pour l’année 1833, le cens ne portera que sur les prés et vergers, Villiot donnera donc 92 livres et 8 quartes de châtaignes.
Pour le reste le cens commencera à la Saint André ( 30 novembre ), mais l’augmentation est notable.
200 quartes de bled dont 125 de seigles et 75 de froment donc 50 quartes de plus que Genin.
132 livres en numéraire soit 52 livres en plus
10 paires de poulets
25 livres de chanvre taillé
1 quintail de paille de mais
12 douzaines d’œufs
12 quartes de châtaignes
2 sacs de pomme de terre
4 litres d’huile
la moitié des fruits sauf ceux du verger de devant la maison qui appartiennent en propre au métayer
Le tout est à livrer à la Saint André au domicile du propriétaire sauf les poulet et les œufs qui seront fournis pendant les vacances de la famille Laymond sur ses terres de Saint Étienne de Cuines.
Laymond se garde pour les vacances (les beaux jours ) la maison principale qu’il occupe avec sa famille.
De plus Villiot achètera à la Saint Martin pour le compte de Mr Laymond un cochon qu’il engraissera jusqu’à la Saint André ( à ses frais ).
Il devra encore 10 livres de beurre et 2 quintaux de foin.
Il devra encore élever une chèvre et deux brebis pour le compte du bailleur.
Il est précisé qu’il devra écheniller les arbres, les protéger avec des tuteurs épineux, labourer, ensemencer, réparer et entretenir les haies et enfin ramener de la terre dans les vignes (ce que l’on nomme enrayer) .
Laurent Laymond devenait exigeant, mais passe encore.
Par contre Barthélémy notre vieux laboureur, regimba devant les 10 journées de travail exigées cela devenait une vraie corvée seigneuriale . Claude Genin n’avait travaillé que 2 jours pour son propriétaire.
Là encore Barthélémy céda et apposa 3 petits traits en guise de signature sur le beau papier de vélin
Mais la collaboration entre les parties ne durera guère car 2 années plus tard le bail fut résilier
En effet le 2 mars 1835, le bailleur solda les compte en demandant 60 francs à Villiot, qui accepta et obtint de laisser ses bestiaux consommer les fourrages existants dans les granges jusqu’à la Saint Claude.
Par contre il dut fournir les bœufs et le bouvier pour les travaux de printemps y compris le transport d’engrais pour l’ensemencement et ce sous la direction de son successeur.
Quelles furent les causes de cette rupture prématurée, je l’ignore mais Laymond trouva derechef deux paysans qui acceptèrent les conditions draconiennes du métayage
Ceux ci habitants de la commune d’Avrillard se nommaient Isidore Mareschal âgé de 40 ans et marié à Jeanne Damps et Claude Damps père de la précédente, âgé d’environ 76 ans.
Les conditions furent strictement identiques au contrat passé avec Villiot, mais là encore Laymond en homme d’affaire augmenta le cens en numéraire très légèrement ( 5 livres ), celui de bled de 10 quartes et doubla sa demande de chanvre.
Le contrat fut signé le 13 mars 1835
Mais la valse des Métayers continua, le 15 janvier Laymond passa un bail avec Pierre Crosaz Blanc de la commune d’Hermillon, là encore rien de bien extraordinaire le cens est globalement identique aux précédents, mais sans doute pour occuper les temps libres de Crosaz il l’autorise à exercer le métier de teinturier à l’intérieur de la ferme.
Au bout de 3 ans, le 26 février 1841 le procureur reprit comme métayer le nommé Isidore Mareschal. Avec entrée en possession au mois de mai ou plutôt si Pierre Crosaz déguerpit avant cette époque ( dans le texte ).
On voit comment un propriétaire traitait ses métayers par ses quelques mots dédaigneux.
Isidore se fit rajouter un peu de travail car il s’engagea à niveler le terrain du verger et à creuser des mares pour en extraire de la marne afin de s’en servir comme engrais
Visiblement les parties ne s’entendirent guère car le 1 septembre 1843 Laymond résilia le bail.
Lui succéda le nommé Valentin Meunier qui se vit bailler la ferme à essai, cela ne dura guère car au mois de mars 1845, il était dehors et devait de l’argent à Mr Laymond. Meunier signa une reconnaissance de dette en avril 1845, en octobre Valentin restait encore débiteur de 43 livres et d’une mine de vin*.
Une mine contient normalement 78 litres, mais en matière sèche.
Mais la main d’œuvre ne manquait pas et Cyrille Covarel de la commune de Saint Étienne de Cuines prit les affaires en main des le 15 mai 1845.
Cyrille se maria le 25 novembre 1845 à Saint Étienne de Cuines avec Blandine Jamen et s’éteignit le 1er février 1890 dans cette même localité.
Lire le premier épisode