
Les faits au Gué d’Alleré
Le 24 ou le 25 octobre je ne sais plus je suis arrivé au domicile de Breton, je me souviens bien de la maison.
J’étais assisté de cinq officiers et de quarante hommes. Nous étions en voiture et les hommes en camion.
Nous avons cerné le domicile de Breton puis pénétré à l’intérieur. Les hommes ont tiré dans les lustres et un peu partout. *
Pendant que j’interrogeais Breton, les officiers, Carsique, Deguitre , Babin et Leduc montèrent fouiller l’étage. La maison fut pillée et l’on emporta le tout dans les camions. Carsique trouva dans un sac, 5 000 000 de francs en pièces de 20 dollars en or.
Nous sommes repartis, moi j’étais devant avec un chauffeur dont j’ai perdu le nom, derrière sur la première banquette Breton était encadré par Carsique et Deguitre.
Sur la deuxième banquette se trouvait Babin et Leduc.
Arrivés près de Marsais la voiture tomba en panne, on s’engagea dans un petit chemin et je descendis avec le chauffeur pour voir la cause de la panne.
Les autres descendirent aussi, ainsi que Breton, ils n’étaient pas du même coté que nous et je ne les voyais pas.
J’ai entendu soudain des détonations et sur mon interrogation Carsique me dit que Breton avait tenté de s’enfuir.
Le corps de Breton était à un mètre environ des officiers qui n’avaient pas bougé , Breton n’était pas mort et le sous lieutenant Babin l’acheva d’une balle dans la tête.
Voila pour les faits, je n’ai jamais donné l’ordre de tuer cet homme et je pense que ce sont les autres officiers qui en ont pris l’initiative. Quand à l’or j’en n’ai jamais vu la couleur, Soleil l’aurait vendu à vil prix pour en distribuer l’argent aux familles de fusillés.
Beaucoup de précisions, mais encore beaucoup d’incertitudes. Les noms ne correspondent guère à ceux que les journaux mentionnent, excepté celui de Louis Carsique.
Deguitre pourrait correspondre à celui de Deguy qui lui même correspondrait à François Malle qui s’est tué en voiture à Saint George du bois le 23 février 1945.
Il est temps de conclure , les versions divergent toujours, les accusés Louis Casique et André Leblay soutenus par un comité d’obédience communiste maintiennent leur version d’une tentative d’évasion, les journaux et bien sûr Royer Roger ainsi que la famille en sont pour le meurtre.
Il sera difficile d’en sortir une vérité mais ce qu’on peut affirmer avec certitude, c’est qu’une guerre n’est jamais rose mais blanche et noire et qu’une victoire recouvre toujours une défaite.
Soyons sûr également que la disparition même temporaire d’une autorité, entraîne à tous coups des débordements. Il émergera toujours en période trouble des individus attirés par le lucre et par la puissance.
Des individus avides et sans foi ont certainement terni aux yeux de la population les actions les plus belles, mais rendons encore une fois hommage à ceux qui combattirent pour la libération de notre territoire.
Comme pour mes précédents textes celui-ci n’est pas clos et je le reprendrais avec plaisir si d’autres éléments me venaient. Je ne désespère pas de me procurer toutes les pièces du procès de 1954.
1 – Fort du Hâ, vieux fort de bordeaux 1454 – 1969 à l’emplacement actuel du palais de justice et de l’école de la magistrature.
2 – Faucon rouge, né vers 1930 , depuis 1953 se nomme mouvement d’enfance ouvrière.
3- Amilcar, Lieutenant colonel Jean François Robert Artaud né à Chalus dans la haute vienne en 1902, mort au même endroit en 1987
4 – la femme et les deux enfants de Breton étaient présents
5 – voiture, 301 Peugeot familiale rallongée
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