La maladie continue d’avancer, les visites médicales se succèdent, la population commence à avoir peur et se méfie de son prochain. Le glas a retenti six fois en une semaine cela fait beaucoup pour un si petit village.
Le maire Raimon avise les autorités préfectorales à La Rochelle .
Le 6 juin c’est le foyer des Robin qui est touché et pour la première fois disparaît une jeune femme âgée de 28 ans. Ils enterreront donc cette jeune mariée qui la pauvre unie à son mari depuis à peine un an, n’aura pas eu le temps de faire des enfants . Étienne est effondré.
Le lendemain c’est la vieille Robin qui décède, fille du feu notaire Boutet c’est encore une vieille qui a fait son temps, mais les doctes messieurs craignent pour la jeunesse.
Rapidement les morts se succèdent , souvent par groupe familial, Marie Suire 70 ans suivie de près par sa bru Marie Rose Cornière 42 ans.
Les fossoyeurs travaillent maintenant à temps plein au petit cimetière. La question se pose, les morts sont ils encore contagieux et ne doit on pas craindre pour les habitants qui habitent au bord du lieu de repos?
Comme le docteur Jubin le craignait, il est appelé au chevet d’un nourrisson dès le 12 juin, mais hélas c’est trop tard Pierre Pinet 16 mois est le premier enfant à mourir de l’épidémie.
Sa maman Rose l’a veillé pendant les deux jours de sa maladie, mais rien n’y a fait, le petit ne gardait rien et le lait maternel dont il était pourtant vorace ne lui était d’aucune utilité car soit il le vomissait soit il le refusait. On l’entoura à l’ancienne d’un linceul blanc pour le porter en terre.
Le menuisier du village ne fournit déjà plus en cercueil.
Cela prend une autre dimension quand on craint pour les enfants, on n’ose plus sortir et une sorte de psychose frappe le village.
Pourtant il faut continuer de vivre, la moisson approche et les travaux dans les vignes requièrent beaucoup de main d’œuvre.
La liste des morts s’allonge et quand le mois de juin se termine, il y a 18 tombes supplémentaires autour de l’église, on a jamais vu cela dans le village et de mémoire d’hommes personne n’a souvenir d’une telle hécatombe.
Après les cabaretiers ce sont les boulangers du village qui sont touchés, ils inaugurent les morts du mois de juillet.
C’est le premier juillet qu’Emmanuel Gourdien vient déclarer la mort de son père François, les autorités sont surprises car la maladie d’un des membres de la famille avait été tue afin que la clientèle ne fuit pas.
Le maire engueule Gourdien mais le mal est fait, il n’y a plus à y revenir, que cela soit au cabaret ou au four du boulanger il y a toujours affluence et la propagation ne peut qu’en être accélérée.
Mais il semble y avoir un léger répit, les médecins prennent un peu de repos quoique cela soit relatif. Le docteur Potet est épuisé et s’interroge si il va pouvoir continuer ses visites.
Pour l’instant le mal semble être contenu dans le bourg, qu’en sera t’il si les hameaux viennent à être touchés.
Puis inéluctablement la série continue et la mort frappe chez les Moreau, Étienne 45 ans abandonne la partie pendant les travaux d’été mettant en péril l’économie familiale.
Mais est-ce la fin du choléra à Saint sauveur, le bacille semble faiblir et peu à peu le son des cloches lugubres s’estompe.
Mais ce n’était qu’un rêve, la faucheuse se déchaine, les familles s’enferment et se recroquevillent sur elles même .
En ce chaud mois de juillet, 14 personnes meurent des suites du choléra Morbus.
Emmanuel Gourdien le fournier a cette fois ci appelé Monsieur Potet, mais cela ne sauve pas pour autant sa fille Virginie âgée de treize mois.
Heureusement toutes les personnes touchées ne meurent pas, certaines sont plus solides, d’autres ont de la chance.
Les médecins tentent de lutter mais les sangsues, les saignées, les fumigations et le vinaigre ne sont que des palliatifs. Mais parfois miracle de la nature ou les deux conjugués les malades s’en sortent.
Puis il y a les recommandations sanitaires qui restent souvent lettres mortes. On interdit le rouissage, mais évidemment ceux qui en vivent ne l’entendent pas ainsi.
On préconise aussi d’éloigner les tas de fumiers des maisons, mais nom de dieu où les mettre, il faut bien qu’on jette nos déjections. Puis il y a le problème de l’eau, il ne faudrait pas qu’elle soit stagnante mais la Charre au mois de juillet n’est plus qu’un cloaque infâme ou tous jettent leur merde et leur pisse .
Les docteurs en ont également de bonne, nettoyer les murs, nettoyer les paillasses, voir les bruler, comme si on avait que cela à faire, les bleds n’attentent pas.
Il faudrait aussi qu’on éloigne les aliments des gens malades, oui peut être mais la aussi ce n’est point facile, car la plus part des villageois vivent encore dans des pièces uniques.
Puis la recommandations idiote par excellence, il faudrait qu’on se lave les pieds et les mains une fois par semaine, qu’on change de chemise et qu’on ne marche plus pieds nus.
Contrariant les coutumes et us villageoises les recommandations ne sont guère suivies d’effets.
Comment peut on demander à des gens qui n’ont pas l’eau courante de se laver régulièrement et de toutes façons avec de l’eau vraisemblablement souillée, de faire leurs besoins loin de la maison alors qu’ils n’ont pas de fosse d’aisance, d’éloigner les animaux alors qu’ils vivent avec.
Non vraiment ce sont des théories de médecins et de bourgeois des villes.
D’ailleurs on devine plus que l’on ne le sait que la bactérie Vibrio Choléra est une infection virale transmise par voie directe orale et fécale par ingestion d’eau et d’aliments contaminés.
C’est d’ailleurs le cœur du problème mais que peut on y faire.
CHOLERA MORBUS, Épisode 1, l’épidémie se déclare à Saint Sauveur d’Aunis
Vite vite les prochains épisodes c’est passionnant
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