Vendredi 24 janvier 1749, les cloches de la petite paroisse de Ségrie en la province d’Anjou résonnent d’un son lugubre. Le glas annonciateur du malheur répand la nouvelle de la mort de la jeune Anne Maulny.
Âgée d’à peine 28 ans la jeune femme est l’épouse au Jacques Leloup un bordager du village, elle ne s’était point remise de son difficile accouchement du 20 novembre 1748. Deux mois d’une longue agonie où la fièvre alternait avec des moments trompeurs de rémission. La petite Anne fruit de cette douloureuse expérience n’avait survécu que 20 jours.
L’infortunée fut portée en terre et Jacques se retrouvait seul avec un drôle encore à la mamelle. Trop jeune pour être sevré le petit Jacques, momie emmaillotée fut confié à l’opulente poitrine de sa tante Catherine Fresnay.
Cela ne pouvait qu’être provisoire et cela le fut.
Jacques aidé par son frère François établirent une liste des filles épousables dans la paroisse et tombèrent vite d’accord sur Louise Lebreton une accorte jeune fille de bonne réputation . Notre veuf s’en fut sur le champs demander sa main. La mère de la jeune fille veuve également crut un instant que le jeune Jacques lui demanderait de partager sa vie. Elle en fut décontenancée quand on lui demanda sa fille. Le parti n’était point mauvais elle accepta et un contrat scella la réunion des deux êtres.
Louise la mère et Louise la fille trouvèrent bien un peu que le Jacques était pressé, mais ma foi un homme de cet age ne pouvait rester seul et qui plus est avec un si jeune marmot. Elles ne furent d’ailleurs pas les seules à s’interroger sur une telle précipitation et le père Bodereau curé de la paroisse faillit s’étrangler dans son surplis.
Le bon apôtre se laissa convaincre mais dût obtenir une dispense de bans pour pouvoir les unir devant Dieu.
Les trois bans obligatoires depuis le 13ème siècle étaient des annonces faites aux prônes des offices qui précédaient le mariage. Cette mesure est faite pour empêcher les mariages clandestins et lutter contre la consanguinité. Le père Bodereau connaissant ses ouailles était certain qu’aucun lien de sang n’unissait Jacques et Louise, il obtint dérogation de deux bans par Monseigneur l’illustrissime et révérendissime évêque du Mans.
Et c’est ainsi que le lundi 17 février 1749 Jacques Leloup et Louise Lebreton furent unis devant dieu et en présence de tous dans les liens sacrés du mariage.
Vingt quatre jours ne s’étaient point écoulés entre la mort d’Anne et le remariage de son époux survivant. Le corps de la malheureuse n’était encore retourné en poussière que Leloup dévorait une jeune vierge.
Neuf mois plus tard naquit le premier enfant d’une longue série et le petit Jacques put passer des seins de sa tante à ceux de sa belle mère.
Jacques fit 12 enfants à Louise Lebreton entre l’année 1749 et l’année 1771. Cette mère féconde s’éteignit en 1783 à l’age de 54 ans.
Notre bordager qui n’avait que 63 ans se sentait encore vert et chercha une nouvelle compagne. Cela prit un peu plus de temps, il était bien vieux. Mais il y parvint et 13 mois après avoir porté en terre sa seconde femme il épousa une petite gamine de 28 ans sa cadette. Et croyez vous ce qu’il advint, lui vaillant et elle féconde ? Une petite fille arriva en leur foyer ils la nommèrent Françoise, rien d’original me direz vous car Jacques avait déjà nommé 2 de ses filles ainsi.
Jacques dans un ultime élan fit un dernier enfant. Pour clôturer cette jolie série de 16 enfants il le nomma Jacques. La boucle était refermée il avait 72 ans.
Il s’éteignit le 14 janvier 1797 en sa borderie de la Rougerie dans la commune qu’il n’avait jamais quittée, dans l’unité territoriale que l’on nommait maintenant le département de la Sarthe. Des 16 enfants, 8 lui survécurent et firent souches.
Chouette histoire et de réelles qualités de conteur 🙂
merci
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