Comme vous ne pouvez l’ignorer à la lecture de mon post précédent , il était de bon ton au 18ème siècle de posséder son bon sauvage.
Chaque officier, armateur, noble, bourgeois qui revenait des Îles ou des côtes africaines se mettait en peine de ramener la perle rare. Chaque bateau revenant à Lorient, Nantes, La Rochelle ou Bordeaux ramenait son noir, son négrillon, sa négresse, sa négrille ou son mulâtre.
Ces déracinés devenaient le plus souvent domestiques, perruquiers, cuisiniers, cuisinières, servantes et n’étaient nommés le plus souvent que par leur prénom.
Quand vint l’ordonnance royale de 1777 divers cas se présentèrent :
Le chevalier de Turpin officier de marine au port de Rochefort, représenté par un commis greffier Mr Avrard déclara deux domestiques à son service.
Un noir nommé André âgé de 22 ans natif de Saint Pierre de la Martinique venu en France sur le navire la ville de Renne commandé par le sieur Genevois en janvier 1777.
Une mulâtresse dite libre nommée Émilie âgée de 17 ans et native aussi de Saint Pierre.
Cette dernière est dite libre depuis l’age de 3 ans et a fait la traversée à bord d’une gabarre du roy amarinée à Brest.
La petite Émilie est baptisée et instruite de la religion apostolique et Romaine, c’est tant mieux pour elle.
Elle restera en métropole, André le noir sera renvoyé.
Étudions maintenant un autre cas
Monsieur Regnaud, conseiller du roi et son procureur en la Sénéchaussée déclare avoir en son service un noir nommé Hector arrivé de la côte d’Angola sur le navire le » Guerrier » de cette ville le 28 février 1773.
Il l’a fait baptiser et instruire comme de juste dans la religion apostolique et Romaine et même notre bon maître lui à fait faire sa communion. Puis bien sur il lui apprendra le métier de perruquier, à croire que tous les esclaves étaient bons dans ce service.
Notre bon conseiller précise que ce noir lui appartient et que cette déclaration lui permettra de le réclamer en cas d’évasion.
Vraiment un noir pouvait il s’échapper de chez son bon maître domicilié en les murs clos de La Rochelle, isolé, n’ayant vraiment rien de l’aspect d’un paysan Aunisien .
Ce jeune garçon qui en théorie devenait libre à son arrivée en métropole ne l’était certes pas, mieux loti que de travailler dans un champs de canne à sucre mais certainement moins bien que parmi les siens.
Continuons notre visite dans ces déclarations
Madame veuve Louis Ranson, bourgeoise déclare en cette fin de siècle ou brille de mille feux la culture française qu’elle a acheté de passage en la colonie de Louisiane deux esclaves féminins.
Le premier se nommant Louis et se trouvant être un mulâtre créole ( blanc avec noire ou l’inverse ) âgé de 26 ans et une créole nommée Magdeleine et native de Louisiane âgée de 36 ans.
Mais l’honneur est sauf puisqu’elle les fit baptiser et instruire dans la religion apostolique et Romaine.
Autre cas cocasse où le déclarant n’est autre que l’esclave lui même.
Antoine Monréal âgé de 72 ans déclare avoir été capturé sur les côtes de Guinée à l’age de 13 ans par un capitaine de navire dont il ne se rappelle pas le nom et qui faisait la traite des noirs.
A son arrivée il fut donné à Mr Pascault son armateur ancien député à la chambre de commerce, il resta à son service jusqu’à la mort de ce dernier.
Sa veuve voulut l’amener à Paris mais prétextant de sa vieillesse il désira rester à La Rochelle.
Elle le laissa libre et il vécut comme de bien entendu dans la religion apostolique et Romaine.
Je terminerai l’étude par la déclaration d’un autre esclave nommé Pierre Neptune 67 ans et capturé sur les cotes de Judas alors qu’il avait 14 ans par le capitaine Cadon commandant du navire Rochelais le » Saint Philippe ». Il servit son maître pendant 36 ans puis au décès de ce dernier passera aux héritiers.
Ne voulant pas s’encombrer d’un tel serviteur ou voulant le récompenser ils lui rendirent la liberté.
Contrat passé devant notaire le 7 mars 1749.
Pierre Neptune se maria le 1 mars 1756 avec Louise dite Lisette créole de la Martinique appartenant au sieur Valable négociant de la ville et arrivée en France en 1745. Le dit négociant lui ayant accordé la liberté.
Ils eurent 3 enfants maintenant décédés et vivent eux aussi mais c’est une condition sinéquanone en la religion apostolique et romaine.
La dite Lisette exerçant la profession de blanchisseuse et lui de tonnelier dans la paroisse Saint Nicolas (archive La Rochelle page 5/19 )
D’autre exemples se trouvent enfouis dans les registres de l’amirauté où chacun pourra puiser pour retrouver un de ses ancêtres, arrivés de façon un peu spécial dans notre beau pays.
J’ai vu à La Rochelle en 1775 le baptême de Jacques, nègre de Mr GOGUET (riche négociant)
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