En ce début d’année 1890 mon fils Charles s’éprit d’une petite souillon de Marolles en Brie, ouvrière agricole comme lui. Il avait noué une relation à l’ombre d’une meule de foin. Ils étaient follement amoureux et ne pensaient qu’à batifoler et accessoirement à se marier. Le Charles lui aussi avait échapper au service car le jour de son conseil de révision son frère Victor n’était pas revenu de son service, alors il en bénéficiait et pourrait facilement se marier au mois d’octobre.
A peu près au même moment le Charles m’expliqua que nous allions déménager, non de dieu comme cela sans prévenir, me faire quitter la présence rassurante et complice de ma belle Hermance, pourquoi?
Comme toujours les considérations financières se mettaient en travers de nos aspirations propres, une maison plus grande, moins chère et plus prés du lieu de travail de Charles. Je ne pouvais lutter et l’on se retrouva à Saint Lazare. Je pleurnichais pour rien car ce lieu n’était qu’à quelques centaines de mètres du bourg, une grosse ferme tenue par Lucien Duhouyer et sa femme Emilie. Un charretier se nommant Joseph Duval, une petite peste de domestique à la langue bien pendue et à la croupe engageante se nommant Clotilde et un berger suisse, inquiétant célibataire de trente ans s’appelant Joseph faisaient le personnel
Nous notre maison nous la partagions avec la vieille veuve Landrin de son nom de jeune fille Titou Marie thérese.
Cette présence étrangère dans mon univers me gênait, mais bon elle faisait partie des meubles alors on en prit soin.
Donc mariage en octobre au hameau saint Georges à Marolles en brie, Victor et Émile endimanchés furent les témoins pour Charles. Je me suis amusée comme une petite folle, j’avais un peu bu, danses, chansons, ripaille. Je m’étais trouvée un cavalier, l’oncle Mulot car mon bonhomme rond comme une queue de pelle était incapable de faire autre chose qu’à brailler des obscénité sur la virginité de sa belle fille et de tenter de toucher les fesses de la jeune serveuse. Alphonse puisque c’était son nom me serait bien d’un peu prés et si je m’étais laissée faire m’aurait prise dans l’étable comme une bonniche de seize ans. Il fallut que lui remonte les mains quelques fois car loi de la gravité elles retombaient toujours sur mon arrière train.
Bon ce n’est pas tout mais dès le lendemain Charles s’installa à Marolles avec ses beaux parents. La table de nos repas semblait s’agrandir.
Le Charles voyant ma tête dépitée d’un tel vide me dit en plaisantant » bon Victorine vient en que je t’en fasse un autre de môme ».
Qu’il ne fasse pas l’imbécile j’avais cinquante ans mais tachait encore mon jupon tous les mois comme une jouvencelle. J’avais d’ailleurs hâte d’être libérée de cette menstruelle corvée, non pas pour libérer ma sexualité mais plutôt que chaque partie de jambes en l’air ne se transforme pas en saillie.
Il me restait donc Joseph vingt ans, Marie quinze, Daniel huit et Gustave douze. J’avais donc de quoi m’occuper.
L’aîné travaillait avec son père et mis à part un petit procès pour jet de pétards n’avait pas fait trop parler de lui pour l’instant.
Il n’en en était pas de même pour Gustave qui faisait que des conneries mais j’y reviendrai.
Non la préoccupation de chaque mère était surtout tournée vers la jeunesse des filles. Marie était belle, grande, les yeux gris , la chevelure tirant sur le blond comme l’ensemble de la fratrie, une poitrine ferme et haute qui à n’en point douter ferrait défaillir les hommes et une paire de fesses à damner un moine. Sachant qu’elle était admirée la diablesse en rajoutait et je m’inquiétais . Pour l’heure la grande gueule de son père et les poings de Joseph chassaient les impétueux mais il était sur que cette douce péronnelle en chaleur attirerait inexorablement un jeune puceau, un vieux saligaud ou un ouvrier entreprenant à la langue bien pendue.
Nous étions donc deux femelles au foyer, certes la comparaison ne jouait plus en ma faveur moi je ne risquais plus grand chose. Mais bon comme toute fille avec sa mère elle me cherchait et parfois me trouvait. Je scellais son insolence par une paires de gifles et parfois son père lorsqu’elle n’avait pas forcement eut une conduite digne d’une jeune fille la menaçait d’une fessée magistrale le cul à l’air au milieu de la rue.
Il n’en n’était pas capable, elle le savait et en rigolait tout en se méfiant un peu quand même.
Elle avait très bien travaillé à l’école avait son certificat d’étude primaire et en récompense avait un un livre de prix, elle en était très fière de ce Jules Verne, un grand livre rouge qui vint trôner à coté de la sainte vierge et du général Boulanger . Ce n’était pas une fille de la terre et comme au village se trouvait de nombreux imprimeurs et papetiers nous lui trouvâmes un apprentissage chez un ces spécialistes des lettres. Ce qui nous rassurait c’est qu’une autre fille exerçait ce travail qui nous semblait exclusivement masculin. Décidément douée elle devint ouvrière typographe et s’émancipa en tous points de vue de notre univers de cul terreux.
Eh oui en travaillant dans une imprimerie elle changeait de monde, plus intellectuel, plus ouvrier aussi, ces hommes tous originaires de la terre et qui maintenant ne la travaillaient plus se teintaient légèrement de rouge ou même de noir.
Les hommes qui côtoyaient Marie s’opposaient vivement dans les bals où aux cabarets avec les ouvriers agricoles. Les uns tournés vers l’amélioration des conditions de travail et des salaires plus gros, les autres plus attachés aux traditions aux coutumes et qui ne pensaient qu’à une chose, acquérir une terre.
Les uns voyaient rouge les autres blancs. Ma petite qui prit rapidement les idées de sa nouvelle caste engagea des discutions endiablées avec ses frères. Cela finissait par des fâcheries, Émile et Joseph considéraient qu’une femme devait tenir son foyer se dévouer à son mari et rester éloignée de toutes réflexions sociales. Victor qui avait vu le monde comprenait sa petite sœur communiste et le disait que si elle mettait un pantalon et qu’elle pouvait pisser debout on la prendrait pour un homme.
Elle rageait, tempêtait et clamait qu’un jour les femmes voteraient et gouverneraient et qu’en attendant elle n’avait aucune peine à pisser debout et mettre une cotte de travail comme les ouvriers mécaniciens.
Moi je laissais dire et je laissais faire, ma crainte était de voir la belle s’enflammer pour un bel ouvrier et finir trousser dans une sous pente de Coulommiers ou dans un hangar de la papeterie de Pontcormolin. L’essentiel fut donc pour moi de lui préserver sa virginité, du moins pour quelques temps.
Oh! Quelle triste vie pour kes femmes…labeur; taches ingrates; considérées comme des procratrixes et encore comme des caches …Aucune plaisirs aucune douceurs pour celles qui tombaient mal avec mari violent nigaud buveurs ou le tout a la fois….je préfère on époque et je ne dois pas être la seule. Merci pour vos ecrits
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