Victoire, petite paysanne de 21 ans aimait tout particulièrement cette journée de la semaine.
Dans la grande pièce commune, nue jusqu’à la taille elle faisait sa toilette du dimanche. L’eau puisée au puits avait été chauffée dans l’âtre de la cheminée. Versée dans une bassine de fer blanc ces quelques litres serviraient bien pour l’ensemble du corps. Elle commença par le visage, frotta vigoureusement sa ferme poitrine puis sa sœur Marie lui nettoya le dos. Pour la toilette du bas, elle remonta son jupon et passa négligemment sur ses parties intimes. Il est vrai que seules les femmes de mauvaise vie étaient sales à cet endroit.
N’ayant dévoilée son anatomie que partiellement, elle revêtit ses plus beaux atours. Marie sa sœur se déshabilla à son tour et procéda de même, sauf quand toute impudicité elle se mit entièrement nue, Victoire se récria qu’une honnête fille ne se mettait jamais entièrement nue.
Une fois les deux filles prêtes, elles quittèrent la métairie pour se rendre à la messe. La ferme que tenait son père se situait au hameau du Beignon sur la commune de Sainte Flaive des Loups. Elles n’étaient pas seules sur le chemin qui les menait à l’église. De nombreuses paysannes en une sorte de procession s’acheminaient en devisant. Au fur et à mesure qu’elles arrivaient sur le bourg, rejointes par les filles des nombreux hameaux du village, elles formaient un groupe assez compact.
Victoire dont la piété n’était pas contestable aimait se rendre à l’office du Dimanche puis aux vêpres, elle n’était pas seule à piétiner d’envie de se rendre aux sermons du père Fumoleau, sa petite sœur Marie âgée de 17 ans en frétillait également d’impatience.
Elles pénétrèrent dans l’église et se placèrent du coté de la nef des femmes. Les hommes endimanchés et chapeaux bas étaient placés de l’autre coté de l’allée centrale. La messe commença, le curé et son vicaire officiaient, chacun recueilli les écoutait. Pour dire la vérité seules les mères étaient attentionnées, les filles n’avaient d’yeux que pour les garçons qu’elles jaugeaient d’importance.
Victoire depuis quelques dimanches n’avait que d’attention pour Barthélémy, il lui avait déjà posé la main sur l’épaule, l’avait déjà raccompagnée aux lisières du Beignon et ils avaient aussi échangé quelques baisers. Ils s’échangèrent un sourire, sachant qu’ils se retrouveraient à la sortie de la corvée paroissiale . La petite Marie avait quand à elle les yeux posés sur l’ensemble des garçons, elle verrait bien à la fin de l’office si un garçon se présentait.
Barthélémy Proux natif de La Chapelle-Achard a 27 ans en cette année 1881 il est employé chez Auguste Daviau à la métairie de la Primetière commune de Sainte Flaive des Loups. Il est gagé comme domestique de ferme. Un peu noceur, mais travailleur il est connu dans le village bien que n’y étant pas né.
Son père est mort et sa mère est remariée avec le métayer des Crépaudières sur La Chapelle, il a donc pas mal de frères et sœurs nés des deux mariages de sa mère.
C’est enfin la délivrance, Victoire sort avec sa sœur, leur mère reste en retrait avec les autres parents.
Barthélémy s’est éclipsé, mais Victoire sait où le rejoindre.
Pour Marie les choses se passent à merveille, un garçon lui pince le bras, elle résiste il l’attire de force vers lui, Marie ne résiste, cela vaut acceptation et elle suit son galant.
Victoire avec d’autres filles pénètrent dans le lieu de leur rendez vous, une grande pièce avec des tables et des bancs c’est le cabaret du village
Elle s’assoie à coté de Barthélémy et le patron vient leur servir une liqueur. Tous les couples font de même et bientôt chacun s’enlace, les corps se serrent et les bouches se mélangent. Victoire adore ces embrassades, son corps est tout à Barthélémy qui maintenant la caresse sans plus de façon.
Il est expert en ce genre de joutes et Victoire ressent des sensations encore inconnues. Il n’est plus que le temps de se mettre un peu à l’écart. A l’étage deux chambres sont à la disposition des clients, des bancs, des lits. En montant Victoire aperçoit sa petite sœur fourrageant avec ardeur la bouche de son galant. Cela lui rappelle sa première fois avec un garçon du bourg. Dans l’obscurité il est difficile de trouver place, l’après midi est déjà bien avancé et de nombreux couples sont à l’ouvrage. En se serrant un peu ils trouvent place sur un lit, pour le couple voisin les amours sont déjà à leur paroxysme. Ils ne s’inquiètent nullement de leur indécence, la robe de la belle est relevée et la main endiablée du jeune paysan s’ active quand à la main de la jeune effrontée elle a rejoint depuis un moment les antres de la culotte de son amoureux.
Au bout d’un moment Victoire et Barthélémy s’adonnent au même genre de plaisir.
Puis peu à peu la pièce se vide et les galants raccompagnent les belles à leur domicile. Marie a refusé que son amoureux du jour la ramène chez elle, il ne lui a point convenu, vivement dimanche qu’elle en essaye un autre. Barthélémy raccompagna Victoire au Beignon. Ils étaient quasiment promis l’un à l’autre, Victoire n’aurait pas accepté de se faire trousser jupon au cabaret si Barthélémy ne s’était pas engagé.
Ces cabarets Vendéens haut lieu des amours Vendéennes étaient un endroit où les amoureux se rencontraient sans contrainte. Un café, une liqueur, des baisers, des caresses et pour les plus en avance ou les plus délurés un jeu de stimulations réciproques.
Ce n’était pas un bordel et les couples n’allaient pas jusqu’au coït. Les hommes ne lâchaient en ces jeux que très peu .Leur semence et le plaisir étaient semble t’ il plus poussés du coté des filles.
J’ai tout de fois un doute sur le sujet et à ces jeux érotiques qui duraient des heures bien malin qui pouvait se retenir.
Là aussi nulle ambiguïté, comme dans les Pâtis et comme dans les chambres les parents étaient consentants. Cet érotisme de la jeunesse était pratiqué en attendant et la plupart des couples qui s’étendaient dans les chambres de cabarets se mariaient dans les mois qui suivaient.
Ouf la morale est sauve.
Puis au nom de l’inexorable moralité et de la pression des édiles ces lieux de perditions retrouvèrent un usage plus commun.
Mais il y a fort à parier que nos grands mamans se soient souvenues avec délectation des libertés de leur jeunesse.
Barthélémy Proux se maria avec Victoire Cloutour à La Chapelle-Achard le 26 juin 1883, la petite Marie se maria au même endroit avec Auguste Ferré , demi frère de Barthélémy le 05 juillet 1892.
Tous reposent en paix à La Chapelle Achard.
Très beau texte, avec un soupçon de grivoiserie, assez pour imaginer mes arrières grands-parents vers 1850. Merci.
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