LA VIE DE CHARLES BEAUMONT – UNE FAMILLE FORMIDABLE ÉPISODE 2

Charles était un homme maintenant  il assurait avec son beau père le travail dans les vignes comme ses ancêtres avant lui, aucune autre alternative ne s’offrait à lui.

Des recruteurs étaient bien passés au village pour embobiner quelques journaliers et les emmener se faire tuer pour les guerres de fin de règne du grand Louis, mais collé à sa terre, à ses vallons et ses coteaux, les sirènes de l’aventure ne l’avaient pas entraîné au loin.

Ses plus grands déplacements il les avait effectués à Provins pour y livrer quelques barriques. La ville était impressionnante, ceinte de hauts murs, entourée de profonds fossés et percée de portes où il fallait montrer patte blanche. L’activité qui y régnait ,tranchait avec le calme de Saint Loup Naud. Charles restait muet face aux hautes façades des maisons à pans de bois, sa petite maison où il s’entassait avec sa fratrie n’était que de torchis et de paille comme la majeure partie de celles de son village.

La lourde et immense façade de Saint Quiriace ombrait la place où Charles et son beau père livraient leur récolte. Charles préférait le portique de l’église de Saint loup mais il éprouvait de la fascination pour ce vaste édifice.

Provins était donc la capitale des Beaumont et leur univers restreint se bornait à Lizine, Longueville , et Sainte Colombe.

Le long 17ème siècle prit fin  » en 1715  » à la mort de Louis XIV, le pays était exsangue, mais rayonnait d’un soleil qui mettra longtemps à s’éteindre .

Charles perdit sa mère en 1710, son beau père intrus sur les vignes des Beaumont allait quitter le village avec ses 3 marmots Chapotot. De fait il se remaria à la mode d’autrefois très rapidement, mais resta sur Saint Loup et croisa encore son beau fils pendant 2 ans avant de partir sur Sainte Colombe avec le statut de nouveau veuf.

Quoi qu’il en soit, Charles gérait maintenant ses terres et se devait de trouver femme pour l’aider et arrondir éventuellement son petit patrimoine.

Il se choisit pour femme la fille d’un vigneron se nommant Nicolas Cordier, il ne pouvait en être autrement, les laboureurs du village ne se mélangeaient que très rarement avec ceux du coteau.

La future s’appelait Anne, elle avait 22 ans, fière et belle, elle ferait à n’en point douter une bonne mère, une bonne travailleuse et éventuellement une bonne amante.

Tout fut réglé sans problème particulier, pas de consanguinité rapprochée, les consentements des familles respectives obtenus et une accordaille devant notaire sur la nature de la dote. Les Cordier n’étaient pas riches, elle ne fut guère importante.

Le mariage eut lieu l’hiver 1717 le mardi 26 janvier, Nicolas Chapotot le beau père était présent ainsi que Charles Cordier le père de la mariée, de Paquier Corne le beau frère du marié et de Charles Cordier le jeune frère de la mariée.

La noce fut gaie et copieusement arrosée de la piquette du cru.

Charles découvrit les charmes cachés de sa femme au cours de la nuit de noces, elle était vierge et inexpérimentée. Lui, fort de quelques joutes tarifées avec quelques gueuses Provinoises prit l’initiative. Sa fougue ne lui permit pas de s’éterniser, mais jeune et vigoureux, il reprit plusieurs fois le chemin de la béatitude.

La noce terminée chacun reprit sa vie de labeur, le couple baignait dans le bonheur des eaux vives du ru du dragon.

1717, le régent cousin du Roi avait fait casser le testament du feu grand monarque par le parlement de Paris.

Les bâtards ne pourront régner, mais le parlement prit la grosse tête et pour le malheur de la royauté se crut autorisé à sortir de son cadre.

A Saint Loup de Naud, rien ne venait perturber la vie de Charles et d’Anne si ce n’est l’arrivée du premier enfant. Tous espèrent qu’un garçon viendra agrandir la famille, manque de chance  une petite femelle que l’on nomma Anne comme sa marraine, le curé Pouget intronisa la petite dans la communauté chrétienne, elle pouvait mourir tranquille son âme n’irait pas vagabonder.

Sage précaution, car elle mourut rapidement, Charles refit un enfant à sa femme, pourvu mon dieu que cela soit un petit mâle, eh non pas de chance, encore une fille, on la nomma Anne comme sa marraine, bis repetita. Cette petite née en 1719 vivra et fera de nombreux petits  » Mignot  ».

Heureusement Anne était féconde et le premier garçon arriva en Janvier 1721, il prit le nom de Cyr, joli prénom voulant dire seigneur et que porte bon nombre de petits vignerons du village.

Charles était donc comblé et la liste de la progéniture s’agrandira, Anne lui donnera 10 enfants.

5 garçons dont 3 feront souches et deviendront vignerons et 5 filles dont 3 se marieront avec des vignerons. Les autres enfants participeront à la forte mortalité infantile de l’époque.

Anne Cordier sans doute un peu fatiguée par une vie de labeur avec un ventre gros, alliant grossesses, allaitements, travaux ménagers, travaux dans les vignes, soins aux animaux et devoirs conjugaux rendit son âme à dieu à l’age de 63 ans en cette année de 1758.

Charles trop vieux pour un remariage finira sa vie au milieu d’une nuée d’environ 16 petits Beaumont survivants.

Ses trois fils, Cyr, Nicolas et Jacques accompagneront sa dépouille mortelle le 6 mars 1775.

Il faut croire que la piquette Seine et Marnaise donnait des forces car l’ancêtre né sous le règne de louis XIV mourut sous celui de son arrière arrière petit fils le mal nommé Louis Capet.

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