LE TESTAMENT DU VIEUX MILITAIRE, LES DERNIERS AMIS

 

Maitre Jean Eutrope Vanderquand pénétra dans l’enceinte de la caserne de l’abbaye aux Dames de la petite ville de Saintes.

Depuis quelques années , déserté par les saintes moniales l’endroit garde une sérénité toute religieuse, depuis 1792 les cloches descendues et les chants mélodieux des filles de dieu ne se font plus entendre.

Prison révolutionnaire et maintenant casernement, les hauts bâtiments interpellent par leur majesté et leur splendeur.

Le notaire Vanderquand connaît bien les lieux car pendant la période fort trouble de la révolution il a favorisé l’évasion du conventionnel montagnard Barère de Vieuzac de la prison de Xantes ( Saintes ). Administrateur et vice président du district il est un notable fort respecté.

Appelé en ce 6 fructidor An 8 de la république au chevet d’un vieux soldat qui l’a envoyé quérir pour la rédaction de son testament.

Il pénètre sentencieux dans une chambre où se trouve un groupe d’hommes, la plupart en uniforme, ils entourent un grabat où gît une forme qui semble humaine.

A l’arrivée du notaire , Jean Baptiste Pinton se redresse sur sa couche, empêché physiquement il conserve néanmoins tout son esprit et accueille avec plaisir son vieil ami le notaire.

 

Le notaire autour du lit trouve un aréopage de vieux militaires qui semblent monter la garde autour de l’un des leurs.

A la tête du lit Laurent Loyer vieux capitaine de 65 ans, il est l’ami de Jean Baptiste et capitaine en second de la 64ème compagnie de vétérans nationaux, troupe où est incorporée l’ensemble des militaires présents dans la chambre.

Cette compagnie de vieux grigous couturés de cicatrices , n’est évidement plus combattante, ils ont tous obligatoirement plus de 25 ans de service et sont chargés du maintien de l’ordre dans les chefs lieux de département.

A coté de lui un peu plus jeune le Lieutenant Pierre Vinsac et un peu en retrait derrière Michel Moreau qui est comme le testeur capitaine pensionné et retiré de la dite compagnie, il a 59 ans et célibataire il demeure rue Saint Palais.

Ce dernier fils d’un boucher de Saintes à l’insigne honneur d’être chevalier de Saint Louis, titre qui pendant la terreur lui a procuré quelques petits désagréments.

Dans un angle de la pièce en retrait, un autre ami nommé Jean Saint Cyre lui aussi capitaine retiré vivant en partie à Saintes et l’autre au bourg de Fonconverte où il fréquente sa future femme.

Après les officiers se pressent dans un coin , Jean Lafond qui est sergent, Charles Alricy aussi vétéran de la 64ème compagnie et Simon Rollin fusilier . Ces simples soldats plus connaissances qu’amis suppléent en vérité à l’absence de signature du principal intéressé. Ils sont en quelques sortes les garants de la validité de l’acte.

Jean Baptiste dans ses dernières volontés lègue l’ensemble de ses biens, droits et actions immobilières et mobilières à sa très cher femme Jeanne Françoise Leroux.

Maintenant qu’il était sur sa fin il se devait d’assurer une tranquillité matérielle à celle qu’il n’avait jamais cessé d’aimer.

Les sept hommes marquèrent de leur écriture cet acte d’amour, le notaire le valida par la sienne.

 

 

J’en termine maintenant avec l’ histoire extraite de ce vieux papier en concluant qu’il faut à tout prix conserver nos vieux grimoires pour en extraire leur quintessence et tenter de narrer la vie des anonymes qui composent nos arbres de vie.

 

Lire les deux épisodes précédents

https://pascaltramaux.wordpress.com/2018/03/09/le-testament-du-vieux-militaire/

https://pascaltramaux.wordpress.com/2018/03/12/le-testament-du-vieux-militaire-morceaux-de-vies/

 

 

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