LES VOLEURS DE BONBONS

 

Le 8 mai 1855 lorsqu’il entra dans la maison de correction d’Angoulême, Jean Barraud dressait fièrement la tête, toisant Mr Barré l’huissier de la prison.

Ce dernier blasé eut un petit sourire, des morveux il en avait vu passer, des fiers , des insolents, des goguenards , et des irrespectueux. Mais tous furent matés et ce chef de bande qui a encore du lait qui lui suinte du nez n’en serra pas l’exception.

Costaud mais de la taille moyenne de 160 centimètres, les cheveux blonds en bataille et des yeux d’un bleu translucide Jean du haut de ses 16 ans portait beau. Son visage plein plaisait aux pissouses de son quartier et les jeunes servantes portant le linge de leur maîtresse ricanaient sur son passage en prononçant des mots salaces.

Le beau sourire du gamin s’effaça lorsqu’une monumentale gifle s’abattit sur lui.

  • Enlève ta casquette en ma présence
  • Et donne moi ton nom
  • Barraud Charles Jean
  • tu rajouteras Monsieur où je t’en recolle une autre.
  • Oui Monsieur
  • Nom et prénom de tes parents
  • Jean et Anne Nadeau
  • Ta date de naissance
  • 7 février 1839 à Angoulême quartier des Boulettes.
  • Et tu fais quoi à part voler?
  • J’suis charpentier, comme mon père.
  • Ton père c’est un voleur aussi.

A cette évocation Jean serra les poings, son père était sacré.

  • Bon maintenant fous toi à poil que je te contrôle.

Jean avait déjà subit cette humiliation devant les pandores, il décida de se la jouer bravache.

Il ôta sa blouse bleu puis son paletot et son gilet de corps marron. Maintenant torse nu, le fier à bras hésita mais le regard de l’huissier lui fit comprendre qu’il fallait mieux obtempérer. Il quitta son pantalon de drap brun qui rejoignit en un tas sa cravate et ses souliers. Nu comme un ver il cacha son sexe avec ses mains. L’huissier n’en avait pas fini le règlement prévoyait la fouille à corps.

Lorsqu’il en eut fini le premier délinquant pleurait de rage et d’humiliation, Mr Barré en fut fort satisfait il n’aimait pas les petites frappes.

Jean Barreau doit rester 15 jours à se repentir de son larcin.

Ses complices lui emboîtent le pas et subissent le même sort, interrogation, déshabillage et doigté habile.

Tout d’abord le petit Blandail Jean, il n’a que 14 ans et se demande bien se qu’il vient faire dans cette galère. Il est né à Chateauneuf sur Charente non loin d’Angoulême ,ses parents André et Marie Verdaud ne sont pourtant pas des loqueteux. Le petit apprend le beau métier de relieur.

Son père lorsqu’il a connu son méfait a bien failli le tuer à coups de ceinturon . D’une taille moyenne de 155 centimètres, le poil châtain et le nez épaté. Il a prit soin de retirer sa casquette de drap chaude et évite ainsi une correction. Lui aussi à une blouse comme la plus part des ouvriers , elle est de coton violet, son pantalon est d’étoffe grise et sa chemise est en coton. Ses souliers sont neufs. Le jour du jugement il a écopé de la moitié de la peine de son copain Jean, quelle mansuétude de la part du juge sans doute attendrit par son age.

Le suivant qui se retrouve les fesses à l’air est Simon Marias, il est charpentier avec Barraud, une mauvaise graine de 17 ans fils d’un journalier sans le sou, il habite rue de Limoges dans une maison triste et sans confort, né à Angoulême le 9 avril 1838 il est petit car il toise à peine 150 cm, mais ses yeux gris durs et métalliques impressionnent et il ne se laisse impressionner par personne.

Il est l’instigateur du vol s’en vante devant le juge et se prend 15 jours.

Il est vêtu comme les autres, blouse, pantalon d’étoffe et souliers.

Chaudier Victor est maréchal ferrant et demeure aux Poncets dans la ville même, il a 17 ans et est né à Malaville le 12 décembre 1837, son père a exercé les métiers de tisserand et de tonnelier.

Portant fièrement ses 160 centimètres, les cheveux d’un noir profond il est vêtu avec élégance, casquette brune, gilet rond, pantalon de drap noir et gilet de dessous bleu. Autour de son cou une cravate de soie à petites raies rouges. Ses pieds sont chaussés de sabots. Lui aussi doit purger 15 jours de maison de correction.

Le dernier a se retrouver nu devant le gardien se nomme Colin Jules, il a le même age que les autres puisque né à Linars le 22 juin 1839, il vit rue de Saintes à Angoulême avec sa mère car son père n’est plus. Il exerce le métier de tisseur de toile métallique, c’est le mariole du groupe, toujours à faire rire.

Jules ,la goule couverte de tache de rousseur se permet quelques pitreries . Mr Barré lui fait comprendre que sa petite taille ne le protégera pas de ses codétenus concupiscents et qu’il arrêtera bien ses singeries entre des mains expertes.

Il n’a que 8 jours à faire, le juge lui ayant trouvé l’excuse d’être orphelin de père.

Nos lascars sont maintenant incarcérés, certes la peine est courte, mais était elle nécessaire, qu’avait bien pu faire cette bande de gamin pour encourir l’ire de la justice.

 

Quelques jours plutôt Barreau et consort avaient repéré en traînant leurs souliers dans le viel Angoulême une devanture bien affriolante. En vrai chef de clan Jean distribua les rôles, les plus jeunes ferraient diversion dans la boutique et le guet dans la rue. Lui avec Chaudier, Colin et Marias s’occuperaient du butin.

N’allez pas croire tout de même que nos voyous allaient s’en prendre à la caisse , non que nenni. Ces enfants de milieu très modeste ne furent attirés que par des fruits confits et des pâtisseries. Tous donc se mirent en place, les petits surveillaient et devaient siffler en cas d’arrivée impromptue de la maréchaussée et les aînés pénétrèrent dans la boutique.

La présence de ce groupe dépenaillé dans la belle boutique suscita un vif désarrois et une vive inquiétude chez les vendeuses. La patronne impassible à sa caisse montait bonne garde.

Pendant que certains faisaient mine d’acheter en hésitant les divines confiseries, nos malfrats en herbe commencèrent le pillage en fourrant le maximum de marchandises sous leur ample blouse d’ouvrier. La grosse boulangère en cerbère experte donna l’alarme. Les gredins s’enfuirent à toutes jambes. Sortant du laboratoire , le patron et ses ouvriers se lancèrent à la course derrière les voleurs.

Les plus jeunes, pieds nus ou en sabot se firent derechef rattraper. Ils furent remis dans les mains de la gendarmerie qui à force de taloches les fit donner leurs aînés. La justice fut rapide, les responsables furent arrêter, déférer puis juger.

Les peines allèrent de 15 jours à 8 jours et les plus jeunes furent en raison de leur age relaxés.

Jugeons que les temps ont bien changé, de nos jours les cols blancs qui volent des millions ne vont pas en prison et nos vendeurs de mort sont mis sous bracelets.

Au 19ème siècle des enfants qui volaient des bonbons ou des ménagères qui chapardaient un bout de pain était lourdement condamnés et emprisonnée ainsi va le temps ainsi va la vie.

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