UNE ANNÉE DE LA VIE D’UNE FEMME, SEMAINE 52, Le final

Je sortis de la maison et je me dirigeais vers l’étable, les vaches meuglaient et attendaient leur délivrance. Je pris mon trépied et je commençais la traite. Le vide c’était fait en moi, il était parti, et j’allais pouvoir me consacrer à mes devoirs de femme mariée.

Mon ventre doucement grossirait, comme à la précédente grossesse, mes hanches s’élargiraient, ma poitrine opulente deviendrait très opulente.

Je souffrirais le jour de la délivrance et puis l’on recommencerait encore et encore.

Au rythme des saisons, au rythme des fêtes religieuses, mon existence se dévidera.

Puis je vieillirais , mes cheveux deviendront blancs, mes mains se tordront, je ne pourrai plus enfanter. Mon père disparaîtra et je ne verrais mes frères et sœurs que de loin en loin.

Mon mari sera peut-être encore de ce monde, mais je serai peut-être aussi veuve.

Mes enfants chapeautés par mes gendres et mes belles filles n’attendront que le jour de mon départ tout en espérant que je leurs reste, ainsi va la vie.

J’entendis du bruit, c’était mon mari, mon amoureux , mon amant, il tourna autour de moi comme il savait le faire, comme il aimait le faire.

Je me donnais à lui sur la paille chaude et humide, comme nous en avions l’habitude. Cela avait quelque chose de réconfortant, je me sentais en sécurité, il était moi, j’étais lui et ce, en dehors de tout ce qu’il pouvait faire et de tout ce que j’avais fait.

En guise de nouvelle il me susurra, tu sais la Céleste et bien elle est définitivement partie. On l’a vue sur la route qui mène au sable. Elle n’était pas seule, notre ancien domestique, ton petit protégé cheminait avec elle. D’après les dires, ils étaient drôlement proches et marchaient du pas des amoureux.

Cela ne donnera rien de bon deux domestiques de cette engeance.

Je sortis chaude et étourdie de l’étreinte de mon mari, un peu chancelante de la nouvelle.

Je remis de l’ordre à ma toilette, léger débarbouillage, un coup de peigne et réajustement de mon bonnet puis comme une seconde nature je me rendis à l’église pour entendre la messe.

A ce moment, tout me paraissait beau, ainsi va la vie.

FIN

Angélique qui est une ancêtre à la 6ème génération de mes fils Hugo, Nicolas et Florian est morte 18 ans plus tard en 1854 en la commune de Poiroux.

Elle a eu 5 enfants.

Elle ne devint pas métayère mais redevint journalière.

Stanislas, lui non plus ne devint pas métayer mais resta aussi journalier, il s’éteignit à Angles ( 85 ) en 1866, chez son fils aîné Pierre.

Antoine, mourut à l’age de 55 ans dans la commune de Poiroux en l’année 1868. Son épouse Marie Rose l’avait précédé dans la tombe en 1852 à l’age de 38 ans.

Ils ont eu 5 enfants dont deux montèrent à Paris et devinrent militaires dans la garde impériale.

Jacques le père, s’éteignit en 1852 dans la commune d’Olonne sur mer, il n’était plus métayer mais chaufournier. Il se remaria avec Marie Raffin en 1839 et ils eurent 2 enfants.

Marie, mourut en 1914 à Sainte Foy ( 85), journalière et veuve de Victor Aimé Martineau, elle est l’ancêtre direct de mes enfants . Elle a eu 9 enfants.

Thérèse, mariée en 1853 a vécu à Grosbreuil ( 85 ) où elle est morte en 1865 à 35 ans après avoir donné 4 enfants à son mari.

Quand à Aimé et Augustin je n’ai pu retrouver leur trace.

10 réflexions au sujet de « UNE ANNÉE DE LA VIE D’UNE FEMME, SEMAINE 52, Le final »

  1. Encore merci pour cette belle lecture dont j’attendais chaque épisode avec impatience .Angélique va me manquer .
    Bravo pour votre travail et merci pour votre partage .
    Sylvie

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  2. Je savais que c’était la fin mais ce qui m’a attristé le plus c’est le fait qu’Angélique et Stanislas ont fini leurs jours comme journaliers…pas métayers.

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  3. Quel plaisir de lire ce feuilleton à épisodes ! Il nous fait entrer et mieux comprendre la vie si dure de nos ancêtres… Les personnages, celui d’Angélique, sont si attachants !
    Merci !

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